Nicolas Sarkozy ne veut pas mettre d'huile sur le feu

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Nicolas Sarkozy ne veut pas mettre d'huile sur le feu

Mis à jour le 23/03/2013 à 10:30 | publié le 22/03/2013 à 19:36


Nicolas Sarkozy a demandé à sa garde rapprochée de ne pas s'en prendre à l'institution judiciaire.

VIDÉO - L'ancien président écarte pour l'instant l'hypothèse d'une intervention télévisée.

Jeudi soir, à Bordeaux, Nicolas Sarkozy a été surpris et ulcéré d'apprendre qu'il était désormais «mis en examen». L'annonce l'a effectivement surpris, comme il l'a dit au téléphone à plusieurs proches dès jeudi soir. Dans la matinée de vendredi, il a conduit une longue réunion avec son cabinet, rue de Miromesnil à Paris, pour préparer la riposte sur le plan judiciaire et médiatique. Il a envisagé de réagir en direct à la télévision, sur TF1. Cette option semble finalement écartée, pour ne pas «solidariser» le corps judiciaire autour du juge Gentil.

Nicolas Sarkozy a aussi été rassuré par «le jugement plutôt équilibré de la presse» sur la décision du juge Gentil, confie un proche. Il a même été amusé de voir Jean-François Copé et François Fillon faire bloc pour le défendre. «Ils ne pouvaient pas faire autrement!», s'est-il exclamé. Ce proche estime que la mise en examen de l'ancien président, si elle constitue un obstacle sur la route de son retour, contribue aussi à le présenter en victime. «Ce genre d'événement permet de ressouder un peu plus à chaque fois l'UMP et la droite derrière lui», estime par exemple l'eurodéputé Brice Hortefeux.

Ce dernier, tout comme sa garde rapprochée, a reçu instruction de ne pas s'en prendre à l'institution judiciaire. En effet, dès vendredi matin, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a reproché au juge Gentil de «déshonorer la justice» par ses «accusations grotesques». Le député des Yvelines revendique son droit à l'indignation à la libre critique de la justice, mais Nicolas Sarkozy a jugé qu'il était allé trop loin. «Il a fourni à Taubira le prétexte dont elle avait besoin pour réagir», regrette un proche.

Ne rien lâcher

La ministre de la Justice a en effet rappelé vendredi l'indépendance de la justice et indirectement assuré de son soutien le juge Jean-Michel Gentil. L'Union syndicale des magistrats (USM), majoritaire, a même annoncé qu'elle saisirait la ministre de la Justice pour engager des poursuites pour «discrédit jeté sur une décision de justice». Une notion floue, qui n'est en général qualifiée «que si on accuse un juge de corruption», précise un proche du dossier.

Nicolas Sarkozy reste néanmoins ulcéré. «Ce juge qui affecte de ne jamais l'appeler “monsieur le Président“, qui vous traite comme un vulgaire assassin, il trouve ça choquant», confie l'un de ses interlocuteurs. Comme l'a dit son avocat, Me Thierry Herzog, l'ancien chef de l'État pense que cette mise en examen résulte d'une instruction «uniquement à charge».

«Gentil a fait des perquisitions à son domicile, dans son bureau, chez sa secrétaire, il s'est déplacé plusieurs fois à Paris pour entendre personnellement tous les employés de Mme Bettencourt, et il a entendu Nicolas Sarkozy pendant 13 heures en octobre, et 9 heures cette fois-ci», explique-t-on dans l'entourage de l'ex-président. On s'étonne aussi de la qualification d'«abus de faiblesse» sur Liliane Bettencourt, alors que son mari André Bettencourt était encore vivant, et avait toute sa tête.

Nicolas Sarkozy entend évidemment ne rien lâcher. «C'est un animal de combat», sourit un proche. Et il laisse l'avenir ouvert. «Ou bien ce truc “fait pschitt” comme disait Chirac, et à la limite il sera apparu comme une victime face à un petit juge ivre de sa fonction, soit on attendra trois ans, et il se passera tant de choses que personne ne peut dire quelles conséquences cela aura sur un éventuel retour», résume l'un de ses habituels confidents. En attendant, Nicolas Sarkozy absorbe le choc. «C'est dur, mais moins grave que l'affaire Clearstream où il a vraiment risqué sa peau», relativise cet ami. «Sarkozy s'est remis de Clearstream, il surmontera des accusations du juge Gentil», conclut-il.

VIDEOS : Henri Guaino et Patrick Balkany ont-ils perdu leur sang-froid ?







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La gauche met en garde contre le risque du «tous pourris»

Nul doute que François Hollande, qui sera jeudi l'invité de France 2 entre 20h15 et 21h, aura à évoquer le délicat sujet de l'intrusion de la justice dans la vie politique. Vendredi, sans s'en prendre directement à Nicolas Sarkozy, la gauche a mis en garde contre le risque du «tous pourris» qui guette, avec la mise en examen de l'ancien chef de l'État, deux jours à peine après la démission du ministre du budget Jérôme Cahuzac. «La pluralité des mises en cause provoquera la colère de l'opinion», a prévenu le député PS Jean-Christophe Cambadélis, pour qui «il ne faut pas être grand clerc pour comprendre la traduction électorale de tout cela en cette époque de grand chômage, de crise et de croissance à l'arrêt». Appelant à respecter «l'indépendance des juges» le premier secrétaire du PS, Harlem Désir, a assuré qu'il n'y avait que «dans les pays où la justice ne peut pas enquêter sur des affaires qui concernent des personnalités qu'on peut considérer qu'on alimente la défiance». Et a concentré ses critiques sur ceux qui ont parlé «d'acharnement» contre Nicolas Sarkozy. La ministre du Logement, l'écologiste Cécile Duflot, a dénoncé «les cris d'orfraie de M. Guéant, de M. Guaino». Le premier ministre lui-même, Jean-Marc Ayrault, a jugé que les attaques de l'UMP contre la justice n'étaient «pas dignes».