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UE :
Martin Schulz, un provocateur au perchoir
Publié le 16/01/2012 à 08:57 Martin Schulz au Parlement européen, à Strasbourg, en octobre 2011.
Le social démocrate-allemand devrait être élu mardi à la présidence du Parlement européen.
Provoquer pour sortir de l'anonymat. La stratégie de Martin Schulz finit par payer en 2003 lorsqu'il accuse Silvio Berlusconi de brider la justice de son pays en pleine séance du Parlement européen. Le Cavaliere rétorque en lui proposant un rôle de «kapo» dans un film italien sur les camps de concentration nazis. L'écho provoqué par l'altercation et l'incident diplomatique entre Rome et Berlin qui s'en suit propulse l'élu social-démocrate allemand, jusqu'alors inconnu dans son propre pays, au rang de célébrité. À 56 ans, Schulz sera élu mardi à la présidence du Parlement européen, où il compte bien faire encore parler de lui.
Son élection est acquise par avance en vertu d'un pacte entre le Parti socialiste européen (PSE) et les conservateurs du Parti populaire européen (PPE). En 2004, un an après son altercation avec Berlusconi, Schulz devient président du PSE. Après les élections européennes de 2009, il gagne encore en notoriété en offrant le soutien de son groupe pour reconduire la Commission Barroso pour un second mandat. Et selon les termes de l'accord passé en 2009, Schulz doit succéder en 2012 au député polonais PPE, Jerzy Buzek, au poste de président du Parlement européen.
Un «capitalisme de casino»Ce libraire entré à 18 ans au SPD s'est patiemment construit dans l'ombre. Maire de Würselen, une petite commune située près d'Aix-la-Chapelle, pendant douze ans avant d'être élu au Parlement européen en 1994, Martin Schulz manie aussi bien le français que l'anglais. Les yeux bleus cachés derrière de fines lunettes et la barbe brune, il ne fume pas et ne boit pas et il est réputé pour son caractère soupe au lait. Sa femme, paysagiste, est sa plus proche conseillère. Face aux caméras il trouve souvent la formule qui fait mouche, pointant du doigt le «directoire franco-allemand» à la tête de l'UE ou la spéculation du «capitalisme de casino».
Fervent partisan des eurobonds et d'une Europe plus sociale, Schulz ne rate pas une occasion de critiquer Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Il promet d'être «un président du Parlement combatif». Schulz veut se battre contre le déficit démocratique dont souffre l'Europe en redonnant de l'influence à une assemblée souvent critiquée pour sa faiblesse et dont il espère faire un contre-pouvoir.
«Le Parlement doit être au même niveau que la Commission et que le Conseil européen en débattant et en contrôlant leurs propositions», affirme-t-il. Schulz juge que l'influence du président du Parlement doit être au moins aussi forte que celle du président de la Commission, José Manuel Barroso, ou celle du président du Conseil européen, Herman Van Rompuy…
Lorsqu'il prend la parole au Parlement, Schulz assure le spectacle. Au risque parfois d'agacer. Les socialistes français n'ont pas apprécié d'être comparés à des pigeons: «Quand ils sont en haut, ils vous ch…. sur la gueule et quand ils sont en bas, ils vous bouffent dans la main», avait-il lâché un jour.
L'extrême droite et les eurosceptiques détestent l'européen convaincu. «M. Schulz a la tête de Lénine et parle comme Hitler», a ainsi raillé le leader du Front national Jean-Marie Le Pen, furieux qu'il soit parvenu à l'empêcher de présider la séance inaugurale de juillet 2009 en tant que doyen d'âge.