WEB - GOOGLE - ACTUALITE > International Boston : la piste d'un réseau terroriste effraie l'Amérique
Mis à jour le 02/05/2013 à 23:06 - Publié le 02/05/2013 à 20:12
Cette photo publiée par Dias Kadyrbayev (au centre) sur Internet le montre en compagnie d'Azamat Tazhayakov et Djokhar Tsarnaïev, à New York. Les ldeux étudiants kzakhs sont soupçonnés d'avoir fait disparaître des preuves au lendemain de l'attentat.
Deux jeunes Kazakhs et un Américain ont camouflé des preuves après l'attentat.
Sur une photo prise en novembre à Times Square à New York, les deux amis kazakhs de Djokhar Tsarnaïev, têtes rondes, yeux plissés, sourient ; lui a l'air sérieux et énigmatique, capuche rabattue sur la tête. Les trois gaillards, qui depuis un an ne se quittent plus, se sont connus à l'université du Massachusetts, à Darmouth, où leur culture russophone les a rapprochés.
Mais Azamat Tazhayakov, 19 ans, et Dias Kadyrbayev, 20 ans, étudiants étrangers fortunés envoyés étudier en Amérique, étaient-ils devenus plus que des amis - des complices, impliqués dans l'attentat terroriste de Boston? Leurs avocats le nient, affirmant qu'ils ont été «horrifiés par les attaques» et n'en avaient aucune idée. Mais dans un nouveau rebondissement de la ténébreuse affaire Tsarnaïev, ils ont été arrêtés le 20 avril pour une affaire d'expiration de visas, avant de comparaître devant une chambre d'accusation mercredi pour «complot d'entrave à la justice». Ces charges pourraient leur valoir cinq ans de prison et 250.000 dollars d'amende. Un troisième larron, Robel Philipos, qui avait connu Djokhar au lycée, a été arrêté lui aussi et accusé de faux témoignage pour avoir menti à trois reprises aux enquêteurs. Il risque huit ans de prison et 250.000 dollars d'amende.
«Une des photos te ressemble» Les chefs d'accusation pourraient changer s'il s'avérait que les trois étudiants avaient fait plus que tenter de couvrir les crimes supposés de Djokhar. D'après la déposition de l'agent spécial Scott Cieplik, du FBI, le quatuor passe toute la soirée ensemble, le 17 avril, deux jours après les attentats. Djokhar ramène les deux Kazakhs jusqu'à leur maison de New Bedford et ne repart qu'à minuit. Le lendemain, c'est encore Djokhar qui ramène Tazhayakov chez lui après un cours à 16 heures. Mais à 17 heures, quand le FBI diffuse à la télévision les photos des suspects Tsarnaïev, demandant l'aide du public, Kadyrbayev appelle Philipos en urgence et lui dit d'allumer la télévision. «Une des photos te ressemble», envoie-t-il ensuite par SMS à Djokhar. Le calme de la réponse fait froid dans le dos: «Lol, répond le jeune Tchétchène, tu ferais mieux de ne pas m'envoyer de texto.» Il ajoute: «Va dans ma chambre et prends ce que tu veux.»
Plus tard, vers 19 heures, les trois amis ayant, de leur aveu, perçu ce message comme un appel à couvrir son crime, se rendent au dortoir de Djokhar où son colocataire leur ouvre la porte et leur explique qu'il est parti depuis deux heures. Ils découvrent un sac à dos rempli de feux d'artifice vides. C'est à ce moment que «Kadyrbayev a su… que Tsarnaïev était impliqué dans l'attentat. Il a décidé d'enlever le sac à dos de la chambre, afin d'aider son ami… à éviter les problèmes», note l'acte d'accusation.
«Les failles du système»Au lieu d'alerter la police, les trois amis emportent le sac et l'ordinateur de Djokhar chez eux. Paniqués par la chasse à l'homme qui s'engage cette même nuit, ils les jettent dans un conteneur à ordures. La question qui taraude les enquêteurs est bien sûr d'établir s'ils ont fait plus grave et s'ils étaient au courant à l'avance des attentats. Un mois avant l'attaque, Djokhar leur avait affirmé être capable de construire une bombe.
Ces toutes fraîches révélations émeuvent beaucoup l'opinion en Amérique. Le présentateur de MSNBC Chris Matthews, libéral endurci, s'est énervé mercredi, doutant en direct des témoignages des jeunes gens et se demandant pourquoi on donnait des visas étudiants à des «types qui choisissent de se mettre du côté des terroristes et des ennemis du pays».
Le représentant démocrate de New York, Charlie Rangel, a estimé qu'ils «ne disent pas toute la vérité». Indigné, le sénateur John McCain a appelé à regarder de plus près les «failles du système d'immigration» et à en tenir compte dans la réforme qui se prépare. «Nous devons regarder le passé et le profil des gens qui sont autorisés à entrer (en Amérique), particulièrement quand ils viennent de pays qui ont des histoires, comme le Daguestan ou la Tchétchénie», a-t-il dit.