Cet album, composé de six chansons, résume assez bien le parcours atypique et exaltant de cet auteur-interprète reconnaissable entre tous à son chapeau feutre, vert kaki. «Welli», un concentré de Folk et de Country à l’algérienne, comprend des ballades à thématique sociale que l’auteur a mis des années à fignoler en y apportant sa propre touche à travers des rythmes et des mélodies élaborées. «Les artistes», «Dont Cry For Me lady», «Oued Mekerra», «Mon fils» ou en encore «La Dignité» évoquent sa ville natale, Sidi Bel Abbès, les tourments des personnes du troisième âge, ses désillusions et des souvenirs de jeunesse.
Lors de l’enregistrement de son album, «l’homme au chapeau», comme se plaisent à l’appeler ses amis, a dû faire appel à son fils Mohamed qui l’accompagne à l’harmonica, au virtuose du synthé Karim Merabet, tous deux supervisés par le jeune producteur Yahiaoui Toufik. Géologue-minéralogiste de formation, Mokhtar Hanitet a débuté sa carrière de musicien avec les «Aigles Noirs» (1973) avant de fonder, avec d’autres artistes locaux, les groupes «Africa» (1975) et «Tessala Entreprise» (1987) dont certains membres avaient fait partie de «Raïna Raï», groupe mythique de la Mekerra.
Il a campé également, ces deux dernières décennies, plusieurs rôles de comédien et a composé les musiques de plusieurs pièces produites par le théâtre de Sidi Bel Abbès, entre autres, «Prisonnier 7046», mise en scène par Lahbib Medjahri, «El maaza oua el Fil» d’Arrouche Abdelkader et «Aboud 1er» de Bouziane Benachour. Infatigable troubadour, ce quinquagénaire, fin connaisseur de la musique raï, a longtemps été influencé par des genres musicaux divers tels que le blues, le rock et le country. Auteur, compositeur, comédien et interprète, Hanitet est indubitablement un touche-à-tout.
C’est qu’il tient forcément sa passion pour la musique de son père, membre de la fanfare de Sidi Bel Abbès en 1948 où il jouait du clairon. Outre la sortie de l’album «Welli», Hanitet Mokhtar est sur le point d’achever un ouvrage consacré à l’histoire du raï dans la ville de Sidi Bel Abbès, intitulé «Une musique, un style, une ville».