Saint-Denis : une femme brûlée vive par deux agresseurs

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Saint-Denis : une femme brûlée vive par deux agresseurs

Publié le 16.01.2012, 08h01


SAINT-DENIS (SEINE-SAINT-DENIS), HIER. Cet immeuble situé dans un quartier calme a été le théâtre d’une agression cruelle. Une femme a été brûlée vive.

Une femme de 50 ans a été aspergée d’essence et brûlée vive par deux individus encagoulés, hier matin, à 3h40, au quatrième étage d’un immeuble d’une rue calme du nord de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ce drame a choqué l’ensemble des locataires et un début de psychose s’est installé parmi eux. Depuis une semaine, pas moins de quatre départs d’incendie ont eu lieu dans le bâtiment.

L’immeuble, en brique rouge, est propre et la rue tranquille. Pourtant, très tôt le matin, une partie des habitants a été tirée de son sommeil. « J’ai entendu le bruit d’un hélicoptère, raconte le gardien du stade Delaune, situé à proximité de l’immeuble. Je l’ai vu atterrir sur le terrain de foot. Les gars du Samu y ont mis un corps recouvert d’une couverture de survie. » Il s’agit d’une femme qui a été brûlée vive par deux hommes, une heure plus tôt. L’appareil s’est rendu à l’hôpital de Tours (Indre-et-Loire), dans une unité spécialisée dans le traitement des grands brûlés. La victime est touchée au 3e degré, sur près de 40% du corps. Décrite comme une femme discrète et sans histoires par ses voisins, la victime vivait dans cet appartement avec sa fille.

« Je me suis réveillée vers 3 heures pour nourrir mon bébé, témoigne Françoise*, une voisine. A un moment, j’ai entendu crier au secours. Au début, j’ai cru que c’était moi qui rêvais puis les appels ont continué. Je suis sortie et j’ai vu de la fumée. Mon voisin est sorti avec un seau d’eau, il est monté à l’étage et il a jeté l’eau sur la voisine. Après, on a appelé la police. » La victime, consciente, aurait indiqué aux secours qu’elle avait été agressée par deux hommes encagoulés qui se seraient fait passer pour des policiers. Elle aurait ouvert la porte sans vérifier, pensant qu’un nouvel incendie s’était déclenché dans l’immeuble. Depuis une semaine, quatre départs de feu ont été constatés dans le bâtiment.

Les locataires ont organisé des tours de guet la nuit

« Dimanche dernier, on a brûlé ma poussette que je laissais dans le couloir, lâche Françoise. Le lendemain, ils ont remis ça avec un chariot de courses, à l’étage du dessous. Et comme les gens ne laissaient plus rien dans les étages, ils sont venus, à deux reprises, avec du tissu auquel ils ont mis le feu, devant la porte de différents appartements. » Maintenant, Françoise ne dort plus et sursaute au moindre bruit. « Je fais des crises d’angoisse qui me provoquent de l’urticaire, avoue-t-elle. J’ai peur pour mes enfants. Je me dis aussi que la prochaine fois, ça pourra être moi. Plusieurs fois, j’ai rêvé que mon appartement était en flammes. »

La peur est telle que, après la série d’incendies, les locataires ont organisé des tours de guet, la nuit, pour mettre éventuellement la main sur les pyromanes. Françoise, elle, a passé la nuit d’hier chez sa sœur. « Les flammes de la poussette ont endommagé la serrure de ma porte et maintenant je ne peux plus la fermer à clé, poursuit-elle. Il est hors de question que je passe une nuit de plus dans un logement qui n’est plus protégé. Et puis, tous les jours, quand je rentre chez moi, je vois les murs noircis de mon palier et l’odeur de brûlé qui me donne la nausée. Je ne veux plus rester là. »

La brigade criminelle de la police judiciaire de Paris a été saisie de l’affaire. Les enquêteurs n’excluent aucune piste. Du côté de la mairie, on est abasourdi par ce drame. « C’est un quartier très calme, en pleine rénovation urbaine, qui n’a jamais connu de problème, assure Florence Haye, première adjointe. On espère que la police mettra rapidement la main sur les coupables avant que cette histoire ne prenne trop d’ampleur. »

* Le prénom a été changé à la demande du témoin.