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Jour de grève générale en Grèce pour défendre la radio-télévision publique
Le 13.06.2013 à 07h49 • Mis à jour le 13.06.2013 à 07h56 Rassemblement de soutien à la radio-télévision publique grecque ERT, mercredi, à Thessalonique.
La Grèce se prépare à vivre jeudi une nouvelle journée de grève générale pour protester contre la fermeture temporaire des trois chaînes de télévision et des radios du service public par le gouvernement du premier ministre, Antonis Samaras. Les deux principaux syndicats du pays prévoient un arrêt de travail dans le secteur privé et dans l'administration pendant 24 heures pour dénoncer ce qu'ils qualifient de "décision en forme de coup d'Etat visant à bâillonner une information impartiale".La plupart des administrations devraient être fermées jeudi et des perturbations sont annoncées dans les transports ferroviaires, routiers, aériens et maritimes. Plusieurs défilés sont prévus ainsi qu'un rassemblement devant le siège de l'ERT où les employés sont réunis depuis l'arrêt des émissions.
Le gouvernement a joué la montre en présentant dès le lendemain de l'extinction des chaînes un projet de loi de réorganisation de tout l'audiovisuel public, pour éviter que la crise autour de l'ERT ne fasse éclater sa coalition, après pratiquement un an de pouvoir partagé entre les conservateurs d'Antonis Samaras, les socialistes du Pasok, et la gauche modérée Dimar. Le budget annuel de l'ERT, qui compte environ 2 600 salariés dont 600 journalistes, est de 300 millions d'euros pour une audience cumulée de 13 % de part de marché. Un syndicat de journalistes a pour sa part appelé à un mouvement de grève illimité, empêchant la parution de certains journaux et obligeant les chaînes commerciales à rediffuser d'anciens programmes pour occuper l'antenne
A la stupeur générale, l'ERT a cessé d'émettre mardi peu après 22 heures après la neutralisation du principal émetteur situé sur une montagne près d'Athènes.
De nombreux Grecs considéraient les trois chaînes de l'ERT comme des sinécures dans lesquelles certains partis politiques plaçaient des alliés. Depuis le début de la crise de la dette en 2010, les salariés du groupe ont beaucoup souffert des coupes imposées sur les salaires, évaluées à 45 % par les syndicats. Mais la brutalité avec laquelle est intervenu l'arrêt de la diffusion a été ressentie comme un choc par la population.
PROJET DE RÉFORMESamaras a affirmé qu'il soutiendrait un projet de réforme de l'audiovisuel public afin de rendre son organisation plus efficace et moins coûteuse pour les finances publiques. Le chef du gouvernement a dénoncé l'hypocrisie de ceux qui contestaient sa décision et s'est dit déterminé à modifier un
"système qui ne veut pas renoncer à ses privilèges". La Grèce ne doit plus être
"un Jurassic Park, le seul endroit sur terre où les dinosaures ont survécu", a-t-il raillé.
"Ce que nous avons vécu hier est sans précédent", a commenté Alexis Tsipras, leader de la gauche.
"Non seulement en Grèce, mais dans toute l'Europe".
"La télévision publique s'interrompt seulement dans deux circonstances : lorsqu'un pays est occupé par une puissance étrangère ou en cas de coup d'Etat", a-t-il ajouté.
A Bruxelles, la Commission européenne a pris ses distances en notant dans un communiqué mercredi que la décision du gouvernement grec de fermer l'ERT a été
"prise en toute indépendance", tout en insistant sur le rôle indispensable joué par le service audiovisuel public dans la vie démocratique. Toutefois l'Union européenne de radio-télévision (UER) et l'Association de la presse internationale (API), qui regroupe les correspondants en poste à Bruxelles, ont demandé la réouverture de l'ERT qui reste un symbole de démocratie dans un pays où l'information a été sévèrement bridée pendant la dictature militaire de 1967 à 1974. Dans un communiqué, les chaînes de service public francophones ont apporté leur
"soutien plein et entier au service public audiovisuel grec, dont l'arrêt brutal et imprévisible choque profondément l'ensemble de ses membres".