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Syrie : l'opposition rejette la «solution politique» d'Assad
Publié le 06.01.2013, 22h19 | Mise à jour : 22h36
Alep (Syrie), dimanche. Des combattants de l'opposition patrouillent dans les faubourgs de la ville dévastés. Dans la journée, au moins 78 morts, dont la moitié de civils, ont été dénombrés lors de combats.
Le président syrien Bachar al-Assad a proposé dimanche un plan «politique» impliquant son maintien au pouvoir, une solution aussitôt rejetée par l'opposition, exigeant son départ comme préalable à toute solution au conflit sanglant qui déchire le pays depuis 21 mois.
Dans sa première allocution en sept mois, dimanche matin, Bachar al-Assad s'est montré inflexible, assurant encore une fois que le conflit qui a fait, selon l'ONU, plus de 60. 000 morts, n'opposait pas le pouvoir et l'opposition mais «la patrie et ses ennemis» qui souhaitent sa partition. Devant un parterre de partisans réunis à la maison de la Culture et des Arts, il a appelé à un dialogue pour lequel il a affirmé ne pas avoir trouvé jusqu'à présent de «partenaire».
Refusant de négocier avec «des gangs qui prennent leurs ordres de l'étranger», al-Assad a proposé un plan en trois étapes qui commencera par un engagement des pays finançant les «terroristes» «à arrêter». Aussitôt après, l'armée cessera ses opérations, a-t-il promis, «tout en conservant le droit de répliquer». Dans ces conditions seulement s'ouvrira, promet Bachar al-Assad, «une conférence de dialogue national» débouchant sur un référendum, tandis qu'un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement émergeront des urnes.
L'opposition ne veut plus de ce «régime tyrannique»L'opposition a aussitôt rejeté ce plan, dont aucune échéance n'est précisée, accusant le chef d'Etat de vouloir choisir ses interlocuteurs et de chercher à se maintenir au pouvoir. Le porte-parole de la Coalition de l'opposition, Walid al-Bounni, a affirmé par téléphone par l'AFP à Beyrouth, que l'opposition souhaitait «une solution politique. Mais l'objectif pour les Syriens est de sortir
(M. Assad) et ils ont déjà perdu pour cela plus de 60.000 martyrs (...) Ils n'ont pas fait tous ces sacrifices pour permettre le maintien du régime tyrannique.»
De leur côté, les Frères musulmans syriens, importante force d'opposition, ont estimé dans un communiqué que ce plan ne représentait «rien», qualifiant Assad de «criminel de guerre devant être jugé».
Réactions outrées des Etats-Unis et en EuropeLe discours de Bachar al-Assad a provoqué les réactions outrées de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et des Etats-Unis, Londres dénonçant son «hypocrisie», Washington estimant qu'il est «déconnecté de la réalité». Pour Washington, le discours d'al-Assad «est une nouvelle tentative du régime pour s'accrocher au pouvoir (...). Son initiative est déconnectée de la réalité», selon la porte-parole de la diplomatie, Victoria Nuland.
Sur Twitter, le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a estimé que les «vaines promesses de réformes» de M. Assad «ne trompent personne», estimant que le discours du président allait «au-delà de l'hypocrisie». L'Union européenne l'a exhorté à se retirer pour permettre «une transition politique». Berlin a regretté qu'il n'exprime «aucune nouvelle prise de conscience».
Sur le terrain, au moins 78 personnes, dont 36 civils, 22 rebelles et 20 soldats ont trouvé la mort dimanche, selon un bilan provisoire de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).