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Wikileaks : Manning reconnu coupable "d'espionnage", pas de "collusion avec l'ennemi"
Le 30.07.2013 à 19h28 • Mis à jour le 31.07.2013 à 08h29
Aux termes du verdict lu par la juge Denise Lind, Manning encourt cent cinquante-quatre ans de prison après avoir été reconnu coupable de plusieurs charges liées à la violation de la législation sur l'espionnage.
La juge militaire Denise Lind a déclaré, mardi 30 juillet, que Bradley Manning, la source de très nombreux documents publiés pas WikiLeaks, n'était pas coupable de "collusion avec l'ennemi", le plus grave des 22 chefs d'accusation contre le soldat de 25 ans, pour lequel il encourait la prison à vie. Le jeune homme a toutefois été reconnu coupable de plusieurs violation de la loi sur l'espionnage et de vol de documents.
Aux termes du verdict lu par la juge Denise Lind, Manning encourt 136 ans de prison après avoir été reconnu coupable de plusieurs charges liées à la violation de la législation sur l'espionnage. La peine sera fixée lors d'une audience ultérieure.
Lors de l'énoncé du verdict sur la base militaire de Fort Meade, près de Washington, le colonel Lind a indiqué que la phase du procès consacrée à fixer la peine commencerait mercredi à 9 h 30 (15 h 30, heure de Paris).
LANCEUR D'ALERTE OU "TRAÎTRE" ?Bradley Manning a reconnu avoir transmis quelque 700 000 documents militaires et diplomatiques au site WikiLeaks, lorsqu'il était analyste du renseignement en Irak, de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010. Il a notamment transmis au site Internet environ 250 000 câbles diplomatiques américains, des dizaines de milliers de rapports militaires sur les guerres en Irak et en Afghanistan, ainsi que des documents relatifs aux détenus de la prison américaine de Guantanamo à Cuba
.
Il a même plaidé partiellement coupable de dix chefs d'accusation, pour lesquels il risque un total de vingt ans de prison. Mais il avait plaidé non coupable des douze autres charges, dont celle d'avoir sciemment aidé Al-Qaida. Selon son avocat, les procureurs militaires avaient utilisé l'accusation de
"collusion avec l'ennemi" pour dissuader les lanceurs d'alerte potentiels de divulguer des informations secrètes.
Pour obtenir une condamnation sur ce point, l'accusation devait prouver que le jeune soldat avait, en toute connaissance de cause, transmis ces documents pour qu'ils tombent entre les mains de terroristes ou d'ennemis des Etats-Unis. Ce chef d'accusation était, de loin, le plus symbolique : lors de sa plaidoirie finale sur ce sujet, le procureur militaire Ashden Fein s'était exclamé :
"Votre honneur, ce n'était pas un lanceur d'alerte, c'était un traître.""UN NOUVEAU PRÉCÉDENT TRÈS GRAVE"
Wikileaks a immédiatement réagi, dénonçant ce verdict :
"Manning risque cent trente-six ans de prison pour les chefs d'accusation pour lesquels il a été aujourd'hui reconnu coupable. Dangereux extrémisme, en matière de sécurité nationale, de l'administration Obama.""Les condamnations de Bradley Manning comportent cinq chef d'espionnage. Un nouveau précédent très grave en matière de divulgation d'informations à la presse", tweete encore le site Wikileaks.
Julian Assange, le cyber-militant australien qui a cofondé Wikileaks, a dénoncé à plusieurs reprises le procès du soldat américain qui était poursuivi, selon lui, pour
"le crime de dire la vérité". Après l'annonce de ce verdict, Julian Assange a expliqué s'attendre "
à ce que l'affaire fasse l'objet d'un appel", après une condamnation
"absurde".
Une nouvelle fois, il a qualifié Bradley Manning de "
source journalistique la plus importante que le monde ait jamais eu", saluant son
"héroïsme incontestable".
"Les révélations présumées de Bradley Manning ont mis en lumière des crimes de guerre, ont déclenchées des révolutions et ont suscité des réformes démocratiques", a-t-il encore affirmé.
Il a également fait valoir que les
"crimes" du soldat n'avaient fait aucune victime à
"l'exception de l'orgueil blessé du gouvernement américain". Il a d'ailleurs dénoncé la
"trahison" de Barack Obama qui avait, selon lui, soutenu les auteurs de révélations pendant sa campagne présidentielle.