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Hôpital : Touraine veut défaire la réforme Sarkozy
Mis à jour le 04/03/2013 à 19:40 | publié le 04/03/2013 à 19:06 La ministre veut «rétablir la confiance du personnel hospitalier».
La ministre de la Santé veut donner plus de poids aux médecins et réformer la tarification.Nicolas Sarkozy avait donné «un patron» à l'hôpital. Marisol Touraine veut y introduire au contraire «la démocratie». La ministre de la Santé a présenté lundi les contours de sa réforme de l'hôpital, en s'inspirant du rapport que vient de lui remettre Édouard Couty, de la Cour des comptes. En résumé, il s'agit d'une remise en cause de l'emblématique loi «Hôpital patients santé et territoires» (dite HPST) votée en 2009 par la majorité précédente. Ce texte a entraîné, selon la ministre, «un sentiment de démobilisation et de perte des repères» du personnel. «Il faut donc rétablir la confiance», a-t-elle martelé.
Pour ce faire, la ministre s'attaque aux symboles. Pour commencer, elle entend rogner les prérogatives du directeur d'hôpital, élargies lors de la loi HPST. Elle veut en effet instaurer «une gouvernance équilibrée» en redonnant du poids aux médecins dans la stratégie des établissements. «Il n'y aura plus de patron: comme l'hôpital n'est pas une entreprise, c'est un terme plus que malvenu. Attention, cela ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de directeur , a insisté la ministre. Un médecin a beaucoup de qualités, mais il rencontrerait des difficultés pour faire tourner une blanchisserie ou dresser un compte d'exploitation.»
Les patients auront aussi leur mot à dire dans la gestion de l'hôpital. Un «comité technique des usagers», au rôle encore flou, sera mis en place dans les grands établissements. Une mission, confiée à une personnalité du monde associatif, devrait en préciser les pouvoirs dans les prochains mois.
Réforme du financementLa réforme Touraine s'attaque également au mode de financement des établissements. Aujourd'hui, un hôpital est rémunéré pour chaque acte médical qu'il réalise. Or, «cette méthode génère des effets pervers», déplore la ministre, certains hôpitaux multipliant les actes pour générer plus de revenus. Un patient a deux fois plus de chances de se faire opérer de l'appendicite dans certains départements qu'à Paris, relève ainsi l'Inspection ­générale des affaires sociales. Médicalement inefficace et mauvais pour les finances publiques. La ministre veut donc introduire une «tarification au parcours». En clair, rémunérer les hôpitaux avec un forfait pour la prise en charge de certains patients. Par exemple, lorsqu'il accueille une personne âgée en fin de vie dans son service de soins palliatifs.
«Les intentions de la ministre sont bonnes, réagit Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France. Mais il faudrait qu'elles soient suivies par des actes. Or, les cliniques privées ont été favorisées cette année dans les choix budgétaires.»
Marisol Touraine présentera sa loi sur l'hôpital début 2014 seulement. L'agenda des réformes en cours, des retraites et de la dépendance notamment, a plaidé la ministre, ne permettra pas de s'y pencher plus tôt.