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L'ÉLECTION DU NOUVEAU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL REPORTÉE : Crise ouverte au FLN
Par Karim AIMEUR - Dimanche 03 Fevrier 2013 -
«On a aménagé à Belkhadem une sortie un peu honorable en sauvant les apparences»
Les membres du comité central du FLN se sont séparés, hier, à l'hôtel Riadh, après l'arrêt des travaux de la 6e session ordinaire, sur fond de désaccords.
C'est Abderrahmane Belayat, le membre le plus âgé du bureau politique, qui a levé la séance d'hier après une journée très mouvementée. Il a fallu que l'ex-secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, quitte les lieux pour que ses opposants et partisans puissent enfin trouver un semblant de terrain d'entente.
M.Belayat a annoncé qu'une session extraordinaire du comité central sera convoquée dans quelques jours pour l'élection d'un nouveau secrétaire général.
Une commission de 12 membres (6 représentants de chaque partie) s'occupera, entre-temps du recueillement des candidatures, tandis que les affaires courantes du parti seront gérées par deux membres du bureau politique (le plus et le moins âgés). Jusqu'à hier, la commission de candidature boycottée par les contestataires a recueilli six candidats pour succéder à Belkhadem. Il s'agit de Yamina Meftahi, Ahmed Hanoufa, Brahim H'lima, Baya Nassima Khellaf, Nouredine Djaâfar et Noureddine Sed. Au moment où cette commission collectait les candidatures, les contestataires ont tenu une conférence de presse, à l'hôtel Riadh, pour dénoncer les agissements de Belkhadem qui, malgré le retrait de confiance dont il a fait objet, refuse de partir.
Madani Houd est allé, dans son réquisitoire, jusqu'à dire que Belkhadem «se comporte comme un émir». Qualifiant d'illégale toute démarche de l'ex-secrétaire général, les conférenciers ont accusé le désormais ex-secrétaire général de semer la zizanie et la division au sein du parti. Si les contestataires étaient rassurés que M.Belkhadem ne se présentera pas pour se succéder, il n'en demeure pas moins que nombreux sont ceux qui n'écartaient pas cette éventualité.
Boudjemaâ Haïchour, contestataire, qui a engagé une discussion avec le porte-parole du FLN, a souligné que «Belkhadem est un membre à part entière du comité central et qu'il a droit à se porter candidat». Sauf que, a-t-il ajouté, il y a le côté éthique et politique de la chose, qui pourrait l'en empêcher.
Quelques minutes auparavant, Belkhadem a déclaré à la presse que «le processus démocratique entamé jeudi doit être achevé avec l'élection d'un nouveau secrétaire général. Mon souci c'est la fin de la crise», a-t-il dit. L'impasse était alors totale entre les partisans de l'ex-secrétaire général et ses opposants. Aucune issue n'est envisageable. «Le parti est dans une situation catastrophique», admet un membre du comité central.
Jusqu'à ce coup de téléphone qui ordonnait à M.Belkhadem de quitter les lieux pour débloquer la situation. Mais qu'est-ce qui justifie d'abord, le comportement de Belkhadem qui s'accroche malgré le retrait de confiance?
Explication: selon un membre du comité central, l'ex-secrétaire général à qui on a imposé le vote à bulletin secret a été assuré quant à sa victoire. La veille du vote, on lui a présenté une liste de 230 membres qui ont signé en sa faveur. Mais, en réalité, on voulait se débarrasser de lui. «Devant son obstination à ne pas démissionner, on voulait lui aménager une sortie un peu honorable en sauvant les apparences», indique notre source. A l'annonce des résultats et de sa destitution, Belkhadem a compris qu'il est lâché par les hautes sphères du pouvoir. «L'enjeu est clair. C'est l'élection présidentielle de 2014 et Belkhadem sait très bien que Bouteflika ne briguera pas un autre mandat. Donc, c'est le candidat du FLN qui est en jeu et Belkhadem, dans son ambition démesurée, veut qu'il soit le candidat», explique notre source.
Comprenant que la machine à broyer des chefs de partis du pouvoir a été actionnée contre lui, il a alors décidé de réagir et de refuser le verdict de l'urne. «Il s'est senti trahi», a tranché notre source, ajoutant que «Belkhadem peut fédérer les islamistes de tout bord, les conservateurs et tous les opportunistes. Et c'est là le vrai problème, c'est un danger pour l'avenir du pays». «Dès lors, Belkhadem n'inscrit pas sa démarche dans une logique de défiance des membres du comité central mais des véritables centres de décision en attendant qu'on lui signifie d'une manière directe de dégager», analyse notre source. Quelques instants après, tombe l'appel qui demande à M.Belkhadem de quitter l'hôtel Riadh. C'est dire...