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Paris maintient la pression sur les islamistes au Mali
Publié le 04/02/2013 à 12:10
Au début de cette seconde phase de la guerre, les intentions de Paris sur la poursuite de l'offensive au Sahel restent inconnues
Depuis ce week-end, l'armée française a repris ses frappes aériennes dans le nord-est du pays.Les grandes villes du nord du Mali ayant été reconquises, l'opération Serval est désormais entrée dans sa deuxième phase: empêcher les groupes armés islamistes de se réorganiser et libérer les otages. C'est en tout cas ce que laissent entendre les responsables français et ce que laisse deviner l'évolution de l'offensive militaire sur le terrain.
Depuis le week-end, d'intenses frappes aériennes sont en effet menées dans la région de Kidal, à l'extrême nord-est du pays, près de la frontière algérienne. Selon l'état-major à Paris, ces nouveaux bombardements visent à détruire les «dépôts logistiques et les centres d'entraînement» des groupes islamistes armés dans la région. Dans le désert du Sahel, la chasse à l'homme a désormais commencé. Mohamed Moussa Ag Mouhamed, le numéro trois d'Ansar Dine, considéré comme l'idéologue du mouvement islamiste à Tombouctou, aurait été arrêté dimanche.
«Le moment est venu de libérer les otages»C'est dans cette zone qu'une grande partie des combattants islamistes et de leurs chefs - notamment l'Algérien Abou Zeïd, émir radical d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, le chef d'Ansar Dine - ont trouvé refuge après avoir été chassés des grandes villes par l'avancée des troupes françaises, accompagnées par des éléments de l'armée malienne.
C'est également dans cette région désertique et sauvage, dans le massif des Ifoghas, que sont sans doute détenus, selon Paris, les sept otages français aux mains des islamistes. François Hollande a évoqué leur sort samedi. «Les ravisseurs, a-t-il dit, doivent comprendre que le moment est venu de libérer les otages». Il a aussi affirmé que les forces françaises étaient désormais «tout près» des Français retenus. Pour les groupes armés islamistes, déstabilisés et affaiblis par les frappes aériennes menées depuis trois semaines par les bombardiers français, les otages constituent une monnaie d'échange et un argument de négociation précieux. Mais l'échec des dernières tentatives de libération, que ce soit en Somalie ou au Sahel, ont rappelé à quel point ce type d'opérations était délicat et pouvait se terminer de manière tragique.
Quatre objectifs à mener de frontAu début de cette seconde phase de la guerre, les intentions de Paris sur la poursuite de l'offensive au Sahel restent inconnues. L'état-major a-t-il l'intention de poursuivre son offensive terrestre dans le nord-est du pays, pour pourchasser jusqu'au bout les islamistes armés? Va-t-il limiter les actions militaires au nord de Kidal, tout en maintenant une pression suffisante pour empêcher les groupes de se reconstituer? Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé que le retrait militaire de Tombouctou «pourrait venir très vite», mais il a refusé de se prononcer sur l'éventualité d'une offensive terrestre française plus au nord.
En dépit des victoires militaires obtenues sur le terrain, facilitées par le retrait spontané des groupes islamistes, les forces françaises sont désormais rentrées dans la partie la plus difficile de l'opération Serval. Il leur faut suppléer les faiblesses des armées africaines, contrôler les forces maliennes pour les empêcher de se venger des populations touaregs soupçonnées d'avoir soutenu l'application rigoriste de la charia dans le nord. Mais aussi éviter que les islamistes armés s'échappent, profitant de la porosité des 1400 kilomètres de frontières avec l'Algérie, tenter de trouver une issue heureuse aux prises d'otages et se préparer à une éventuelle guérilla dans le nord du Mali.
L'ancien ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, l'a bien résumé dimanche. «L'opération des frappes aériennes, a-t-il dit, est réussie. Mais la victoire n'est pas acquise, parce que nous n'avons pas anéanti les terroristes».