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Bruxelles : le sommet européen s'est ouvert sur fond de désaccords
Publié le 07.02.2013, 07h30 | Mise à jour : 23h59
La chancelière allemande Angela Merkel, le président français François Hollande et Martin Schulz, président du Parlement européen, à Bruxelles jeudi.
Signe des tensions entre les participants, le sommet, prévu pour débuter à 16 heures, s'est ouvert à 20h45 à Bruxelles, après des heures de rencontres et de conciliabules pour tenter de rapprocher des positions toujours très éloignées entre partisans de coupes sévères et défenseurs d'un budget plus ambitieux.
«Nous ne sommes pas sûrs d'arriver à trouver cet équilibre»Pour Bernard Cazeneuve, le ministre français des affaires européennes, il faut «trouver un équilibre» entre les demandes très diverses, voire opposées, des partenaires européens. Il doute de la possibilité d'aboutir à un accord. «Nous ne sommes pas sûrs d'arriver à trouver cet équilibre. Il n'est pas possible de garantir que l'on y arrive», l'objectif de la France étant de ne «pas faire un budget européen qui ajoute de l'austérité à l'austérité».
Le sommet européen pourrait bien durer jusqu'à samedi, nuits comprises. Et ce malgré le fait que, mercredi soir, François Hollande et Angela Merkel aient marqué leur volonté commune d'aboutir à «un bon accord» lors d'une rencontre inédite au Stade de France avant le match amical de football entre la France et l'Allemagne.
Le Royaume-Uni et l'Allemagne misent sur des coupes nettes«Il y a urgence à trouver un accord», a averti dans sa lettre d'invitation Herman Van Rompuy. Le président du Conseil européen a ouvert les travaux en appelant les 27 dirigeants de l'Union au sens du «compromis». «Si nous montrons tous un sens du compromis, un accord sur le budget «est à notre portée», a-t-il dit. «Mais nous n'y sommes pas encore», a-t-il reconnu. Selon plusieurs sources européennes, M. Van Rompuy n'a pas fourni un nouveau document chiffré aux dirigeants européens à cause de leurs divergences.
Herman Van Rompuy devait proposer une enveloppe de 960 milliards d'euros pour les crédits d'engagement, qui correspondent au plafond autorisé, et de 900 milliards d'euros pour les crédits de paiement, soit les dépenses effectives. Une taille sévère puisque cela signifierait 13 milliards d'euros en moins sur les engagements et 43 milliards en moins pour les paiements par rapport à sa proposition de novembre. C'est en outre ce que demande David Cameron, qui ne raisonne qu'en terme de crédits de paiement, plus compréhensibles pour les citoyens. A son arrivée à Bruxelles, le Premier ministre britannique a donné le ton en affirmant que le budget devait encore être revu à la baisse. «Si ce n'est pas le cas, il n'y aura pas d'accord», a t-il averti. C'est également ce que souhaite la chancelière allemande Angela Merkel.
Hollande sollicité par le Parlement européenDans le détail, les coupes porteront sur l'enveloppe destinée aux projets d'infrastructures, les frais de fonctionnement des institutions, les moyens d'actions du controversé Service d'action extérieure, mais aussi sur les budgets pour la Recherche et l'Innovation, l'aide au développement et l'aide destinée aux citoyens européens les plus pauvres - une coupe décriée par les associations d'aide aux plus démunis.
Le Parlement européen refuse de telles coupes. Et François Hollande, venu présenter mardi sa vision de l'Europe aux députés, a été mandaté pour éviter un tel compromis. «Vous demandez à un socialiste d'empêcher les conservateurs de faire un mauvais budget», a-t-il lancé aux élus du Parti populaire européen, qui l'avaient invité à user de son droit de veto. «Mais mon devoir est de rechercher un compromis», a-t-il expliqué. Toute la négociation de ce jeudi va donc consister à examiner la proposition de Van Rompuy tout en trouvant un équilibre entre les positions les plus radicales et les lignes rouges du Parlement européen confiées à François Hollande.
D'autres sujets qui risquent de passer au second plan
Outre l'image désastreuse pour l'Europe, un nouvel échec ferait des perdants, à commencer par l'Allemagne qui joue un milliard d'euros, soit le montant du rabais obtenu sur sa contribution pour la période 2007-2013. La France et le Royaume-Uni en revanche pourraient se satisfaire d'une absence d'accord. Le rabais obtenu par Londres est inscrit dans les traités. Pour Paris, ce serait l'assurance de conserver le même niveau pour les aides agricoles (la PAC), ce qu'elle n'a pas obtenu avec le projet de compromis sur la table.
D'autres sujets sont à l'ordre du jour mais risquent de passer à la trappe compte tenu l'ampleur de la tâche budgétaire. «Si le temps nous est donné», le président François Hollande voudrait notamment évoquer avec ses pairs la situation au Mali, après l'intervention des forces françaises. Les dirigeants européens devraient également parler de la stratégie pour aider au suivi des Printemps arabes et évoquer les accord de libre-échange à négocier, notamment avec les Etats-Unis. Mais il faudrait pour cela que les 27 s'entendent rapidement sur le budget européen. Ce qui, visiblement, n'est pas chose facile.