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Prise d'otages : Hollande n'accable pas l'Algérie
Publié le 19/01/2013 à 19:21
François Hollande et Valérie Trierweiler, samedi à Tulle.
S'il a maintenu ses vœux aux corréziens, samedi, le chef de l'Etat n'oublie pas la crise malienne.
Envoyé spécial à Tulle Il n'oublie ni la guerre, ni la Corrèze. Malgré l'engagement militaire français en cours au Mali et malgré la prise d'otages sanglante en Algérie, François Hollande n'a pas annulé sa cérémonie de vœux samedi à Tulle: il a seulement bouleversé un peu son agenda. «J'avais prévu de longue date de venir», a-t-il commenté dans la salle de l'Auzelou, dont il avait initié la construction en 2010 et qui a été inaugurée le matin même. «Je n'imaginais pas que ma visite se tiendrait dans un contexte aussi lourd, même si je n'ignorais rien des menaces qui existaient dans ce qu'on appelle le Sahel». Le chef de l'État, ancien président du Conseil général et ancien maire de la ville, entendait poursuivre cette tradition des vœux aux Corréziens initiée par l'ancien président Jacques Chirac, lui aussi élu du département pendant des années. Un élu s'étonne «qu'il soit venu». Un autre se demande s'il va annoncer la mise en œuvre d'une ligne TGV Paris-Limoges. Dans la salle, 2000 invités écoutent silencieusement. François Hollande, le ton grave, ne cherche pas à faire rire l'assistance, comme il a parfois l'habitude de faire.
La crise, ses premières victimes au Mali ou en Algérie et le sort des Français détenus par les terroristes sont dans l'esprit du chef de l'État. Dimanche, il recevra les familles des otages. Dans son discours, le chef de l'État rend aussi hommage à Yann Desjeux, une des victimes à In Amenas. Au moment où François Hollande s'exprime, l'assaut des forces algériennes se termine. «Je n'en connais pas l'évaluation précise. Je sais que des otages sont morts. Ils ont été lâchement assassinés», explique le chef de l'État, prudemment.
François Hollande, qui tient à ne pas froisser l'Algérie dont il a besoin, se montre très conciliant vis-à-vis de la méthode employée par les forces algériennes. Elle a pourtant été sévèrement critiquée par d'autres pays. L'Algérie a eu «les réponses qui paraissent à mes yeux les plus adaptées. Il ne pouvait pas y avoir de négociation», a expliqué François Hollande un peu plus tard, interpellé par la presse. À l'Élysée, on jure avoir été averti qu'une opération allait être menée contre les terroristes sur le site d'In Amenas. Beaucoup de «fausses informations» ont circulé, dit-on. «C'est très difficile de juger la méthode», assure-t-on.
«Au Mali, le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu» Dans son discours, François Hollande, comme dans toutes ses interventions cette semaine, a exposé les raisons de l'engagement français au Mali «nécessaire» et légitime». «On me pose la question: combien de temps cela va-t-il durer? Je réponds, parce que c'est la seule vérité que je connaisse: le temps nécessaire pour que le terrorisme soit vaincu», insiste-t-il. Dans son entourage, on évoque plusieurs semaines de bataille avant de reconquérir le nord du territoire. Puis il faudra encore du temps pour stabiliser la zone. Ce sera «le rôle de la Misma», la force de soutien au Mali. En attendant, sur place, les Français «sont accueillis en libérateur», souligne-t-on.
«Je sais que je peux compter sur vous» a dit Hollande aux soldats du 126e régiment d'infanterie de Brive.
Accompagné de Valérie Trierweiler, François Hollande a, en fin de journée, rencontré une délégation du 126e régiment d'infanterie de Brive. 80 soldats du régiment sont déjà partis pour l'Algérie, 40 se préparent à quitter leur base dimanche. Ils seront 250 a se rendre sur place au total. «N'ayez aucun doute sur le sens de ce que vous avez à faire», assure le président devant une trentaine de soldats, rassemblés dans l'un des grands salons de la préfecture. Certains ont l'air jeune. S'ils sont «motivés», disent-ils, l'opération Serval sera pour la plupart d'entre eux la première mission. «Nous sommes conscients et moi surtout comme chef des armées, de la difficulté de la mission mais aussi de sa grandeur. Je sais que je peux compter sur vous», poursuit François Hollande, plein de mises en garde: «Les risques sont partout». Le président est visiblement très au fait de la situation du terrain et des tactiques de dissimulation des djihadistes. «Un des chefs des groupes terroriste est installé dans une ville du Mali», affirme-t-il avant d'ajouter aussi que les terroristes «ne connaissent pas les frontières».
Avant de retourner à Paris et de surveiller le déroulement des opérations au Mali, François Hollande s'accorde quelques minutes pour serrer des mains, prendre des nouvelles, donner des encouragements et poser pour des photos. Face à des militaires comme à des civils, François Hollande se montre toujours excellent dans cet exercice d'humanité.