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Youssou N'Dour candidat à la présidentielle sénégalaise
Publié le 03/01/2012 à 07:25 Yousson N'Dour, ambassadeur de l'Unicef, au camp de réfugiés somaliens de Dadaab, au Kenya, en septembre dernier.
Le célèbre chanteur sénégalais s'est déclaré lundi soir. Il affrontera Abdoulaye Wade le 26 février.
Le roi de la «world music» veut peser sur la politique sénégalaise. Le chanteur Youssou N'Dour, star planétaire de 52 ans, a annoncé lundi soir qu'il serait candidat à l'élection présidentielle du 26 février prochain, dans une déclaration diffusée par la radio et la télévision de son groupe, Futurs Médias (TFM) à Dakar. «J'ai écouté, j'ai entendu et je réponds favorablement» à plusieurs sollicitations pour briguer les suffrages des Sénégalais pour la présidentielle. «Je suis candidat», a affirmé Youssou N'Dour, arguant d'un «devoir patriotique».
Depuis quelques mois, cet habitué de Bercy avait mis entre parenthèses sa carrière musicale afin de se concentrer sur la politique. Il est venu grossir les rangs des opposants au président Abdoulaye Wade, 86 ans, qui se représente pour la troisième fois. Cette candidature fait débat au Sénégal. Le président a modifié la Constitution pour passer du septennat au quinquennat. Il a aujourd'hui effectué un septennat et un quinquennat, mais estime que le texte l'autorise à effectuer deux quinquennats.
Quelles sont les chances de Youssou N'Dour d'être élu? La réponse n'est pas évidente dans un vieux pays politique comme le Sénégal, doté à l'inverse d'autres pays africains de partis anciens et structurés. Les Sénégalais aiment Youssou N'Dour le chanteur, mais voteront-ils pour Youssou N'Dour le candidat? Outre son inexpérience, un autre obstacle se dresse devant lui. Le chanteur appartient par sa naissance à la caste des griots, une barrière invisible qui constitue l'un des secrets de la société sénégalaise, la division de la société entre «castés» - liés symboliquement à des métiers considérés comme inférieurs - et «non-castés». Cette réalité, souvent niée face aux étrangers, pèse malgré tout sur la vie sociale et politique. Un dicton affirme que «jamais un casté ne sera élu président». Youssou N'Dour est néanmoins respecté pour ses succès d'entrepreneur et de philanthrope. Propriétaire d'un studio d'enregistrement et d'un groupe de presse, il est membre du comité d'honneur de la fondation de Jacques Chirac pour l'Afrique, et s'est investi dans le microcrédit.
Son groupe de presse lui a permis de glisser vers l'action politique. Baptisé Futurs-médias, il est composé du quotidien L'Observateur, de Radio Futurs-médias (RFM) et depuis peu d'une chaîne de télévision. Cet exemple de réussite fait rêver une population dont la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté. Mais «l'effet Youssou N'Dour» se manifestera aussi à l'extérieur. L'engagement de la star, amie des Obama et de Hillary Clinton, dans le mouvement anti-Wade devrait donner à son combat une résonance mondiale. Ancien des concerts pour la libération de Nelson Mandela, Youssou N'Dour bénéficie auprès des Noirs du monde entier d'une aura d'Africain engagé.
Une scène de westernIl se lance dans la bagarre électorale dans une atmosphère de tension et de malaise comme le Sénégal en a rarement connu. Exemple de stabilité, le pays avait vu le président Senghor se retirer sans bruit, et son successeur, Abdou Diouf, reconnaître sa défaite face à Wade en 2000. C'est pourtant ce même pays qui connaît aujourd'hui une violence politique digne d'États moins avancés. La semaine dernière, le maire d'un quartier de Dakar, Barthélémy Dias, également responsable des jeunes du Parti socialiste (PS) a été incarcéré sous l'inculpation d'homicide volontaire après une scène de western. Le 22 décembre, l'édile avait accueilli à coups de revolver une équipe de partisans du président Wade qui attaquaient sa mairie, tuant l'un des assaillants et en blessant trois autres. Un autre responsable socialiste, Malick Noël Seck, a été condamné à deux ans de prison pour «menaces de mort» contre des magistrats, pour avoir dénoncé l'attitude du Conseil constitutionnel devant la candidature d'Abdoulaye Wade. Pour ajouter à l'inquiétude des Sénégalais, la rébellion séparatiste a repris le sentier de la guerre dans la province touristique de Casamance, au sud, où l'attaque d'une gendarmerie a fait lundi un mort, et deux disparus parmi les gendarmes, suivant l'enlèvement de cinq militaires mercredi dernier.