Près de 28 000 Algériens interdits de visa : Jamais la Omra n'a fait couler autant de salive et d'encre

Quotidien d’information indépendant - n° 4694 - Jeudi 25 Juillet 2013

Près de 28 000 Algériens interdits de visa : Jamais la Omra n’a fait couler autant de salive et d’encre.



Si par le passé, près de 80 000 Algériens se rendaient en Arabie Saoudite durant les mois de chaâbane et Ramadhan, cette saison, ce nombre a été divisé par 10 suite à la décision des autorités saoudiennes de revoir le nombre à la baisse. Cela est dû aux travaux d’extension de la saha de la Kaâba, l’espace entourant la Kaâba qui sert au rituel du tawaf. Sa capacité a été réduite de deux tiers avec une première coupe dans la partie sud de la mosquée et éliminant de facto les aires du tawaf du 1er et du 2e étages dont le nombre, qui était de 75 000/heure, est passé à moins de 30 000/h.

Selon le consul de l’Arabie Saoudite à Alger, les visas se délivrent le plus normalement du monde sans parler du vrai problème qui est l’octroi de l’autorisation de délivrance de visa à l’agence de voyage algérienne par son partenaire saoudien contre le payement de 300 rials à 500 rials (10 000 à 15 000 DA) après que celui-ci l’a transmis au ministère de l’Intérieur du royaume. Ce dernier, pour cette saison, a décidé de revoir à la baisse ces autorisations(mouafakate) en pénalisant les grandes agences qui ont procédé au versement des locations de chambres, soit 700 euros par lit, en sus des avances sur les vols charters (30 à 50% par vol) soumises à des clauses de non-remboursement. Cette décision saoudienne prise sans consulter les autorités algériennes aurait du être mise à jour avant le début de la saison ou au moins lors de la délivrance par le consulat saoudien d’une autorisation et du calendrier de dépôt des dossiers. Les partenaires et les hôteliers saoudiens n’entendent plus parler de remboursement en prétextant avoir agi conformément au code commercial. Selon des voyagistes, au moins une trentaine d’agences de voyages algériennes vont subir des pertes, elles qui par le passé envoyaient plus de 2 000 voyageurs chacune ont cette fois-ci à peine 200 à 400 visas. Un voyagiste sis à Kouba nous a déclaré avoir commencé à rembourser ses clients dont certains ont accepté de reporter leur omra pour la période du mawlid en décembre. Un autre situé à Alger-Centre compte 2 200 passeports non traités. La frustration de dire à un vieil ou une vieille qu’il ou qu’elle ne pourra pas avoir une omra est dure. Un autre à Cheraga ajoute : «J’arrête les voyages religieux, j’ai perdu 5,5 milliards ; j’ai été évacué 3 fois à l’hôpital, mon agent m’a rapporte que les corbeilles usuellement remplies lors des dépôts au consulat contiennent des fois entre 5 à 20 passeports, du jamais vu.» Les compagnies aériennes ont, elles aussi, subi les contrecoups de cette décision, 60% des vols ont été annulés. Les œuvres sociales des entreprises algériennes, des institutions bancaires, des administrations qui avaient pris l’habitude d’envoyer leurs employés pour des voyages religieux en cette période ont subi elles aussi de plein fouet ce contrecoup et seront obligés de différer leurs opérations pour la saison du Mawlid pour sauver la face et éviter de ne pas entrer en conflit avec les agences de voyages, déjà flouées par les partenaires saoudiens qui bien sûr profitent de la situation et le peu de mouafakate disponibles sont écoulées 3 fois voire même 4 fois le prix. Le ministère saoudien de l’Intérieur a lié l’octroi des mouafakate aux partenaires saoudiens au retour des mouatamirine sur le plan international et tous les partenaires saoudiens travaillent avec les pays d’Asie, d’Afrique ,du moyen orient et par exemple si 2 000 Pakistanais ne retournent pas chez eux, ce chiffre peut être défalqué du quota d’un autre pays, ce qui explique ce quiproquo ayant plongé les Algériens dans le doute puis dans le désarroi et enfin le refus. L’Office algérien du hadj et omra a saisi les agences de voyages pour aviser les mouatamirine des problèmes liés à la délivrance des visas et des difficultés pouvant surgir pour ceux qui ont le visa et se rendent en Arabie Saoudite. L’autre problème est la solitude des agences de voyages algériennes, laissées seules face aux agissements de leurs partenaires saoudiens qui demandent impudemment la suite des versements des sommes de leurs engagements au moment ou les agences de voyages du Maroc ont l’assurance du gouvernement de prendre en charge leurs revendications et leurs remboursements, alors que celles d’Egypte ont opté pour un arbitrage de leur gouvernement pour intercéder en leur faveur avec les autorités saoudiennes. Selon un guide touristique spécialisé dans le hadj et omra, «les autorités saoudiennes ont plafonné le nombre des moutamirine à 500 000 pour tous les pays musulmans; Les quotas des pays du Maghreb y compris l’Egypte ont été revus à la baisse car ces pays comptent parmi eux des mouatamitine qui ont l’habitude de rester jusqu’au hadj et le fait d’entendre dire que le consulat a délivré 170 000 visas nous laisse perplexe car ce chiffre s’étire du mois de janvier 2013 au 8e jour du mois de Ramadhan ; on aimerait bien qu’on nous fournisse le chiffre concernant les visas de Ramadhan. Plus de 120 agences de voyages, dès samedi prochain, vont s’atteler à rembourser leurs clients. Pour les agences ayant subi des pertes colossales, ce sera une autre histoire, alors que pour celles ayant des contrats avec des sociétés ou entreprises, le report sera sans doute de mise.

Boualem Mohamed H.



]