WEB - GOOGLE - Actualité > Politique
Le plan Vigipirate renforcé en France, menacée de représailles par les islamistes
Publié le 12.01.2013, 17h47 | Mise à jour : 19h01
Otages, ressortissants étrangers et représentations françaises à l'étranger sont les cibles les plus probables, jugent les spécialistes.
Les menaces n'auront pas tardé à tomber. Les mouvements islamistes au Mali et en Somalie, ainsi qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) multiplient les menaces contre la France depuis la décision prise vendredi par François Hollande d'engager les troupes françaises au Mali pour aider l'armée locale à repousser les islamistes. «J'ai demandé à Jean-Marc Ayrault de renforcer le plan Vigiprate dans les meilleurs délais pour la protection de nos monuments et infrastructures de transport», a annoncé François Hollande lors d'une conférence de presse en début de soirée.
Menaces contre «tous les ressortissants français à travers le monde musulman». L'intervention militaire de la France contre les islamistes au Mali aura des «conséquences» pour les «otages français» ainsi que «tous les ressortissants français à travers le monde musulman», a déclaré ce samedi un porte-parole du groupe rebelle Ansar Dine. «Nous allons continuer à résister et à nous défendre. Nous sommes prêts à mourir au combat», a déclaré Sanda Ould Boumama, selon l'agence Reuters. Vendredi, un porte-parole d'Aqmi avait déjà invité la France à reconsidérer son intervention. «Stoppez votre assaut contre nous, ou vous creuserez la tombe de vos propres enfants», a prévenu Abdallah al Chinguetti dans une vidéo mise en ligne sur internet.
Des «conséquences amères». Après la tentative ratée de libérer l'otage français en Somalie, Denis Allex, dont «tout donne à penser» qu'il a été tué, selon Paris, et au cours de laquelle au moins un soldat français et dix-sept islamistes armés somaliens sont morts, les rebelles shebab, en Somalie, ont menacé la France de «conséquences amères».
Les cyber-jihadistes sur le pont. Sur les nombreux forums jihadistes, des exhortations, y compris individuelles, à frapper la France se sont récemment multipliées. Vendredi par exemple, un cyber-jihadiste surnommé «Abdul Rahman bin Abdul Rahman» a lancé un appel «à tous les jihadistes musulmans à lancer des attaques individuelles ou groupées contre les Français et leurs intérêts», demandant que l'on liste sur internet les adresses des ambassades de France et des cibles potentielles.
Manifestation devant l'ambassade de France à Londres. Une soixantaine de musulmans, dont une quinzaine de femmes en niqab, ont manifesté pacifiquement samedi devant l'ambassade de France à Londres pour protester contre l'intervention militaire française au Mali. «François Hollande, tu es un Satan, tu es un mécréant», a déclaré en français l'un des manifestants, Abu Shaafehi, muni d'un porte-voix en s'adressant au président français. «Non seulement on va libérer le Mali, mais aussi la France», a ajouté ce médecin de 43 ans. «Charia pour la France ! Le Coran pour la France ! François, allez au diable», a-t-il lancé, avant que les manifestants ne répètent les slogans dans un français hésitant.
Attaques en France peu probables, les ambassades et otages très vulnérablesSi des attaques sur le sol français restent peu probables, les otages français et les représentations et intérêts tricolores, notamment au Maghreb et dans les pays du Sahel, sont plus vulnérables et pourraient être visés, estiment plusieurs spécialistes des mouvements islamistes.
«En premier lieu, il y a bien sûr de quoi s'inquiéter pour le sort des otages français au Sahel, qui pourraient être les premiers à payer le prix de l'intervention des soldats français», assure Dominique Thomas, spécialiste des mouvements islamistes à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). «Monter des actions de représailles terroristes en France serait l'idéal pour eux, mais je ne crois pas qu'ils en aient les moyens pour le moment» poursuit Dominique Thomas. «Cela dit, ils peuvent s'employer à les préparer, pour dans quelques mois voire des années. Ils ont le temps».
Un avis partagé par Louis Caprioli qui a été, de 1998 à 2004, le sous-directeur chargé de la lutte contre le terrorisme à la Direction de la surveillance du territoire (DST, devenue aujourd'hui DCRI). «Aqmi a la volonté de frapper en France depuis des années. Son chef Abdelmalek Droukdel lance des appels en ce sens depuis 2007 et n'est parvenu à rien pour l'instant. Je ne pense pas qu'ils aient les structures opérationnelles pour cela», dit-il. «Mais il y a sur le territoire national des gens qui ont été formés, qui ont suivi des stages d'entraînement terroriste notamment en Syrie et qui pourraient voir dans l'intervention française au Mali un prétexte pour passer à l'action, à court ou moyen terme», ajoute-t-il. «Les menaces d'Aqmi et les appels sur les forums jihadistes sont une sorte de blanc-seing: si vous pouvez faire quelque chose, où que vous soyez, faites-le. Et c'est cela qui est dangereux», poursuit Louis Caprioli. «L'arrivée de soldats français, d'infidèles, en terre islamiste correspond exactement à un motif de lancement du jihad», ajoute-t-il.