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Manchester a bâti son modèle sur les succès de Ferguson
Mis à jour le 08/05/2013 à 19:45 - Publié le 08/05/2013 à 17:24
Acheté 18 millions d'euros en 2003, Cristiano Ronaldo a été revendu 94 millions six ans plus tard au Real Madrid
Près de trente ans après l'arrivée de son manager historique en 1986, Manchester United est l'un des clubs les plus riches du monde et l'un des plus chers. Seule ombre au tableau : son importante dette contractée par son propriétaire.
«Le plus dur sera à venir pour Manchester United quand Sir Alex Ferguson partira», affirmait il y a quelques semaines Dan Jones, le patron du département sports business de Deloitte. Comme lui, beaucoup s'accordent à dire que l'équipe anglaise n'est rien sans son manager historique, arrivé à la tête des «Red Devils» (surnom donné aux joueurs de Manchester United) en 1986, et qui prend sa retraite à la fin de la saison. Les investisseurs ne s'y trompent pas: après l'annonce de la retraite de l'entraîneur écossais, les titres de Manchester United chutaient de près de 4%, à la Bourse de New York, à 18,09 dollars.
Grâce à ses triomphes sportifs, «ManU» a su se forger un modèle économique qui en fait aujourd'hui le troisième club le plus riche du monde avec près de 400 millions d'euros de chiffre d'affaires. D'aucuns affirment que Manchester a été le premier, à la fin des années 1990, à comprendre que le football est un divertissement autour duquel se construit un business équilibré. Pour cela, le club doit disposer d'un outil adéquat: le stade.
Old Trafford, l'enceinte mythique des «Red Devils»
• La Bourse pour agrandir le stade C'est ainsi qu'au début des années 1990, Manchester United s'introduit en Bourse pour agrandir son enceinte, Old Trafford. D'une capacité de 75.000 places et baptisée «le théâtre des rêves» par Sir Alex Ferguson, elle rapporte aujourd'hui plus de 120 millions d'euros au club chaque année. Là où beaucoup ont échoué, l'équipe britannique a également réussi à diversifier ses revenus grâce aux marchés financiers. La preuve: en 2002, Manchester n'a gagné aucun titre et a même perdu le championnat après trois succès consécutifs. Pourtant, le club a vu ses bénéfices augmenter de 48%. Explication: moins d'un tiers de la valeur financière de Manchester était corrélée aux aspects purement sportifs. Avec le Real Madrid et le FC Barcelone, United présente le chiffre d'affaires le plus équilibré.
• Recruter des stars pour attirer des sponsors De son côté, Alex Ferguson a rapidement compris que la réussite économique du club dépendait de son capital sympathie. Pour cela, il a attiré les plus grandes stars: de Bobby Charlton à Wayne Rooney en passant par Eric Cantona, David Beckham (formé au club) ou encore Cristiano Ronaldo. Résultat: Manchester United dispose d'une base de 800 millions de fans en Asie. Autant de joueurs emblématiques et de supporters qui ont permis au club d'attirer des partenaires, d'Adidas au début des années 1980 à Chevrolet cette année, qui a signé, à partir de 2014-2015, le plus gros contrat de sponsoring de l'histoire: plus de 60 millions d'euros par an sur sept ans. Et même quand l'assureur américain AIG a lâché Manchester en 2009, les dirigeants mancuniens ont réussi, en pleine crise, à le remplacer un an plus tard par Aon...un concurrent d'AIG.
Cantona, devenu «The King» à Manchester United.
• «ManU» pénalisé par la mutualisation des droits TV Quant à ses revenus télévisuels, il s'élèvent à près de 130 millions d'euros pour la saison 2011-2012. Un chiffre nettement inférieur à celui du Real Madrid qui a gagné cette saison-là près de 200 millions de droits TV. A l'inverse du Real Madrid, qui peut négocier directement avec les diffuseurs les montants, «ManU» est obligé de partager avec les autres équipes du championnat britannique ces revenus. Un avantage pour les grands clubs espagnols qui, à terme, sera supprimé par la loi.
Si, aujourd'hui, Manchester United est reconnu comme étant l'un des clubs les mieux gérés au monde, c'est aussi parce qu'il a été le premier à imposer le principe d'un «salary cap». C'est ainsi que sa masse salariale ne dépasse pas 50% de son budget. La moyenne des rémunréations du club est de 4,11 millions d'euros, soit 1,4 million de moins que son rival géographique de Manchester City et 2,5 millions de moins que le FC Barcelone.
• Une dette lourde à porter Seule ombre au tableau - et elle est de taille -, sa dette de plus de 360 millions d'euros, contractée par son propriétaire, l'homme d'affaires américain Malcolm Glazer, qui a racheté le club en 2005. Il y a huit ans, elle s'élevait à 800 millions d'euros. Fait unique dans le monde du football, le produit de la vente des joueurs mancuniens sert à réduire cette dette et n'est donc pas intégré dans son budget. Un handicap majeur pour Manchester United qui, s'il vient de remporter son vingtième titre de champion d'Angleterre, peine à briller sur la scène européenne.
Malgré cette dette, le club reste une marque très rentable. L'an dernier, il a présenté un bilan positif de 35,9 millions d'euros. Depuis son entrée en août dernier sur le New York Stock Exchange, à 14 dollars, le cours a grimpé de 34% et Manchester United est désormais valorisé à la Bourse de New York à 3,07 milliards de dollars. Selon Deloitte, l'équipe mancunienne a les moyens, à terme, de réduire l'écart avec le Real et le Barça. «Son partenariat avec General Motors (plus de 60 millions d'euros par an) lui permettra de doubler ses revenus de sponsoring en 2014-2015, explique Austin Houlihan, consultant chez Deloitte. En outre, le club gagnera 20 à 30 millions de livres (entre 23,6 et 35,4 millions d'euros) en plus par an».