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Mali : l'avancée des islamistes stoppée par l'armée et ses alliés
La France aide depuis cet après-midi militairement le Mali à repousser les groupes islamistes armés. La poussée jihadiste vers le sud du pays a «changé la donne» et nécessite, selon la communauté internationale, une riposte rapide et déterminée.
Publié le 11.01.2013, 14h41 | Mise à jour : 22h30
Archives. Les forces armées françaises ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour «lutter contre les terroristes » a annoncé le président de la République François Hollande.
Le déploiement des troupes françaises a été confirmé et brièvement expliqué en début de soirée vendredi par François Hollande, alors que Bamako avait imploré la France d'intervenir la nuit précédente. Les pays d'Afrique de l'Ouest ont autorisé dans la foulée le déploiement immédiat de troupes au Mali.
L'état d'urgence est entré en vigueur vendredi soir «sur toute l'étendue du territoire national», ont prévenu les autorités maliennes à 18 heures locale (19 heures à Paris).
Dès l'annonce de l'intervention française, des frappes aériennes ont eu lieu. «Il y a d'ores et déjà eu des frappes aériennes», a confirmé en soirée le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius, soucieux d'empêcher la progression vers le sud des islamistes qui, a-t-il rappelé, voulaient «installer au Mali un Etat terroriste». L'armée malienne a par ailleurs déclenché vendredi matin une offensive contre les islamistes pour reprendre la localité de Konna, dans le centre, conquise la veille par les jihadistes, a indiqué un officier de l'armée malienne, selon lequel des appareils militaires de «pays amis» sont utilisés pour tirer sur les islamistes.
Vendredi soir, une source militaire affirmait que l'avancée des islamistes avait été stoppée par la coalition militaire dont fait partie la France. «L'avancée des islamistes a été stoppée par l'armée malienne avec le soutien des troupes étrangères. Nous poursuivons l'offensive», a déclaré le capitaine Oumar Daw, basé à Mopti, dans le centre du pays.
Hollande : «Cette opération durera le temps nécessaire». «Le Mali fait face à une agression d'éléments terroristes venant du nord dont le monte entier sait désormais la brutalité et le fanatisme » a expliqué François Hollande lors d'une allocution depuis l'Elysée, peu après 18 heures, avant de poursuivre : « Il en va donc aujourd'hui de l'existence même de cet Etat ami, de la sécurité de sa population et de celle de nos ressortissants ». « J'ai donc au nom de la France répondu à la demande d'aide du président malien, appuyé par les pays africains de l'Ouest. En conséquence, les forces armées françaises ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre les terroristes » a annoncé le chef de l'Etat, qui a pris cette décision dans la matinée, en accord avec le président malien. «Cette opération durera le temps nécessaire», a précisé le président, précisant que la France intervenait « dans le cadre de la légalité internationale ». Les terroristes « doivent savoir que la France sera toujours là » lorsqu'il s'agit « des droits d'une population qui veut vivre libre et dans la démocratie », a conclu le président Français, qui recevra son homologue malien Dioncounda Traoré mercredi à Paris.
Le Parlement français sera saisi lundi de cette décision, conformément à l'article 35 de la Constitution française.
VIDEO. Mali: Hollande confirme l'engagement des forces françaisesLe président malien appelle à «la mobilisation générale» autour de l'arméeLe président malien par intérim Dioncounda Traoré a exhorté vendredi soir ses compatriotes à «la mobilisation générale» autour de l'armée malienne, engagée dans une offensive contre des groupes islamistes contrôlant le nord du pays et envisageant de progresser vers le Sud. «En tant que président de la République par intérim, chef de l'Etat et chef suprême des armées, et face aux derniers développements sur le théâtre des opérations, je n'ai d'autre choix que de sonner la mobilisation générale autour de la grande armée malienne pour faire obstacle, au prix du sacrifice ultime s'il le faut», à l'avancée des islamistes armés, a déclaré Dioncounda Traoré dans un message à la Nation.
