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Hollande veut multiplier les échanges avec l'Inde
Mis à jour le 14/02/2013 à 07:28 | publié le 13/02/2013 à 18:55
François Hollande, accueilli à son arrivée, jeudi à New Delhi, par Preneet Kaur, la ministre d'État aux Affaires extérieures.
En visite d'État, le président est entouré d'une soixantaine d'entrepreneurs pour nouer des partenariats à long terme.Vue de Paris, l'Inde ressemble à un paradoxe. Les relations sont «excellentes» dans tous les domaines avec ce «partenaire stratégique» de premier plan, dit-on à l'Élysée. Pourtant la France est à la traîne par rapport à ses concurrents, britanniques et allemands notamment, en ce qui concerne les échanges avec ce grand pays émergent, probable numéro trois mondial à l'horizon 2030. La balance commerciale reste déficitaire (- 1,9 milliard d'euros en 2011) et notre part de marché est en baisse (1 % cette même année).
C'est pour tenter de combler ce retard, au moins en partie, que François Hollande arrive ce jeudi à New Delhi en grand équipage. Pas moins de six ministres sont du voyage, reflétant les priorités de cette visite d'État, la première bilatérale en Asie: Affaires étrangères (Laurent Fabius), Défense (Jean-Yves Le Drian), Commerce extérieur (Nicole Bricq), Enseignement supérieur et Recherche (Geneviève Fioraso), Transports (Frédéric Cuvillier), sans oublier la Culture (Aurélie Filipetti).
Des tractations «complexes»En outre, le président de la République est accompagné par les patrons d'une soixantaine d'entreprises, petites et grandes, parmi lesquelles Areva, Dassault, Thales, Veolia, Lafarge, LVMH, EADS, Arianespace, ainsi que le président de la SNCF et le directeur général du CEA. Une liste édifiante, mais François Hollande se défend d'être un «président VRP»: «Nous sommes là pour soutenir les entreprises, pas pour forcer la main des États», insiste-t-on dans son entourage, en pointant complaisamment certains fiascos des dernières années, dans le Golfe notamment. On raconte que le chef de l'État a été marqué par une conversation avec l'émir d'Abu Dhabi, le mois dernier. «Je suis francophile, je souhaite que les entreprises réussissent mais, pour cela, il faut que vous soyez les meilleurs», lui aurait glissé le souverain de la pétromonarchie.
Aucun contrat commercial ne devrait être signé pendant la visite - «ce n'est pas l'usage des Indiens», invoque-t-on côté français -, mais les perspectives sont prometteuses. Dassault
(propriétaire du Figaro, NDLR) est en négociation exclusive pour la vente de 126 Rafale à l'armée indienne. «En termes d'accords industriels, on a fait plus de la moitié du chemin», a déclaré le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, la semaine dernière, lors du salon aéronautique de Bangalore. «L'idéal serait de signer en 2013», ajoutait l'avionneur, qui revient jeudi en Inde. Pour sa part, Eurocopter espère vendre à l'Inde 197 hélicoptères Fennec, le best-seller de sa gamme.
Autre grand projet, le nucléaire civil. Assoiffée d'énergie pour alimenter sa forte croissance (5,4 % en 2012-2013, contre 6,5 % en 2011-2012, selon le FMI), l'Inde prévoit de multiplier par cinq sa production d'électricité produite grâce au nucléaire (3 % actuellement) à l'horizon 2032. Areva négocie la construction de deux réacteurs EPR à Jaïtapur, à 400 kilomètres au sud de Bombay. Aucune échéance n'est fixée officiellement pour l'issue des tractations qualifiées de «complexes». D'autres entreprises françaises sont en lice pour d'importants contrats, en particulier dans le domaine du développement urbain durable, ainsi Alstom pour le métro de Bangalore.
Une vingtaine d'accordsEn Inde, les entrepreneurs français doivent affronter le temps long, composer avec une bureaucratie pachydermique et faire face à certains préjugés. «L'Europe est vue par les décideurs indiens à travers les analyses du
Financial Times, ce n'est pas satisfaisant», déplore-t-on dans l'entourage du président de la République. En revanche, l'affaire Lakshmi Mittal, le patron des hauts-fourneaux de Florange, vilipendé l'an dernier par Arnaud Montebourg, «n'est pas un sujet politique franco-indien», écarte-t-on d'emblée. François Hollande, qui doit prononcer un discours économique, vendredi à Bombay, appellera les investisseurs indiens «à être présents en France».
Il y a des «problèmes de communication» et une «faiblesse dans le substrat de nos relations», reconnaît-on à l'Élysée, en déplorant, par exemple, le nombre relativement faible d'étudiants indiens en France (3 000, contre 20 000 Chinois). Une vingtaine d'accords dans les domaines culturels, universitaires et de la recherche seront signés jeudi, notamment pour la coopération spatiale.