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Extrême droite : Mélenchon accuse Valls d'avoir fait preuve de «laxisme»
Publié le 09.06.2013, 11h41 | Mise à jour : 19h57 Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche, a affirmé dimanche que Marine Le Pen «mentait» et qu'il existait bien «un lien» entre le Front national et les mouvements extrémistes dont le responsable présumé de la mort de Clément Méric était proche.
La procédure engagée samedi par le Premier ministre pour dissoudre les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), un groupuscuscule d'extrême droite soupçonné d'être lié à la mort de Clément Méric, est approuvée quasi-unanimement par la classe politique. En revanche, la droite et le Front national appellent le gouvernement à s'intéresser aux groupuscules d'extrême gauche autant qu'aux skinheads. Vendredi, plusieurs élus PS avaient dénoncé les «amalgames» de l'UMP qui met sur le même plan les deux extrêmes.Le coprésident du Parti de Gauche Jean-Luc Mélenchon accuse le Premier ministre manuel Valls d'avoir «fait preuve d'un très grand laxisme» en ne s'attaquant pas plus tôt au problème des groupes d'extrême droite. «Il est plus fort pour courir après les Roms et pourchasser des pauvres gens sans défense (...) mais pour prendre la mesure de ce que représente l'extrême droite (...) il ne l'a pas perçu. Et encore aujourd'hui, il traîne les pieds. Il y a un local de M.Ayoub
(Serge Ayoub, le cofondateur des Jeunesses nationalistes révolutionnaires, ndlr) dans le 15e arrondissement
(de Paris, ndrl) qui est encore ouvert», a-t-il déclaré sur France Inter. Il contredit en outre le discours de Marine le Pen, assurant qu'il y a bien «un lien entre l'extrême-droite du FN et ces groupes-là
(de skinheads, ndlr)». «Madame Le Pen ment», lance-t-il, assurant avoir été «témoin personnellement du fait que M. Ayoub était sur les marchés d'Hénin-Beaumont
(fief frontiste où Marine le Pen a été conseillère municipale jusqu'en 2011, ndlr) où il ne présentait pas de candidat dans cette circonscription». Revenant sur l'idée de dissoudre les groupes extrémistes de tous bords, il refuse de «faire un parallèle entre l'extrême gauche et l'extrême droite».
La présidente du Front National Marine Le Pen soutient la dissolution des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), avec lesquelles son parti n'a «rien à voir». Interrogée sur BFMTV, elle explique qu' «il faudrait que
tous les groupes qui prônent la violence fassent l'objet d'une procédure de dissolution». Elle reproche ainsi au ministre de l'Intérieur Manuel Valls, chargé du dossier, de faire preuve d'une «dissolution sélective», qui vise uniquement les groupuscules d'extrême droite et omet ceux d'extrême gauche. A propos du rapport du FN avec les groupes de skinheads, qui ont souvent participé à des manifestations aux côtés des frontistes, elle a rappelé qu'ils n'avaient «pas les mêmes pensées» et présentaient «des divergences absolues». «Le FN n'a rien à voir avec un extrêmisme quel qu'il soit», a insisté celle qui mène une entreprise de dédiabolisation du parti. En 2011, elle avait désavoué l'un des candidats FN aux élections cantonales, le jeune Alexandre Gabriac, leader des Jeunesses nationalistes, photographié en train de faire le salut nazi.
VIDEO. Marine Le Pen interrogée sur BFM
Le leader du groupe d'extrême droite Jeunesses nationales Alexandre Gabriac (à ne pas confondre avec les JNR), également conseiller régional en Rhône-Alpes, refuse de qualifier la mort de Clément Méric de «meurtre politique». «On déplore évidemment la mort d'un jeune homme, quelles que soient ses idées», mais il s'agit d'un «malheureux fait divers», a-t-il déclaré lors d'un meeting à Toulouse (Hautre-Garonne). Il s'est placé en défenseur du principal suspect, Esteban Morillo, un sympathisant des JNR de 20 ans et donc «nationaliste» comme lui. Il a promis de lui envoyer de l'argent en prison, où il a été placé en détention provisoire samedi, et de suivre avec «la plus grande attention» «sa vie carcérale pour éviter qu'un nationaliste ne soit victime d'agression en prison».
