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Comment le Pape vit-il avec un lobe de poumon en moins ?
Publié le 14/03/2013
Suite à une pneumonie, le pape François a subi à 21 ans l'ablation d'un lobe pulmonaire.
Comme le souverain pontife, ils sont des milliers à avoir subi l'ablation d'un ou partie d'un poumon. Une opération risquée mais dont il est possible de récupérer largement. C'est une des premières informations qui a circulé mercredi soir, peu après que l'on a appris le nom du nouveau pape: le cardinal Jorge Mario Bergoglio aurait eu de graves problèmes pulmonaires dans sa jeunesse conduisant à l'ablation d'un poumon. Certains y ont vu le signe d'un «état de santé fragile», d'autres en ont fait une explication de l'aversion du Pape pour les voyages. Les cardinaux électeurs français ont même admis publiquement que la santé du nouveau pape avait été une vraie question lors du conclave. Le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi a donc apporté jeudi des précisions sur la santé papale, indiquant que le souverain pontife a en réalité subi en 1957 «une opération au cours de laquelle une partie d'un poumon lui a été enlevée». En France l'an passé, ce sont 386 patients qui ont subi l'ablation d'un poumon. S'il s'agit d'une intervention lourde, la pneumonectomie dans la plupart des cas ne réduit ni l'espérance ni la qualité de vie des patients.
Un peu plus de 4300 pneumonectomies ont été réalisées au cours des huit dernières années en France, selon la base de données Epithor, mise en place par la Société française de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire pour répertorier les interventions chirurgicales du thorax réalisées dans le pays. «La plupart des interventions pour enlever un lobe ou tout le poumon sont liées aujourd'hui à des tumeurs cancéreuses, précise le Pr Pascal-Alexandre Thomas, chef du service de chirurgie thoracique de l'hôpital nord de Marseille. Si dans les années 50 il était courant d'opérer des jeunes gens, c'est devenu très rare.» Les malformations congénitales et les traumatismes, accidents de la route ou plaies par balles, sont les principales indications chez ces jeunes patients.
Pas de marathon, mais du sport quand mêmeÀ la fin des années 50, lorsque le pape François a été opéré, les choses étaient bien différentes. Les maladies infectieuses étaient encore très répandues, et l'antibiothérapie n'en était qu'à ses premiers balbutiements. C'est d'ailleurs une infection, une pneumonie aiguë selon l'Agence catholique argentine, qui aurait valu au Pape l'ablation de la partie supérieure du poumon droit. «À l'heure actuelle, les pneumonectomies liées à des pathologies infectieuses représentent seulement 2 % des ablations pulmonaires», précise le Pr Thomas.
L'ablation d'un poumon peut avoir un impact important sur l'état de santé du patient. La récupération complète nécessite 3 à 12 mois selon les personnes. Et c'est déjà avant l'opération que les médecins s'en préoccupent. «Les capacités de récupération du patient sont primordiales et nous les évaluons par un bilan préopératoire complet, détaille le Pr Barlesi, chef du service d'oncologie de l'hôpital nord de Marseille. La mortalité associée à cette chirurgie reste élevée (autour de 8 % à 90 jours), nous n'y avons donc recours que si le patient est apte à supporter le retentissement d'une telle opération. Et si nous le pouvons, nous n'enlevons qu'un seul lobe, comme dans le cas du Pape.»
Quand on les interroge sur les possibilités pour l'organisme de compenser la perte de tout ou partie d'un poumon, les spécialistes expliquent que si le tissu pulmonaire restant est sain, la fonction respiratoire ne subit pas d'altération majeure. «Bien sûr il ne faut pas espérer ensuite courir un marathon ou faire de la haute montagne, nuance le Pr Barlesi. Mais la plupart des patients retrouvent une qualité de vie équivalente à celle qu'ils avaient avant la chirurgie, reprennent leur activité professionnelle et peuvent même pratiquer un sport.»
Et le médecin est formel, il n'y pas de contre indication à voyager. Le pape François a donc toute latitude pour marcher dans les pas de ses prédécesseurs et peut d'ores et déjà planifier ses futurs déplacements.