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L'Élysée admet que la manif était «consistante»
Publié le 13/01/2013 à 20:05
À propos de la PMA,
«il y a intérêt à d'abord faire passer un texte avant de réfléchir à un autre», a fait remarquer François Hollande.
Malgré la mobilisation, le gouvernement se veut inflexible et rejette l'hypothèse d'un référendum avancée par les opposants au projet de loi.C'est lui qui est en première ligne. Même si François Hollande était surtout accaparé ce week-end par la situation au Mali, même si la réforme du mariage pour tous n'a jamais été sa principale conviction. C'est vers le chef de l'État que se tournaient dimanche les manifestants opposés à la réforme. Pour lui demander de «suspendre» le projet. Ou pour effectuer des parallèles douteux, comme celui de ce porte-parole, Xavier Bongibault, comparant François Hollande à Adolf Hitler! Une déclaration aussitôt critiquée par les organisateurs de la manifestation.
Au terme de la journée, on était réservé au sein de l'exécutif. Entre 340 000 et 800 000 personnes ont défilé. La manifestation était «consistante», admet-on à l'Élysée. «Elle exprime une sensibilité qui doit être respectée mais elle ne modifie pas la volonté du gouvernement d'avoir un débat au Parlement pour permettre le vote de la loi.» Bref, François Hollande espère désormais sortir de cette séquence.
Au sein de la majorité, on trouve que le débat a été mal engagé par le chef de l'État et par le gouvernement. «Ce n'était pas un enjeu pour François Hollande», note un observateur engagé dans la communauté gay. Le chef de l'État aurait trop hésité, faute d'avoir approfondi la réflexion. «Il a fait l'essuie-glace», estime-t-on. Un pas en avant puis un en arrière, comme lorsqu'il a évoqué un droit à la «liberté de conscience» des maires qui ne voudraient pas célébrer de mariage homosexuel.
Changement de ton concernant la PMALe président avait voulu rassurer les sceptiques, il a inquiété les convaincus. Puis il avait reçu en toute hâte l'Inter-LGBT, association militante de la cause homosexuelle, donnant le sentiment qu'il était sous l'influence d'un lobby. «C'était une erreur», estime un proche du président.
Quoi qu'il en soit, le gouvernement se veut inflexible et rejette l'hypothèse d'un référendum avancée par les opposants au projet de loi. Le projet de loi ouvrant le mariage pour tous et le droit à l'adoption sera donc déposé le 29 janvier. Pourtant l'opinion est divisée. Selon LH2, 56 % des Français sont favorables au mariage pour tous. En ce qui concerne l'adoption, seulement 45 % des personnes interrogées sont pour. Signe d'une opinion désemparée: 62 % des Français selon l'Ifop trouvent que le débat prend trop de place. Mais à l'Élysée on se réfugie derrière l'exemple du pacs, qui avait suscité une forte contestation lors de son examen à l'Assemblée sans être remis en cause ensuite.
Dans les jours précédents la manifestation, l'exécutif avait déjà commencé à lâcher du lest. Après avoir laissé faire les députés qui entendaient déposer un amendement au projet de loi ouvrant le droit à la procréation médicalement assistée, François Hollande a changé de ton. Il n'était pas favorable à cet amendement et invité la majorité à se ranger derrière son avis.
La PMA pourrait être incluse dans un prochain texte sur la famille au printemps. Le chef de l'État veut déconnecter ce sujet sensible de la question homosexuelle. «Il y a intérêt à d'abord faire passer un texte avant de réfléchir à un autre», a fait remarquer François Hollande la semaine dernière. Bref, le chef de l'État veut gagner du temps.
La PMA n'est pas abandonnée pour autant. Même si le groupe PS est partagé sur le sujet, les partisans de ce nouveau droit tiennent à leur texte. Alors que sur le plan économique, la gauche doit accepter des concessions, elle veut prouver que sur le plan sociétal, elle peut infléchir les positions modérées de François Hollande.