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Les magasins Virgin bientôt en cessation de paiement
Mis à jour le 04/01/2013 à 12:16 | publié le 04/01/2013 à 09:53
Le magasin Virgin des Champs-Elysées à Paris.
La direction met en avant la crise du marché des CD et DVD et les loyers trop chers dans certaines villes, notamment à Paris où le bail du magasin des Champs-Elysées va être résilié.Incertitude sur le sort du millier de salariés des 25 magasins Virgin de France. La direction a annoncé ce vendredi qu'elle comptait se déclarer en cessation de paiement. Un comité d'entreprise extraordinaire a été convoqué lundi prochain pour évoquer ce projet, a précisé une porte parole, confirmant une information de France Inter. La cessation de paiement est la première démarche que doit accomplir l'entreprise qui n'est plus en mesure de régler ses créanciers. Elle peut au mieux déboucher sur une procédure de redressement ou au pire sur une liquidation judiciaire, c'est-à-dire la disparition de l'entreprise.
Le groupe Virgin Megastore, contrôlé par Butler Capital Partners, fait face à de graves difficultés. D'après France Inter, «l'entreprise, en crise depuis 2008, a une dette de 22 millions d'euros. Elle est en retard dans le paiement de ses factures et des cotisations sociales, elle a beaucoup de mal à payer ses loyers et ses fournisseurs». En deux ans, le groupe a déjà réduit ses effectifs de 200 salariés, rappelle sa porte-parole.
La Fnac cherche aussi un nouveau modèle économiqueLa direction explique cette situation par l'effondrement du marché des CD et DVD et le développement de la numérisation. L'an dernier, sur la seule période de janvier à septembre, les ventes physiques sur ce secteur avaient glissé de 14,9% tandis que les ventes numériques progressaient de 13,8%. La part de marché du numérique dans la musique représente désormais 30,4%. Le marché du livre s'oriente dans la même direction même si en France, le mouvement est pour l'instant moins prononcé qu'aux États-Unis ou au Royaume-Uni.
La Fnac avance d'ailleurs les mêmes arguments pour justifier sa perte de vitesse. Même si elle résiste mieux que son concurrent, l'enseigne s'est déjà lancée dans un nouveau modèle économique qui passe notamment par le développement d'un réseau de franchise. Méfiant, son propriétaire, le groupe de luxe PPR, cherche toutefois depuis longtemps à se séparer de cet actif et, faute de trouver un repreneur, a annoncé son intention de l'introduire en Bourse cette année.
Autre problème de taille, selon Virgin: les coûts très importants des loyers commerciaux dans les centres-villes. Notamment à Paris, sur l'avenue des Champs-Elysées où le groupe a décidé de résilier le bail de son magasin, qui représente pourtant à lui seul 20% du chiffre d'affaires de l'entreprise. L'immeuble des Champs-Élysées où il est installé a été racheté par des investisseurs du fonds souverain Qatar Investment Authority en juin dernier. Les projets du nouveau propriétaire sont pour l'instant inconnus mais les syndicats sont sûrs que l'enseigne sera évincée de ces locaux. Virgin a déjà fermé trois magasins récemment, à Bordeaux Mérignac, au Carrousel du Louvre à Paris et à Saint Denis.
«On ne va pas se laisser faire»Dans un communiqué, l'intersyndicale (CFTC, CFE-CGC, CGT, FO et SUD) a rapidement appelé à «un grand élan de tous les salariés» et annonce un rassemblement le 9 janvier devant le magasin des Champs-Elysées à Paris. Les syndicats estiment que «trop de questions sont encore en suspens» et affirment que «le principal responsable de la situation est Butler, actionnaire majoritaire de Virgin depuis 2008», jugeant que c'est à lui de «payer l'addition».
«On est assez combatifs. On ne va pas se laisser faire», a déclaré Jean Damien (SUD), précisant que les syndicats avaient «de fortes présomptions» quant à une telle annonce car «quand une entreprise dit que ça va mal et ne présente pas de PSE (plan de sauvegarde de l'emploi), ça veut dire qu'ils veulent nous enfumer».
«Vu l'état des comptes, on s'y attendait à moitié», a renchéri Loïc Delacourt, élu CFE-CGC au CE, relevant que la situation de l'entreprise était notamment liée à la conjoncture économique qui nuit à l'achat de produits culturels, mais également un manque de moyens alloués par les actionnaires à une «stratégie offensive pour trouver de nouveaux marchés».
Interrogé sur ce dossier sur France Inter, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger y a vu la démonstration «que tous les secteurs sont confrontés à un moment donné à des difficultés économiques». Mais il a aussi pointé le fait que «Virgin n'a pas fait les virages qu'il fallait à un moment donné en terme de stratégie économique».