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Syrie : l'Occident étoffe son aide aux rebelles
Mis à jour le 22/04/2013 à 16:44 - Publié le 21/04/2013 à 18:12
Un rebelle syrien montre une mosquée détruite à Alep, dans le nord de la Syrie.
L'Amérique va doubler sa contribution aux insurgés. Paris et Londres veulent assouplir l'embargo sur les armes.
Après des mois d'un surplace frustrant, l'Occident semble prêt à faire monter la pression politique et militaire sur Bachar el-Assad. Les États-Unis vont doubler leur aide à la révolte syrienne, tandis que l'Allemagne signale pour la première fois qu'elle pourrait consentir au desserrement de l'embargo sur les armes recherché par la France et par le Royaume-Uni.
Des deux côtés de l'Atlantique, la nouvelle dynamique est née ces derniers jours d'un constat désespérant: «Il y a un an, el-Assad croyait qu'il allait perdre, dit un ambassadeur au cœur de la discussion. Aujourd'hui, le régime croit à nouveau qu'il peut gagner. Bachar n'a aucune incitation à négocier sa sortie tant que cette illusion subsiste. Il faut la briser.»
Les premiers éléments se sont mis en place ce week-end, lors d'un rendez-vous des Amis de la Syrie à Istanbul, en Turquie. Il s'agit de «muscler» militairement l'opposition pour amener enfin le régime à composer. «Nous devons changer le calcul du président Assad», insiste le secrétaire d'État américain. John Kerry a confirmé une aide supplémentaire de 123 millions de dollars aux rebelles. Depuis février, Washington fournit officiellement assistance médicale et rations alimentaires. Cette fois, il s'agira d'équipement militaire, bien que Barack Obama exclue la livraison d'armes de guerre. Le Pentagone pourrait fournir des vestes pare-éclats et des lunettes de vision nocturne.
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L'embargo imposé à l'ensemble du territoire n'empêche nullement l'armée du régime de s'approvisionner librement auprès de la Russie et de l'Iran
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La réponse américaine reste bien en deçà du minimum espéré par l'opposition anti-Assad et l'Armée syrienne libre. À Istanbul, elles ont réclamé des frappes aériennes sur les rampes de missiles et les dépôts d'armes chimiques du régime. Sur le modèle libyen, les rebelles souhaitent aussi voir instaurer des zones d'interdiction aérienne, afin de protéger l'espace saisi à l'ennemi.
Le second volet de la réponse est européen: depuis six semaines, Londres et Paris poussent à amender ou à lever l'embargo sur les livraisons d'armes imposé à l'ensemble du territoire syrien. L'interdit, propre à l'Union européenne (UE), n'empêche nullement l'armée du régime de s'approvisionner librement auprès de la Russie et de l'Iran. Il a aussi l'effet pervers de laisser les factions islamistes de la rébellion se renforcer et s'armer auprès de l'Arabie saoudite et du Qatar, au risque de marginaliser l'opposition «modérée» soutenue par l'Occident. Si la résistance raisonnable «n'est pas soutenue et aidée, ce sont les extrémistes - parmi lesquels al-Nosra, filiale d'al-Qaida - qui risquent de l'emporter demain», dit Laurent Fabius.
Jusqu'ici, une bonne moitié des capitales de l'UE menées par Vienne, La Haye et surtout Berlin s'opposent à toute livraison d'armement, jugeant qu'il y en avait déjà bien assez sur le terrain. Mais, à la veille d'un conseil des affaires étrangères de l'UE, suivi mardi d'un rendez-vous des 28 ministres des pays membres de l'Otan, l'Allemagne infléchit sa position: «Si un ou deux pays de l'UE jugent qu'il n'y a pas de risque que les armes tombent en de mauvaises mains, alors nous devrons respecter leur avis», a lâché le chef diplomate Guido Westerwelle, à son retour d'Istanbul. En clair, si Paris et Londres réussissent à rassurer leurs alliés, Berlin pourrait rapidement céder à la pression.