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Le virus de la grippe H7N9 dangereux pour l'homme
Publié le 24/04/2013
Analyse du virus H7N9 reçu de Chine, au Centre national de la grippe à Taipei (Taïwan).
La transmission interhumaine n'a pas été démontrée. Mais sa capacité à infecter l'homme à partir de volailles est très forte.
L'enquête de cinq jours menée en Chine par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas permis de lever tout le mystère sur le nouveau virus de la grippe aviaire. Tout juste sait-on aujourd'hui que le H7N9 est «l'un des virus de la grippe les plus dangereux pour l'homme que nous ayons jamais vu», a indiqué mercredi Keiji Fukuda, un expert de l'OMS, lors d'un compte rendu de ces investigations.
Depuis sa détection en mars, le H7N9 a infecté 108 personnes et causé 22 morts en Chine. Le nombre de nouveaux cas, compris entre 5 et 8 par jour, est pour le moment stable. La plupart des contaminations ont été enregistrées dans la région de Shanghaï, dans l'est du pays, et dans cinq provinces avoisinantes. Taïwan a par ailleurs annoncé hier un premier cas: un homme de 53 ans hospitalisé dans un état grave après un voyage en Chine. Sujet à l'hypertension, il souffrait d'une hépatite. Selon le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence pour la grippe, «le H7N9 est parfaitement adapté à l'homme, qu'il infecte avec une grande facilité». Les patients sont en majorité des hommes, dont la moyenne d'âge est supérieure à 60 ans.
À ce stade, l'équipe d'experts internationaux dépêchée en Chine écarte le scénario le plus inquiétant, celui d'une transmission du virus d'homme à homme. Une hypothèse confirmée par une étude publiée jeudi dans The Lancet. Mais le mode de contamination demeure en partie mystérieux. Si la volaille est aujourd'hui considérée comme la source presque certaine de l'infection, près de la moitié des malades analysés n'ont eu aucun contact avec des poulets avant le déclenchement de la maladie. C'est notamment le cas du patient taïwanais. Les virologues étudient par ailleurs deux cas de personnes infectées au sein d'une même famille. «Du point de vue génétique, le H7N9 a en tout cas fait les mutations que l'on sait indispensables à une transmission interhumaine, souligne Bruno Lina. Mais il manque apparemment un verrou et nous ignorons lequel.»
Infection silencieuseUne des caractéristiques de cette nouvelle grippe aviaire est sa capacité à se camoufler chez les poulets, pigeons et canards qu'elle infecte silencieusement, sans les rendre malades. Cela rend très difficile le contrôle et le suivi de la propagation du virus - qui peut survivre plusieurs jours dans l'environnement.
Les experts relèvent toutefois plusieurs faits rassurants. D'abord, une absence de contamination des oiseaux migrateurs, qui sont susceptibles de disperser le virus sur de grandes distances. Ensuite, l'efficacité des mesures prises à Shanghaï, où la fermeture des marchés à ciel ouvert a entraîné une baisse immédiate du nombre de nouveaux malades. Pour les experts, la priorité absolue est de limiter au maximum le passage du virus de la volaille à l'homme. «À chaque fois que le H7N9 infecte un homme, il a davantage de chances d'acquérir la mutation manquante qui lui permettrait de devenir transmissible entre humains», explique Vincent Enouf, de l'Institut Pasteur.
Les scientifiques restent aux aguets. En France, comme à chaque fois qu'un nouveau virus apparaît dans le monde, des mesures de vigilance ont été mises en place. Elles concernent les voyageurs déclarant un symptôme grippal à leur retour de Chine.