Le président de l'UMP Jean-François Copé demande que les groupes d'extrême gauche soient interdits au même titre que ceux d'extrême droite. «Je demande au ministre de l'Intérieur de prendre ses responsabilités. Ces groupuscules extrémistes dont la seule expression est la violence doivent être dissous», a-t-il précisé lors d'un point presse au siège du parti. Celui que les socialistes accusent d'être souvent à la limite de l'extrême droite depuis l'affaire du pain au chocolat, a expliqué qu'il observait avec «beaucoup d'inquiétude monter dans notre pays une radicalisation, dans les paroles comme dans les actes, de groupuscules extrémistes qu'ils viennent de l'extrême droite comme de l'extrême gauche». Ainsi, «Ils ne doivent bénéficier d'aucune complaisance et d'aucune impunité car la violence n'a aucune place dans notre démocratie», a-t-il tranché en rappelant que «l'UMP a toujours combattu ceux qui veulent imposer leurs idées par la terreur, elle n'abandonnera jamais cette lutte». Jean-François Copé a par ailleurs prévenu que son parti «n'acceptera aucun amalgame, aucun raccourci douteux, aucun procès d'intention».
Le député UMP des Alpes-Maritimes Eric Ciotti convient que la dissolution des JNR est «une bonne initiative naturellement» que «personnellement j'approuve», a-t-il expliqué sur iTélé. Mais l'élu regrette «une décision imparfaite» précisant «qu'il n'y a pas que ce groupe... il y en a d'autres». Lui aussi souhaite que le gouvernement s'intéresse à d'autres groupuscules, d'extrême droite comme d'extrême gauche. «Oui à la dissolution de ce groupe, de tous les groupes violents qui trouvent comme alibi des motivations politiques», a-t-il encore précisé. Plus tard sur la Radio de la communauté juive (RCJ), Eric Ciotti a insisté: «Là, j'ai l'impression qu'il y a une forme de regard un peu partiel sous le coup de cette légitime émotion [...] Regardons tous les groupes violents et n'hésitons pas à aller très largement plus loin dans cette dissolution».
Le vice-président de l'UMP Luc Chatel s'est, lu,i attardé sur le «crime odieux» dont a été victime Clément Méric: «Ça m'a bouleversé, comme tous les pères de famille», a-t-il assuré lors du Grand rendez-vous Europe 1/i>Télé/Le Parisien-Aujourd’hui en France. «S'il s’avère que le ou les auteurs de ce crime appartiennent à un groupuscule et que manifestement c’est l’idéologie qui a fait qu’on en est arrivé là, je serais naturellement aux côtés du gouvernement pour encourager l’interdiction d’un tel groupe», a-t-il poursuivi. Toutefois, comme Jean-François Copé, Luc Chatel s'est attaché à dénoncer une «récupération démagogique politicienne», sous-entendu de la gauche. Dans les différentes manifestations en hommage au jeune militant anti-fasciste, les partis de gauche étaient seuls représentés derrière les amis de la victime. Or jeudi, la candidate de l'UMP à la mairie de Paris Nathalie Kosciusko-Morizet n'a pas pu rester dans le rassemblement parisien tant elle s'est fait huer.
Le président du groupe PCF-PG à Paris Ian Brossat a demandé la fermeture d'un local de Troisième Voie dans le XVe arrondissement. Directement lié aux JNR, le mouvement né en 1985 de la fusion du Mouvement nationaliste révolutionnaire avec des dissidents du Parti des forces nouvelles et réactivé depuis 2010 par Serge Ayoub. «Sa fermeture avait été demandée en février 2009 par un voeu adopté au Conseil de Paris. Il est grand temps de passer aux actes», a fait savoir Ian Brossat. Lundi, lors des questions d'actualité du Conseil de Paris, l'élu reformulera officiellement sa demande. [/b]