Tunisie : le premier ministre va dissoudre le gouvernement
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Jamel Administrateur
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Sujet: Tunisie : le premier ministre va dissoudre le gouvernement Jeu 7 Fév - 7:56
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Tunisie : le premier ministre va dissoudre le gouvernement
Mis à jour le 06/02/2013 à 23:27 | publié le 06/02/2013 à 13:15
Des milliers de Tunisiens manifestaient mercredi devant le ministère de l'Intérieur, en plein coeur de Tunis.
La mort mercredi matin à Tunis d'un responsable de l'opposition laïque fait descendre des milliers de manifestants dans les rues, dénonçant les islamistes d'Ennahda. Suite à cet assassinat, le premier ministre a décidé de dissoudre le gouvernement.
L'assassinat, mercredi matin, de Chokri Belaïd, 49 ans, leader de l'opposition, déchaîne la colère des Tunisiens et pourrait bien bouleverser l'échiquier politique du pays. Le Premier ministre, l'islamiste Hamadi Jebali a ainsi annoncé mercredi qu'il formerait un «gouvernement de compétences nationales sans appartenance politique» après l'assassinat. Ce gouvernement «aura un mandat limité à la gestion des affaires du pays jusqu'à la tenue d'élections dans les plus brefs délais», a-t-il déclaré dans une adresse télévisée à la Nation, sans fixer de calendrier. Cette décision intervient alors que la coalition de laïcs de gauche et des islamistes d'Ennahda ne parvenaient pas depuis des mois à un compromis sur la distribution des ministères régaliens.
Un policier tué dans les heurts
Alors qu'il quittait son domicile de la banlieue tunisoise, l'opposant a été tué de plusieurs balles dans la tête et la poitrine par un homme portant un burnous, l'habit traditionnel tunisien. Sa mort a très vite été annoncée sur des radios tunisiennes, confirmée par la clinique où son corps a été transporté. Depuis, des milliers de personnes se sont rassemblées, devant l'hôpital d'abord, puis devant le siège de l'Union générale des travailleurs tunisiens, principal syndicat du pays. Une foule en colère a ensuite accompagné l'ambulance transportant le corps de l'opposant, s'arrêtant symboliquement devant le ministère de l'Intérieur, en plein coeur de Tunis, où la police chargeait les manifestants, les repoussant à coup de gaz lacrymogènes alors que certains utilisaient poubelles, tables de café, barbelés et barrières pour bâtir des barricades. Un policier a été tué dans les heurts.
«Le peuple veut la chute du régime!», scandaient encore les manifestants dans la soirée, tandis que le mot d'ordre «dégage!» résonnait aussi sur l'avenue Habib Bourguiba. À Sidi Bouzid, berceau de la révolte de 2011, quelque deux mille manifestants ont repris des slogans anti-islamistes. La police a tiré en l'air pour les disperser. A Mezzouna, près de Sidi Bouzid, à Gafsa, (centre) et à Sfax (sud) des protestataires ont saccagé les locaux d'Ennahda. A Kasserine, Béja et Bizerte, des foules criaient «Vengeance, vengeance».
«Le 6 février 2013 fera date dans l'histoire du pays» estimait en milieu de journée devant le ministère de l'Intérieur Alla Talbi, un Tunisien venu manifester sa colère. Il accuse les autorités de ne pas avoir protégé Chokri Belaïd qui avait pourtant, selon un proche, demandé une protection rapprochée. Quatre partis d'opposition - le Front populaire (gauche), le Parti républicain, Al Massar et Nidaa Tounes (centre) - ont de leur côté appelé à une grève générale jeudi et suspendu leur participation à l'Assemblée constituante.
Un opposant très critique envers Ennahda
Chokri Belaïd, qui sera inhumé vendredi près de Tunis , était un opposant de longue date. Sous Bourguiba, sous Ben Ali, puis à la tête du Mouvement des patriotes démocrates, une formation qui a rejoint le Front populaire, une alliance de plusieurs partis de gauche. Mardi encore, il était sur un plateau de télévision dénonçant la violence politique dans laquelle a sombré la Tunisie. Farouche opposant au parti islamiste Ennahda, majoritaire au pouvoir, il avait qualifié son leader Rached Ghannouchi de «symbole du fascisme et de la contre-révolution».
Chokri Belaïd s'était également prononcé contre ces Ligues de protection de la révolution, des milices que l'on dit à la solde des islamistes au pouvoir, accusées en octobre dernier d'avoir roué de coups, jusqu'à ce qu'il perde la vie, un responsable local du parti d'opposition Nidaa Tounes à Tataouine dans le sud du pays.
«Tentative de déstabilisation»
Après l'assassinat de Chokri Belaïd, Hamadi Jebali, premier ministre issu d'Ennahda, a dénoncé un acte de «terrorisme contre Chokri Belaïd et contre la Tunisie». Rached Ghannouchi a pour sa part assuré qu' Ennahada n'avait rien à voir avec cet assassinat, contrairemement à ce que dit la famille de Chokri Belaïd.
Le président tunisien Moncef Marzouki, qui a décidé de rentrer d'urgence en Tunisie après son intervention au Parlement européen, a dénoncé à Strasbourg l'«odieux assassinat d'un leader politique qu'(il) connaît bien (…) C'est une menace, c'est une lettre envoyée mais qui ne sera pas reçue». «Il y a une tentative de déstabilisation de mon pays, a-t-il ajouté. Cet odieux assassinat n'a pas d'autre objectif que d'opposer la composante laïque à la composante musulmane de la société pour susciter le chaos.» Marzouki s'est refusé d'incriminer Ennahda, laissant entendre que des salafistes ou des partisans de l'ancien régime de Ben Ali pourraient profiter de ce genre de crime.
À Paris comme ailleurs, François Hollande a condamné «avec la plus grande fermeté» l'assassinat de Chokri Belaïd et fait part de sa «préoccupation» face à «la montée des violences politiques» dans ce pays. Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mercredi soir à Paris à l'appel de plusieurs partis et associations de Tunisiens en France près de l'ambassade de Tunisie pour protester contre le meurtre.
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