WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International Londres face aux nouvelles filières islamistes
Publié le 27/05/2013 à 19:49 Anjem Choudary (ici en 2011), prêcheur de Woolwich, a contribué à radicaliser l'un des meurtriers du soldat poignardé mercredi.
Les « Woolwich boys », aspirants djihadistes issus des gangs, se sont formés sous l'égide de prêcheurs radicaux en toute légalité.
Le soir du meurtre à l'arme blanche d'un soldat britannique de 25 ans, mercredi dernier à Londres, Anjem Choudary s'est répandu sur les plateaux télévisés avec des propos saisissants. Refusant de condamner le crime de deux jeunes Anglais convertis à l'islam, il en a imputé la responsabilité à «David Cameron et sa politique étrangère». Juriste de 45 ans, originaire de Woolwich, le quartier populaire au sud-est de la capitale où a été commis l'assassinat, Choudary, figure bien connue en Grande-Bretagne, est assez habile pour jouer avec les limites de la légalité sans être inquiété. Il s'était illustré en célébrant les auteurs du 11-Septembre comme les «19 Magnifiques». Fondateur de l'organisation radicale al-Muhajiroun, interdite après les attentats de 2005 qui avaient fait 52 morts dans les transports en commun londoniens, c'est l'un des prêcheurs islamistes qui ont contribué à radicaliser Michael Adebolajo, l'un des meurtriers du soldat.
Omar Bakri, autre chef spirituel d'al-Muhajiroun, aujourd'hui en exil au Liban, se targue aussi d'avoir contribué à la formation idéologique du jeune terroriste. Il a qualifié son acte de «revanche pour ses frères et sœurs musulmans du monde entier», semblant le justifier à demi-mot par le choix d'«une cible militaire britannique, pas un civil». Adebolajo et son complice, Michael Adebowale, ont également subi l'influence d'Usman Ali, 36 ans, l'animateur d'un groupe de prière radical dissident de la mosquée de Greenwich. Ali avait été arrêté et interrogé pour son implication présumée dans un projet d'attentat contre le Parlement canadien et un projet de décapiter le premier ministre du pays, Stephen Harper, selon le Times, avant d'être relâché.
Malgré l'interdiction d'al-Muhajiroun, ses animateurs ont poursuivi leur action sous plusieurs autres appellations successives: Islam 4Uk, Convert2Islam, Saved Sect ou al-Ghourabaa. Ils mènent des campagnes de recrutement dans les rues des quartiers défavorisés, notamment à Woolwich, ciblant les membres de gangs, qu'ils prétendent sortir de la délinquance.
C'est ainsi que Michael Adebolajo a rejoint cette mouvance. En 2010, il était arrêté au Kenya alors qu'il tentait de rejoindre al-Chebab, organisation affiliée à al-Qaida en Somalie. Une filière d'aspirants djihadistes venus du quartier londonien est connue sur place sous le nom de «Woolwich boys». Renvoyé au Royaume-Uni, Adebolajo a alors été contacté par le MI5 qui aurait tenté, en vain, de le recruter.
L'extraordinaire raté du MI5Après les attentats de juillet 2005, la police et le renseignement britanniques ont mené une vaste offensive pour démanteler les bastions islamistes du «Londonistan». Parmi ses hauts lieux, la mosquée de Finsbury Park, dans le nord de la capitale, fief du prêcheur radical Abou Hamza, est rentrée dans l'ordre. Arrêté en 2004, Hamza a été extradé l'an dernier vers les États-Unis où il est poursuivi pour terrorisme. Mais, depuis, le renseignement intérieur britannique n'a pas su empêcher une nouvelle génération d'extrémistes de se développer à la marge, dans de nouveaux quartiers.
Une enquête a été lancée sur l'extraordinaire raté du MI5 dans l'affaire de Woolwich. Le gouvernement vient de mettre sur pied un groupe de travail destiné à porter un coup d'arrêt à cette mouvance radicale mal contrôlée. Selon la ministre de l'lntérieur, Theresa May, «des milliers de gens risquent de subir une radicalisation». Un cas sur cinq de condamnation pour activité terroriste depuis dix ans serait lié à al-Muhajiroun, malgré le risque d'une peine de dix ans de prison encourue pour quiconque se revendique de l'organisation bannie.