WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International
Deux personnes tuées dans les manifestations en Turquie
Le 04.06.2013 à 05h42 • Mis à jour le 04.06.2013 à 07h13 Depuis vendredi, les heurts se sont multipliés dans tout le pays entre les forces de l'ordre et les manifestants.
Un jeune homme de 22 ans est mort lundi 3 juin à l'hôpital après avoir été atteint par des tirs pendant une manifestation dans le sud de la Turquie. L'auteur des tirs n'a pas encore été identifié, a indiqué la chaîne de télévision privée NTV, citant un communiqué du gouvernement local de la province de Hatay, près de la frontière syrienne.Selon un parlementaire du principal parti d'opposition, Hasan Akgol, Abdullah Comert était membre de la section des Jeunes du Parti du peuple républicain (CHP). La police a lancé une enquête sur les circonstances de son décès, le second en lien avec les importantes manifestations qui secouent le pays depuis près d'une semaine.
La mort d'une première personne avait en effet été signalée un peu plus tôt par l'Union des médecins turcs : il s'agissait d'un jeune homme tué dimanche soir à Istanbul par une voiture ayant percuté la foule.
APPEL À LA GREVESigne de l'aggravation du mécontentement populaire, l'une des plus importantes centrales syndicales turques a appelé à une grève de deux jours à partir de mardi afin de dénoncer le recours à la
"terreur" par l'Etat contre les contestataires. Marquée à gauche, la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), qui revendique 240 000 adhérents regroupés dans 11 syndicats, a également estimé que la brutalité de la répression traduisait l'
"hostilité envers la démocratie" du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, à Ankara, la police a dispersé lundi soir à l'aide de gaz lacrymogènes et de canons à eau des groupes hostiles au gouvernement islamo-conservateur de Recep Tayyip Erdogan. De son côté, le premier ministre turc a nié toute dérive autoritaire et rejeté l'idée d'un
"printemps turc", assurant même du Maroc, où il était en déplacement, que la situation était en voie d'apaisement dans son pays.
Assurant l'intérim en l'absence du chef du gouvernement, le vice-premier ministre Bülent Arinç doit donner mardi une conférence de presse à midi (11 heures à Paris) sur ces événements sans précédent. Il a prôné lundi les vertus du dialogue
"plutôt que de tirer du gaz sur des gens".
Lundi soir, dans le quartier de Kavaklidere d'Ankara, les unités antiémeute ont tiré des balles en caoutchouc en direction des contestataires, pour la plupart des jeunes, qui les ont attaquées à coups de pierres, selon la chaîne de télévision CNN-Türk. Les policiers ont également tiré plusieurs dizaines de grenades de gaz lacrymogène pour déloger du quartier stambouliote de Gümüssuyu (rive européenne) quelque 500 manifestants qui y avaient érigé des barricades et allumé des feux, d'après des témoins et des télévisions. Dans cette mégalopole comme à Ankara, d'autres rassemblements de plus grande ampleur se poursuivaient néanmoins dans le calme pendant la nuit.
PLUS DE MILLE BLESSÉS À ISTANBUL
La Bourse d'Istanbul a terminé sa séance de lundi sur une baisse de 10,47 %, traduisant l'inquiétude des marchés. Dans son sillage, la livre turque a également brutalement chuté. Depuis vendredi, la protestation d'une poignée de militants associatifs contre le projet de destruction d'un parc public d'Istanbul a peu à peu gagné l'ensemble de la Turquie. Accusé de dérive autoritaire et de vouloir
"islamiser" la société turque, M. Erdogan doit faire face à un mouvement de contestation d'une ampleur inédite depuis l'arrivée au pouvoir de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) en 2002.
Les violences des trois derniers jours ont fait plus de mille blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l'homme et les syndicats de médecins des deux villes. Ces chiffres n'ont pas été confirmés par les autorités, le ministre de l'intérieur Muammer Güler ayant évoqué dimanche un bilan de 58 civils et 115 policiers blessés pendant les 235 manifestations recensées entre mardi dernier et dimanche dans 67 villes.
La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis, en France et au Royaume-Uni.