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Boko Haram, la secte anti-Occidentaux se radicalise
Mis à jour le 20/04/2013 à 18:22 - Publié le 20/02/2013 à 16:13
Des membres de la secte Boko Haram, dont son leader Abubakar Shekau (au centre). Image extraite d'une vidéo diffusée en mars 2013.
Les sept otages Français retenus en otages durant deux mois au Nigeria ont été détenus par la secte islamiste Boko Haram. Ce groupe terroriste, influencé par al-Qaida, se tourne vers le rapt d'Occidentaux.
Les sept Français, arrivés samedi matin à Paris après deux mois de captivité au Nigeria, ont été retenus en otages par le groupe islamiste Boko Haram. Cette secte a été fondée en 2002 par l'imam Mohammed Yusuf, à Maiduguri, dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria. Alors que le sud de ce pays - qui est avec plus de 160 millions d'habitants le plus peuplé d'Afrique - est à dominante chrétienne, le nord est à majorité musulmane. Le mouvement prône l'instauration d'un émirat islamique au Nigeria, avec une stricte application de la charia. De fait, les militants de Boko Haram, qui signifie «l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, se réclament des talibans afghans.
À ses débuts, le groupe est essentiellement composé de diplômés de l'université et de personnes ayant rompu avec leur milieu social d'origine, classe aisée ou classe moyenne. Quelque 200 personnes établissent un camp près de la frontière avec le Niger, dans le village de Kanamma, dans l'État de Yobe, dans le nord-est du pays. À partir de cette base, ils commencent à lancer des attaques sur les postes de police, à tuer des policiers et voler des munitions.
La radicalisation après la répressionEn 2009, alors que les militants intensifient leurs raids à Maiduguri, l'armée investit brutalement la ville et tue 800 personnes. La mosquée servant de quartier général au mouvement est rasée, leur chef Mohammed Yusuf est tué en prison. Le groupe, qui se réorganise autour de l'ancien lieutenant Abubakar Shekau, quitte ses fiefs du nord et se radicalise. Ses militants, surnommés par les habitants les «talibans», multiplient des raids meurtriers visant policiers, militaires, hommes politiques et responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Les églises catholiques mais aussi les bars servant de l'alcool sont visés.
Un champ d'action étenduDepuis mi-2010, la secte, jusqu'alors active dans le Nord, a élargi son champ d'action à d'autres régions, situées plus à l'ouest. Des attentats y sont régulièrement perpétrés, surtout pendant les fêtes de Noël. Ils font 80 morts à Jos en décembre 2010, 35 morts à Abuja l'année suivante et au moins six victimes près de Potiskum, en décembre dernier. Les étrangers ne sont pas épargnés: en août 2011, la secte s'en prend au bureau de la représentation des Nations unies, sa première cible internationale, faisant plusieurs morts.
Les premiers rapts d'OccidentauxBoko Haram n'avait jamais revendiqué d'enlèvements d'étrangers avant la prise d'otage de la famille française, ce qui laisse à penser que sa stratégie est en train de changer. «L'organisation a franchi un cap, explique Cyril Musila, chercheur à l'Institut français de relations internationales. D'abord les coupeurs de route, puis les attentats, les enlèvements locaux et enfin d'Occidentaux.»
Si la filiation à al-Qaida n'a jamais été officialisée, le recours, depuis quelques mois, à des kamikazes ou à des engins explosifs de plus en plus complexes attestent de liens directs avec la branche maghrébine d'al-Qaida (Aqmi). Les liens de la secte semblent en effet dépasser les frontières du Nigeria. En juin 2011, le mouvement a affirmé dans un communiqué que certains de ses membres avaient reçu une formation militaire en Somalie, en partie contrôlée par les chebab, combattants islamistes liés à al-Qaida.
Une milice issue de Boko Haram, nommée Ansaru, aurait elle calqué son modus operandi sur celui d'al-Qaida, organisant des opérations spectaculaires et des rapts a déjà revendiqué plusieurs enlèvements étrangers dont celui de l'ingénieur français, Francis Collomp, en décembre 2012.