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Affaire Tapie : Lagarde entame sa deuxième journée d'audition
Publié le 24.05.2013, 08h28 | Mise à jour : 09h32
Christine Lagarde est arrivée vers 8h15 à la Cour de justice de la République à Paris pour une deuxième journée d'audition sur son rôle dans l'arbitrage controversé rendu en faveur de Bernard Tapie dans la vente d'Adidas.
Ministre de l'Economie au moment de cet arbitrage en 2008, l'actuelle patronne du Fonds monétaire international (FMI) a été entendue durant douze heures jeudi par les magistrats pour défendre sa décision de recourir à cet arbitrage plutôt que s'en remettre à la justice. Après cette audition, Christine Lagarde pourra être placée sous le statut de témoin assisté ou mise en examen pour «complicité de faux et de détournement de fonds publics».
« La meilleure solution à l'époque »Forte du soutien du FMI et du Premier ministre de l'époque, François Fillon, l'ex-ministre de l'Economie a toujours justifié le choix de l'arbitrage par la volonté de mettre fin à une procédure, selon elle longue et coûteuse. Le conseil d'administration du FMI «a été informé de cette affaire, y compris récemment, et continue d'exprimer sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions, a assuré un porte-parole. Fin janvier, Christine Lagarde a réaffirmé que ce choix était «la meilleure solution à l'époque».
Le choix d'un arbitrage, décidé dans son principe quand Jean-Louis Borloo était ministre de l'Economie en mai 2007, a été entériné par Christine Lagarde en septembre/octobre 2007 par des instructions écrites données aux représentants de l'Etat dans le conseil d'administration de l'EPFR - l'entité publique contrôlant le Consortium de réalisation (CDR), la structure gérant le passif du Crédit Lyonnais qui a payé l'indemnisation de Bernard Tapie. Interrogée par les députés en 2008, elle avait répété avoir pris elle-même cette décision tout comme celle de ne pas former un recours contre cet arbitrage. Il s'agissait, selon elle, d'une décision prise sans ordre de Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
Au printemps 2011, le procureur général de la Cour de cassation, à l'époque Jean-Louis Nadal, avait saisi la CJR. Ce dernier avait reproché à Christine Lagarde d'avoir recouru à un arbitrage privé alors qu'il s'agissait de deniers publics, d'avoir eu connaissance de la partialité de certains juges arbitres et d'avoir fait modifier le protocole initial pour y intégrer la notion de préjudice moral - ce qui avait permis aux époux Tapie de toucher 45 millions d'euros. Jean-Louis Nadal avait également épinglé le choix de ne pas avoir exercé de recours contre cet arbitrage controversé, alors que plusieurs spécialistes l'y avaient encouragée.
La personnalité de Tapie qui nourrit la controverse ?Si Christine Lagarde ne l'a pas fait à l'époque, mercredi, le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, a déclaré que le gouvernement envisageait un recours contre la décision d'arbitrage, en fonction des développements de l'enquête. Mais l'hypothèse d'un remboursement par Bernard Tapie est «irréaliste», a jugé l'homme d'affaires qui a répété dans un entretien au Parisien - Aujourd'hui en France qu'à ses yeux la décision arbitrale ne pourrait «pas être remise en cause».
Pour l'ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde, Stéphane Richard, c'est simplement la personnalité de Bernard Tapie qui nourrit la controverse. Selon lui, un recours se justifiera seulement s'il y a eu une «fraude, une magouille».
Le rôle d'autres personnalités - hauts fonctionnaires, membres des cabinets ministériels - dans cette arbitrage est au coeur d'une enquête conduite par trois juges d'instruction à Paris.
VIDEO. Affaire Tapie : fin de l'audition de Christine Lagardehttps://www.dailymotion.com/video/x105kfc_affaire-tapie-fin-de-l-audition-de-christine-lagarde_news