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Venezuela : un boulevard pour «l'héritier» Nicolas Maduro
Mis à jour le 06/03/2013 à 21:04 | publié le 06/03/2013 à 17:48
Nicolas Maduro, actuel vice-président, le 4 février à Caracas.
Hugo Chavez avait désigné l'actuel vice-président comme son successeur, lors de sa dernière intervention télévisée le 8 décembre 2012. Hugo Chavez était probablement, au sein de l'appareil dirigeant vénézuélien, le plus lucide de tous sur son état de santé. Depuis quelques mois, il avait patiemment préparé sa succession pour permettre au «chavisme» de lui survivre. Sans les éviter, cela limite pour l'instant les affrontements internes.
Le successeur a été désigné lors de la dernière intervention télévisée d'Hugo Chavez le 8 décembre 2012: il s'agit de Nicolas Maduro. Ministre des Affaires étrangères depuis 2006, il est devenu vice-président après la victoire présidentielle du 7 octobre dernier. Elias Jaua a ainsi été écarté, des accusations de corruption à son encontre se faisant trop insistantes. Celui-ci a ensuite été désigné ministre des Affaires étrangères par un décret curieusement signé de Caracas alors que Chavez était encore officiellement à Cuba. Le troisième candidat possible à la succession est Diosdado Cabello, qui a pris la tête de l'Assemblée nationale.
Les trois sont complémentaires au sein du chavisme, qui est un conglomérat de tendances diverses: Nicolas Maduro représente l'aile cubaine, Diosdado Cabello appartient au fondement du chavisme, l'armée - qui, traumatisée par le Caracazo (répression mortelle en 1988), craint par-dessus tout les désordres - et Elias Jaua anime la tendance la plus gauchiste. Si cet équilibre reste fragile, il est difficile à contester: le premier qui s'écarterait un tant soit peu de la ligne tracée par Hugo Chavez serait discrédité.
Malgré les rumeurs répandues par des représentants de l'opposition, il semble que l'armée restera fidèle au régime chaviste à moyen terme. Lui-même militaire, Hugo Chavez a nommé des fidèles aux postes clés et favorisé l'entrée d'anciens militaires dans la politique. Il a «chavisé» l'armée et militarisé le personnel politique. Ainsi 11 gouverneurs d'États régionaux sur 22 sont d'anciens militaires.
L'opposition inaudibleSelon la Constitution, une élection présidentielle doit être organisée dans les trente jours qui suivent la mort du président. Hugo Chavez n'ayant pas pu être investi par le tribunal suprême de justice, l'intérim doit être assuré par le président de l'Assemblée nationale. Mais le régime chaviste a déjà montré ses dispositions à prendre quelques libertés avec la Constitution. Ainsi Nicolas Maduro pourrait, en tant que vice-président, continuer à diriger le pays et mener la campagne électorale. Pour préserver les équilibres au sein du chavisme, le pouvoir pourrait même retarder les élections. Mais y a-t-il intérêt?
Si elle a lieu, la campagne présidentielle s'annonce quasi ingérable pour l'opposition: impossible de critiquer le défunt, qui a gagné 10 points de popularité en janvier selon l'institut de sondages GIS XXI - alors qu'il avait disparu depuis le 8 décembre et menti sur la guérison de son cancer pendant la dernière campagne électorale. «Tout au long de la campagne à venir, les événements vont se multiplier pour rendre hommage à Hugo Chavez. On sera dans l'émotion pure, la compassion, et aucun message politique ne sera audible», prédit un diplomate. L'opposition, regroupée au sein de la MUD (Mesa de la Unidad Democratica), semble promise au rôle de faire-valoir et de spectatrice de l'accession au pouvoir de l'héritier désigné, Nicolas Maduro.
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Cuba redoute les conséquences de la transitionLe journal officiel du Parti communiste de Cuba, le
Granma , a consacré mercredi six de ses huit pages au décès d'Hugo Chavez, renonçant à son titre rouge communiste pour un noir de deuil. Dès la fin de l'après-midi de mardi, les Cubains se sont envoyé des SMS protocolaires, mais révélateurs des craintes de l'après-Chavez. «Je suis, comme tout le peuple cubain, très triste de la mort de Chavez», a écrit prudemment ce professeur havanais. Si le régime surveille les communications, la tristesse des Cubains est réelle.
Lorsque Hugo Chavez a annoncé le 8 décembre dernier son retour à La Havane pour une ultime opération, les Cubains ont compris que sa mort n'était plus qu'une question de semaines. «Il est au Cimeq, le meilleur hôpital. Il a les meilleurs médecins et ils n'arrivent pas à le sauver», déplorait Dayana, médecin, les larmes aux yeux. «Le Venezuela est le seul pays qui nous a aidés», ajoutait Dayana.
Au-delà du deuil, les Cubains craignent qu'une victoire de l'opposition vénézuélienne aux prochaines élections plonge Cuba dans un chaos économique comparable à celui qui s'est produit après la chute de l'URSS. «Pendant la période spéciale (après la fin de l'URSS, NDLR), nous n'avions rien à manger», se souvient Dayana. Caracas fournit du pétrole à très bas prix à La Havane en échange de l'aide apportée par 35.000 médecins et infirmières de l'île. Une défaite des chavistes sonnerait le glas du pétrole subventionné. Une rupture assez grave pour risquer de provoquer des troubles dans un pays où personne n'est prêt à revivre la famine. À moins que Nicolas Maduro, formé à Cuba, ne soit élu.