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Valérie Lang, la comédienne, est décédée
Publié le 22/07/2013 à 17:20Valérie lang dans la pièce
La nuit sera chaude de Josiane Balasko.
Fille de Jack et Monique Lang, la jeune femme de grand talent formée au Conservatoire d'art dramatique de Paris, s'est éteinte lundi matin, emportée par une tumeur au cerveau fulgurante.Valérie Lang était née en 1966, cadette de Caroline, née en 1961. Baignée dans l'amour du théâtre depuis toujours, alors que son père dirigeait le festival le Nancy puis le théâtre de Chaillot, elle avait très tôt été une spectatrice passionnée. Elle avait suivi la voie la plus exigeante pour devenir comédienne. Dans la proximité de Michèle Kokosowski, elle avait imposé sa forte personnalité dès ses années de formation, et était entrée au Conservatoire national supérieur d'art dramatique et avait choisi la classe de Jean-Pierre Vincent, de 1989 à 1992.
Elle avait alors rejoint la troupe de Stanislas Nordey et tourné un premier court-métrage avec Martin Provost. Elle aurait pu tourner beaucoup plus, mais le théâtre l'occupait entièrement. Citons pourtant
La Belle personne de Christophe Honoré en 2008,
Holiday de Guillaume Nicloux, et quelques rôles à la télévision, notamment avec Josée Dayan.
De 1992 à 1998, Stanislas Nordey est associé à la direction de Nanterre-Amandiers et Valérie Lang participe à toutes les créations. De 1998 à 2001, tous deux dirigent le théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Une aventure dans laquelle tous deux s'engagent avec passion. Mais l'utopie ne résiste pas aux rudes réalités. N'empêche, on se souvient de cette époque d'enthousiasme, qui est rare et fut décisive pour beaucoup de spectateurs et d'artistes.
Défendre les écritures du tempsC'est dans le jeu que Valérie Lang était la plus convaincante. Pas très grande mais très bien proportionnée, visage structuré avec ses larges pommettes, beau regard, voix extraordinairement prenante, elle donnait à ses personnages une profonde intensité, une lumière. Capable d'être cocasse et légère dans les comédies, elle aimait défendre les écritures du temps. Parmi ses dernières apparitions, le rôle-titre d
'Electre d'Hoffmansthal en 2006,
Hiroshima mon amour de Marguerite Duras,
Sodome ma douce de Laurent Gaudé, une mise en scène de Stanislas Nordey, qu'elle avait joué à Théâtre Ouvert en 2011 et repris très récemment au Théâtre de Belleville.
Avec Stanislas Nordey, vingt ans durant, Valérie Lang aura abordé tous les styles de répertoire. D'Armando Llamas à Laurent Gaudé, de Pasolini à Werner Schwab en passant par Didier-Georges Gabily et Jean-Luc Lagarce (ce magnifique
J'étais dans ma maison et
J'attendais que la pluie vienne joué notamment avec Véronique Nordey, la mère de Stanislas Nordey), de Molière à Marivaux et jusqu'à Feydeau ou, en rupture, Falk Richter, Valérie Lang excellait à changer de registre et à passer d'un univers à un autre.
Valérie Lang aimait aussi travailler avec Christine Letailleur. Elles ont, ensemble, réussi de très beaux spectacles:
Pasteur Ephraïm Magnus de H.-H.Jahnn,
La Philosophie dans le boudoir de Sade,
La Vénus à la fourrure de Masoch et jusqu'à Duras.
Il y a deux ans, elle s'était offert une récréation avec son amie Josiane Balasko dans
La Nuit sera chaude, au Théâtre de la Renaissance. Un divertissement qui convenait à son tempérament volontiers insolent et à son goût du rire. C'est ce rire, ses sourires, ses emportements joyeux qui nous manqueront le plus. Et cette voix, si belle que l'on peut réentendre dans des enregistrements, des CD.
On pense à sa famille, ses parents, sa sœur et ses enfants. On pense à la famille du théâtre, qui perd une belle personne qui aimait aimer et partager.