Yayi Boni, le président béninois qui préside l'Union africaine, a salué l'intervention française. «Je voudrais absolument, au nom du continent, exprimer notre gratitude à la République française, à son président, à son gouvernement, à tout le peuple français, qui ont su apprécier la gravité de la situation qui prévaut aujourd'hui au Mali et dans la zone ouest-africaine».
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Pourquoi cette brusque accélération ?«Il y a une nouvelle donne, c'est Konna», a confié vendredi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, à plusieurs journalistes. Plus question désormais de se donner le temps de former l'armée malienne, puis de soutenir ensuite une force africaine loin d'être sur pied, comme c'était initialement prévu. Le ministre a avancé plusieurs raisons à cette brutale accélération des choses :
- L'armée malienne en déroute : S'ils affirment ne pas avoir été surpris par cette offensive, la rapidité avec laquelle les islamistes ont bousculé l'armée malienne a étonné les responsables français de la défense. «Ce qui frappe le plus, c'est que Ag Ghaly (le chef du groupe Ansar Dine) ait réussi à rassembler des groupes jusqu'ici éclatés et qu'ils aient une vraie organisation de la bataille mise en oeuvre sous l'autorité d'un chef», a souligné Jean-Yves Le Drian devant des journalistes.
- Le pays à deux doigts de l'anarchie : « Une fois Konna franchi, la route est ouverte » vers le sud et la ville de Mopti (plus de 100 000 habitants), à la limite entre le nord et le sud du pays, prévient le ministre de la Défense: « Vu la situation politique à Bamako, il suffit de pas grand chose pour que le pays tombe dans l'anarchie la plus totale ».
- Le statut particulier des militaires maliens de Konna. Les unités maliennes défaites à Konna étant justement celles dont la mission européenne devait assurer la formation, la France et ses alliés occidentaux sont contraints d'envisager d'urgence un autre scénario.
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La communauté internationale appelée à l'aide. Londres a immédiatement apporté son soutien à l'engagement des troupes françaises. François Hollande avait indiqué vendredi à la mi-journée que la France répondrait «strictement dans le cadre de l'ONU» à la demande d'aide de Bamako. Dans une déclaration adoptée jeudi soir par ses 15 pays membres, le Conseil de sécurité de l'ONU a d'ailleurs demandé un «déploiement rapide» de la force internationale au Mali devant la «grave détérioration de la situation» sur le terrain. L'Union européenne a également appelé vendredi à l'accélération de l'engagement international pour restaurer l'intégrité territorial de ce pays. Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a toutefois appelé à «intensifier les efforts politiques» pour résoudre la crise. «Il n'y aura pas de solution uniquement militaire du problème du Mali», a-t-il mis en garde.
De son côté, la Maison Blanche a affirmé vendredi qu'elle partageait les objectifs de la France au Mali. «Nous avons pris note du fait que le gouvernement malien avait demandé de l'aide, et nous partageons l'objectif français d'empêcher des terroristes de bénéficier d'un sanctuaire dans la région», a déclaré Tommy Vietor, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC).
Les ressortissants français priés de quitter le pays.
Les choses se sont accélérées ces derniers jours du côté du Quai d'Orsay. La «capacité de surveillance de la zone» par les services de renseignement français a été renforcée depuis plusieurs jours, a expliqué le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui a interrompu un déjeuner avec des journalistes ce vendredi pour s'entretenir au téléphone de la crise malienne avec le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta. Le ministre a précisé qu'il devait s'entretenir en fin de journée avec ses homologues Philip Hammond (Grande-Bretagne) et Thomas de Maizière (Allemagne). Paris a également appelé vendredi les français dont la présence n'est pas indispensable à quitter provisoirement le Mali compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire. «En raison de la forte dégradation de la situation sécuritaire au Mali, il est formellement déconseillé de s'y rendre, y compris à Bamako, jusqu'à nouvel ordre», écrit le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.