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À 100 jours du scrutin, 10 questions sur la présidentielle
Publié le 13/01/2012 à 10:49
L'échéance se rapproche bien qu'il reste encore des inconnues dans l'équation. De ces dernières dépendra le résultat final. Les clés pour comprendre les enjeux de l'élection.• Quand Nicolas Sarkozy sera-t-il candidat ?
Le chef de l'État a toujours dit qu'il souhaitait une campagne courte. Mais au fur et à mesure qu'il se rapprochait de l'échéance, la «ligne d'horizon» d'une déclaration de candidature a reculé. Il devait d'abord l'annoncer à l'automne. Mais, le 27 octobre, à la télévision, Nicolas Sarkozy a expliqué qu'il se déclarerait probablement «fin janvier, ou début février». Désormais, il est à peu près clair que le président de la République se déclarera au plus tôt fin février, après la suspension probable des travaux de l'Assemblée. Au plus tard, il peut attendre la mi-mars, juste avant le dépôt officiel des candidatures. Nicolas Sarkozy a l'intention de rester président « le plus longtemps possible ».
• François Hollande peut-il sortir de l'ambiguïté ?
François Hollande a choisi sa stratégie: décliner son projet touche par touche. En réalité, on connaît déjà la plupart de ses propositions, d'autres seront puisées dans le projet socialiste. Toute la question pour lui est d'adapter son projet au contexte mouvant de 2012, sans décevoir un électorat qui aspire au changement. Mais les marges de manœuvre sont limitées. Hollande a promis que sa plate-forme serait dévoilée fin janvier. Le temps de la précision sera venu.
• François Bayrou peut-il créer la surprise ?
C'est le démarrage le plus fulgurant de la campagne 2012: parti de 7 %, François Bayrou est désormais crédité de quelque 15 % des suffrages. Soit cinq points de moins que le meilleur score de Marine Le Pen. En 2007, il était arrivé troisième avec 18,57 %, contre 10,44 % à Jean-Marie Le Pen. Cette fois, il vise le second tour. Ses atouts: l'endettement de la France, sujet central du débat présidentiel, était déjà son cheval de bataille en 2007. En outre, selon les sondages, les classes moyennes détiendront plus que jamais les clés du scrutin. Or elles votent majoritairement soit pour le MoDem, soit pour les Verts. De ce point de vue, l'investiture d'Eva Joly, qui ne décolle pas, sert François Bayrou. Reste que Marine Le Pen s'annonce plus coriace que son père, et que le candidat centriste n'a toujours ni projet ni troupes.
• S'il est éliminé, qui Bayrou soutiendra-t-il au second tour ?
François Bayrou l'a promis: s'il était éliminé au premier tour, il se prononcerait pour l'un des deux finalistes, contrairement à 2007. En cas de duel Sarkozy-Hollande, les paris sont ouverts sur le choix du président du MoDem. Deux de ses lieutenants les plus influents, les eurodéputés Marielle de Sarnez et Jean-Luc Bennahmias, penchent pour le candidat PS. Mais les plus récents convertis à la cause du candidat MoDem, les ex-ministres Jean Arthuis, Philippe Douste-Blazy et Alain Lambert, viennent de la droite. Ce sera donc à Bayrou lui-même de trancher entre les propositions qui lui seront faites.
• Marine Le Pen peut-elle être empêchée de concourir ?
Les déclarations alarmistes de Marine Le Pen sur la collecte des 500 parrainages semblent correspondre à des difficultés réelles sur le terrain. Des personnalités politiques de tous bords, d'Eva Joly à Bernard Accoyer (UMP), ont jugé légitime que la présidente du FN puisse se présenter. Marine Le Pen menace Nicolas Sarkozy de représailles à la présidentielle et aux législatives si elle ne pouvait être en lice. La date limite de dépôt des parrainages au Conseil constitutionnel est fixée au 16 mars.
• Peut-il y avoir un 21 avril à l'envers ou un 21 avril bis ?
Le séisme de l'élimination de Lionel Jospin au 1er tour de la présidentielle de 2002 est devenu un marqueur de la vie politique française. La menace de voir la candidate FN au second tour a été réactivée il y a dix-huit mois par les sondages. Depuis, les enquêtes ne qualifient plus Marine Le Pen au second tour. Nicolas Sarkozy est parvenu à solidifier son assise électorale autour de 25-26 %, quand Marine Le Pen se situe autour de 16-18 %. De plus, les candidats de droite qui auraient pu prendre des voix à Sarkozy au premier tour ont du mal à faire vivre leur candidature. À gauche, les difficultés d'Eva Joly, comme des représentants de la gauche de la gauche, renforcent la position de François Hollande au premier tour.
• Eva Joly peut-elle remonter la pente ?
Désormais, l'objectif pour les écolos, c'est de passer la barre des 5 %, ne serait-ce que pour des questions financières. Le pari est loin d'être gagné. Eva Joly, choisie par les militants au détriment de Nicolas Hulot, ne dépasse pas les 3 ou 4 % dans les sondages. Les cadres d'Europe Écologie-Les Verts sont plongés dans la rédaction de leur programme, prévu pour la mi-février. Mais, pour beaucoup d'écolos, l'enjeu principal, ce n'est pas la présidentielle, mais les législatives.
• Combien y aura-t-il de candidats ?
De la vingtaine de candidats à la candidature, cinq seulement sont assurés d'avoir leurs 500 signatures pour pouvoir concourir: Nicolas Sarkozy, François Hollande, François Bayrou, Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon. Marine Le Pen entretient le doute et Nathalie Arthaud (LO) devrait les obtenir comme jadis Arlette Laguiller. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan affirme avoir assez de promesses. Le combat est plus rude pour Christine Boutin (PCD), Frédéric Nihous (CPNT), Corinne Lepage (Cap 21) et Philippe Poutou (NPA). Les candidatures d'Hervé Morin, de Dominique de Villepin et de Jean-Pierre Chevènement restent incertaines.
• Mélenchon va-t-il unir la gauche extrême et radicale ?
Jean-Luc Mélenchon va-t-il gagner son pari de l'unité de la gauche extrême et radicale, malgré l'avis des intéressés eux-mêmes? Pendant des mois en 2011, avant d'être désigné par le Parti communiste pour porter les couleurs du Front de gauche, l'ex-socialiste a tendu la main au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), désormais représenté par Philippe Poutou. En vain. La dynamique de la campagne de Mélenchon, malgré des sondages qui stagnent à 7 %, pourrait attirer les électeurs de la gauche extrême. Surtout si Poutou ne parvient pas à réunir ses parrainages.
• Y a-t-il un risque de cohabitation après les législatives ?
Trente-cinq jours seulement après la présidentielle, le chef de l'État nouvellement élu ou réélu devra affronter les législatives, les 10 et 17 juin. Si par trois fois déjà dans l'histoire de la Ve République (1986-1988, 1993-1995, 1997-2002), droite et gauche ont eu à partager le pouvoir exécutif, la cohabitation semble aujourd'hui plus difficile depuis l'instauration du quinquennat. Même quand le sort des urnes est aussi délicat que ne le fut la seconde élection de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen, les Français ont confirmé leur choix en lui donnant une majorité. La gauche n'avait pas réussi à transformer ces législatives en «troisième tour» de revanche. À gauche comme à droite, peu de responsables tablent sur un résultat différent entre mai et juin. Si François Hollande était élu, tous s'attendent à une vague rose à l'Assemblée. Si l'élection était favorable à Nicolas Sarkozy, l'UMP et ses alliés ont également toutes les chances de se retrouver majoritaires.