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Après un long hiver, gare au pollen
Publié le 18/04/2013
Alors que chez beaucoup de fleurs, les pollens sont agglutinés et transportés par les insectes, les arbres en libèrent par milliards dans l'atmosphère dès qu'ils sont arrivés à maturité.
INFOGRAPHIE - Les concentrations sont tellement fortes que même les personnes peu allergiques peuvent en souffrir.
Le printemps 2013 pourrait être pénible pour les personnes allergiques et les autres. «Les concentrations de pollen sont tellement élevées actuellement que même les sujets peu sensibles vont être touchés, assure Michel Thibaudon, directeur du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA). On peut parler de véritable explosion. Il y a trois fois plus de pollen en suspension que d'habitude.»
Les mauvaises conditions météorologiques ont retardé la végétation de deux à trois semaines dans le nord comme dans le sud du pays. Au lieu de s'étaler sur plusieurs semaines comme c'est le cas habituellement, la floraison va se dérouler dans un laps de temps beaucoup plus court.
De fait, les stations de mesure du RNSA ont enregistré une élévation spectaculaire des concentrations de pollen depuis le début de la semaine quand les températures ont brutalement remonté. «À Paris, il y a actuellement près de 250 grains de pollen par m3 et par jour», signale Michel Thibaudon, de passage jeudi dans la capitale. Or, les personnes allergiques ressentent une gêne à partir de plusieurs dizaines de grains seulement.
» Département par département, la carte interactive des risques allergiques
Dans le nord du pays, ce sont les bouleaux et les frênes qui émettent le plus de pollens allergisants
(voir infographie ci-dessous). Dans le Sud, ce sont les cyprès et les chênes. De leur côté, les risques associés au pollen de saule, d'aulne et de noisetier restent faibles. Mais la floraison prochaine des graminées, à l'origine du fameux rhume des foins, ne laissera guère de répit aux allergiques.
Les grains de pollen sont l'élément mâle des plantes. Alors que chez beaucoup de fleurs, ils sont agglutinés et transportés par les insectes, les arbres en libèrent par milliards dans l'atmosphère dès qu'ils sont arrivés à maturité. Le vent peut les transporter à des dizaines de kilomètres de distance, les entraîner à très haute altitude et leur faire faire le tour de la Terre. Le diamètre moyen d'un grain ne dépasse pas 25 microns (μm ou millionièmes de mètre). Le plus petit, celui du myosotis, ne dépasse pas 7 μm. Ceux de certains conifères ont un diamètre de 250 μm.
Plusieurs études récentes ont montré que les émissions de pollen peuvent varier considérablement d'une année sur l'autre ainsi que d'une région à l'autre. À Munich, par exemple, des différences de concentration de 1 à 10 ont été relevées sur une seule période de trois ans. Le phénomène reste à ce jour encore inexpliqué.
L'importance de la météoLe lien entre le pollen et le risque allergique n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire. Des recherches ont montré que les concentrations d'allergènes peuvent varier pour une même espèce végétale dans un rapport de 1 à 6 en fonction des conditions météorologiques, de la pollution en microparticules et «d'autres facteurs encore insuffisamment cernés», comme le souligne l'étude pilotée par M. Thibaudon (
Revue des maladies respiratoires, en ligne).
Pour cette raison, les calendriers polliniques ont fait place à des calendriers de risque allergique. Ils sont pertinents à une échelle régionale et sur un laps de temps assez large. On est encore loin de pouvoir mesurer en routine localement les taux d'allergènes dans l'air.
En attendant, les personnes allergiques doivent savoir que le risque n'est pas le même tout au long de la journée. Les arbres comme le bouleau libèrent leur pollen en fin de matinée. L'ambroisie, une plante envahissante, très présente dans la région Rhône-Alpes, a un rythme circadien très marqué. «Elle libère l'essentiel de son pollen en extrême fin de nuit et en début de matinée», comme le note M. Thibaudon.
La météo peut jouer elle aussi un rôle amplificateur. «En période d'orage, la chaleur et l'humidité font éclater les grains, ce qui libère les substances allergisantes», indique Charlotte Sindt, du RNSA.