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Boko Haram, la secte anti-Occidentaux se radicalise
Mis à jour le 20/02/2013 à 17:38 | publié le 20/02/2013 à 16:13 Des membres de la secte Boko Haram. Image extraite d'une vidéo diffusée en octobre 2010.
Enlevés au Cameroun, les sept otages Français auraient été transférés aussitôt vers le Nigeria, où sévit la secte islamiste Boko Haram. Ce groupe terroriste, influencé par al-Qaida, se tourne vers le rapt d'Occidentaux. Vingt-quatre heures après l'enlèvement de sept Français dans le nord du Cameroun, aucune revendication n'est encore parvenue aux autorités françaises. François Hollande, comme Laurent Fabius quelques heures plus tard, a toutefois avancé qu'il pourrait s'agir d'un «groupe terroriste que nous connaissons et qui est au Nigeria». Ce groupe serait Boko Haram.
Une secte née après le 11 septembre 2001Boko Haram a été fondé en 2002 par l'imam Mohammed Yusuf, à Maiduguri, dans l'État de Borno, au nord-est du Nigeria. Alors que le sud de ce pays - qui est avec plus de 160 millions d'habitants le plus peuplé d'Afrique - est à dominante chrétienne, le nord est à majorité musulmane. Cette secte prône l'instauration d'un émirat islamique au Nigeria, avec une stricte application de la charia. De fait, les militants de Boko Haram, qui signifie «l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, se réclament des talibans afghans.
À ses débuts, le groupe est essentiellement composé de diplômés de l'université et de personnes ayant rompu avec leur milieu social d'origine, classe aisée ou classe moyenne. Quelque 200 personnes établissent un camp près de la frontière avec le Niger, dans le village de Kanamma, dans l'État de Yobe, dans le nord-est du pays. À partir de cette base, ils commencent à lancer des attaques sur les postes de police, à tuer des policiers et voler des munitions.
La radicalisation après la répressionEn 2009, alors que les militants intensifient leurs raids à Maiduguri, l'armée investit brutalement la ville et tue 800 personnes. La mosquée servant de quartier général au mouvement est rasée, leur chef Mohammed Yusuf est tué en prison. Le groupe, qui se réorganise autour de l'ancien lieutenant Abubakar Shekau, quitte ses fiefs du nord et se radicalise. Ses militants, surnommés par les habitants les «talibans», multiplient des raids meurtriers visant policiers, militaires, hommes politiques et responsables communautaires ou religieux opposés à leur idéologie. Les églises catholiques mais aussi les bars servant de l'alcool sont visés.
Un champ d'action étenduDepuis mi-2010, la secte, jusqu'alors active dans le Nord, a élargi son champ d'action à d'autres régions, situées plus à l'ouest. Des attentats y sont régulièrement perpétrés, surtout pendant les fêtes de Noël. Ils font 80 morts à Jos en décembre 2010, 35 morts à Abuja l'année suivante et au moins six victimes près de Potiskum, en décembre dernier. Les étrangers ne sont pas épargnés: en août 2011, la secte s'en prend au bureau de la représentation des Nations unies, sa première cible internationale, faisant plusieurs morts.
Les premiers rapts d'OccidentauxSi la filiation à al-Qaida n'a jamais été officialisée, le recours, depuis quelques mois, à des kamikazes ou à des engins explosifs de plus en plus complexes attestent de liens directs avec la branche maghrébine d'al-Qaida (Aqmi). Les liens de la secte semblent en effet dépasser les frontières du Nigeria. En juin 2011, le mouvement a affirmé dans un communiqué que certains de ses membres avaient reçu une formation militaire en Somalie, en partie contrôlée par les chebab, combattants islamistes liés à al-Qaida.
La capture des Français pourrait être l'œuvre du groupuscule Ansaru, une milice issue de Boko Haram qui aurait calqué son modus operandi sur celui d'al-Qaida, organisant des opérations spectaculaires et des rapts. «L'organisation a franchi un cap, explique Cyril Musila, chercheur à l'Institut français de relations internationales. D'abord les coupeurs de route, puis les attentats, les enlèvements locaux et enfin d'Occidentaux.»