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L'UMP entreprend un long travail de reconstruction
Mis à jour le 03/01/2013 à 21:19 | publié le 03/01/2013 à 19:10
Jean-François Copé et François Fillon, le 26 mai dernier à Paris.
Copé et Fillon doivent se rencontrer la semaine prochaine pour partager les postes à la direction du parti.«On reprend des forces et on y retourne.» Pour ce proche du président de l'UMP, il ne s'agit pas de replonger dans la bataille qui a opposé depuis le 18 novembre Jean-François Copé et François Fillon. «Non, on conduit un combat implacable contre la politique du gouvernement, précise-t-il. C'est d'ailleurs le meilleur moyen de ressouder tout le monde.» Depuis l'accord signé un mois plus tard entre les deux concurrents, les ténors de l'UMP se sont faits plus discrets. Tous ont mis à profit les vacances pour reconstituer leurs forces. «On a coupé pendant dix jours et ça fait du bien à tout le monde», souffle le patron des députés UMP, Christian Jacob. «Maintenant nous avons une obligation de résultats au regard de nos engagements auprès des militants et des Français», poursuit l'ami de Copé (lire également ci-dessous).
Si l'UMP compte se refaire une santé politique en confrontant le gouvernement à une «opposition implacable et unie», plusieurs rendez-vous demeurent à l'agenda de convalescence du parti. La réunification des groupes UMP et RUMP à l'Assemblée est le premier. «Mon souhait est de voir tous les députés réunis dès la rentrée (le mardi 15 janvier) et cela correspond à l'accord global signé par Fillon et Copé», précise Jacob. L'accord précise que la réunification doit intervenir dans la première quinzaine de janvier, en même temps que la mise en place d'une équipe dirigeante ouverte au siège du parti.
Deux fillonistes, Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse, ont déjà leur place toute trouvée dans cet organigramme qui doit respecter les sensibilités et les motions: le premier sera vice-président, l'autre secrétaire générale déléguée, au côté des copéistes Luc Chatel et Michelle Tabarot, respectivement vice-président délégué et secrétaire générale. Mais, pour le reste, François Fillon et Jean-François Copé doivent se revoir. «En début de la semaine prochaine», précise-t-on chez les fillonistes, «dans un délai rapide», confirme-t-on chez les copéistes. Ce qui laissera une semaine pour finaliser les nominations au parti avant que les députés reprennent le chemin de l'Assemblée.
Parmi les sujets épineux, celui des postes que les fillonistes veulent voir «dédoubler»: la tête des très importantes fédérations ou celle de la commission des investitures, par exemple. Chez les proches de Fillon, on imagine que les nominations vont être l'occasion d'un «profond renouvellement» de l'encadrement du parti. «Avec cette campagne, on est passé du statut d'ancienne majorité à celui de nouvelle opposition: de nouvelles têtes sont apparues et d'autres ont disparu», estime le député du Val-d'Oise Jérôme Chartier. «Le statut d'ancien ministre n'a plus la même valeur qu'auparavant», insiste un élu filloniste.
Côté copéiste, on assure qu'il n'y aura pas de bataille d'organigramme. «Dès le lendemain de l'élection, Copé a fait la démonstration de son ouverture en proposant des postes aux fillonistes, explique-t-on. Il avait même offert la vice-présidence du parti à Fillon, ce qui a été immédiatement refusé. Maintenant qu'il y a accord, cela ne peut être que plus facile.» Les proches du président de l'UMP assurent par ailleurs que d'«excellentes relations» ont été conservées avec beaucoup de fillonistes malgré la crise interne et qu'elles ne demandent qu'à être réactivées.
«Le goût du sang»Copé n'entend cependant oublier ni ses proches ni ceux qui n'ont pas pris parti. Les postes, y compris ceux de vice-présidents ou de secrétaires généraux délégués, pourraient être démultipliés pour faire entrer de fidèles copéistes ou des personnalités comme Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire ou Xavier Bertrand.
Les nerfs restent cependant à vif après cette bataille interne. «Il y a ceux qui s'amusaient et ceux qui, très majoritairement, ont été très malheureux», explique un député. Et parmi ceux qui «s'amusaient», beaucoup souhaitent encore en découdre. En témoigne une réunion de fillonistes qui s'est tenue le 22 décembre, en présence de Philippe Goujon, Jean-François Lamour et plusieurs autres élus et militants parisiens. «Copé a transformé Fillon en chef de guerre et des gentils en généraux d'infanterie, y a expliqué Jérôme Chartier. Il nous a donné le goût du sang.»
Les copéistes ne baissent pas moins la garde. «Avec l'élection en septembre, nous avons six mois pour installer le leadership de l'opposition», calcule un proche de Copé. Mais ce nouveau scrutin sera «un rendez-vous de clarification définitive par rapport à tous les propos indignes et ignobles qui ont été tenus - au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer dans une famille politique normale», estime-t-il encore. L'UMP connaît une trêve, mais pas encore la paix.
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Les députés UMP appelés à la mobilisationLa «parenthèse» de la guerre interne entre Jean-François Copé et François Fillon «refermée», le président du groupe UMP à l'Assemblée Christian Jacob est pressé d'en découdre à nouveau avec la majorité, à la tête d'un groupe réunifié. «Les deux textes défendus par le gouvernement en cette rentrée - le contrat de génération et le mariage homo - vont nous y aider», estime-t-il. «Le contrat de génération, mesure phare du candidat Hollande, non seulement n'est pas financé mais il n'aura, de surcroît, aucun effet sur l'emploi puisqu'il concurrencera directement l'apprentissage et la formation en alternance», estime le député de Seine-et-Marne. Quant au mariage pour tous, «il ne cesse de dériver», estime-t-il. «Derrière le débat sur le mariage et l'adoption, s'ouvrent les questions de la procréation médicale assistée et de la gestation pour autrui sur lesquelles la gauche monte en force», estime Jacob. Autre temps fort de la rentrée parlementaire pour l'UMP, le cinquantième anniversaire du traité de l'Élysée entre l'Allemagne et la France. «Nous serons très mobilisés autour de cet événement», précise-t-il en annonçant qu'une délégation d'élus ira à Berlin le 22 janvier.