Il avait une voix d’or et d’Oran, la patrie du raï. Il n’avait pas perdu l’âme du raï, alors que cette musique se meurt. Il était devenu le nouveau «king of melody» l Il s’appellait Cheb Akil.
L’auteur des hits Avis de recherche et Aâchk El Mamnouaâ, Cheb Akil, est mort prématurément, dans la nuit de jeudi à vendredi, au sud de Tanger (Maroc), suite à un accident de voiture. Il avait 40 ans. Il devait se produire, vendredi soir, au Palais des Etoiles à Tanger. Cheb Akil était ce jeune premier belle gueule et belle voix du raï. Il était ce gentleman-charmeur, ce crooner, ce «Monsieur Propre du raï». Il incarnait cette génération post cheb Hasni, lui aussi parti trop tôt. Une idole tout comme cheb Khaled et cheb Mami, auxquels il vouait une admiration sans bornes.
Cheb Akil n’était pas le «rude boy» (voyou) du raï. Au contraire ! Sa discographie est «clean» (propre), sans jouer au moraliste. C’est en 1995 qu’il sera révélé par un succès d’estime et fou avec le titre Tahasdou oula T’ghirou (envieux ou jaloux), vendu à plus d’un million d’exemplaires. Et puis, cheb Akil installera définitivement sa place dans la musique raï comme valeur sûre, avec des hits comme Malade mental, Avis de recherche, Hia l’Aâmor, Allo, Ma Bgha Yetzewejha, Dirou Kima Ana, Rihtek Nta, Koul Chi Fiha et surtout, le tube Aâchk El Mamnouâ (L’amour interdit) sorti en 2012.
Messager de l’amour
Le nouvel album de cheb Akil, sorti récemment, et avec sa disparition prématurée, sera immanquablement, collector. L’effet posthume aidant ! L’album publié chez AVM Edition est intitulé Djak El Marsoul (Un messager). Huit chansons de très bonne facture, comme Histoire kdima, Smaât Biha avec un istikhbar-moual, El millieu, Jak marsoul (chanson-titre), Inch’allah, une ballade très dance orientale, interprété entièrement en français, Mondial (cheb Akil vient de trouver un euphémisme, «mahana mondiale», amour mondial, comme dirait Pitbull, Mister Worldwide), Nakssam B’Allah, Khobz ou El Ma (en duo avec la chanteuse Narimène).
Ses textes parlent bien sûr d’amour (et celui vache), de mea culpa, de pardon, de fidélité, de rédemption, de déclaration et déclamation de sa flamme pour un amour éternel. Un album prémonitoire ! Sur cet ultime opus, cheb Akil montre et démontre qu’il était, est, et restera ce raïman-crooner aux mélodies à succès et surtout ayant la magie du raï. «J’ai appris avec une profonde tristesse la disparition tragique du jeune chanteur cheb Akil, victime d’un accident de la circulation entre deux spectacles qu’il devait donner hors du pays… Avec son départ prématuré, la scène artistique endeuillée perd un interprète talentueux, dont la carrière était en pleine ascension et un artiste aux multiples qualités tant humaines que professionnelles», c’est ainsi qu’a exprimé sa tristesse Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture. Cheb Akil va nous manquer !