WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Société
Cahuzac : Bruguière a reçu une copie de l'enregistrement
Mis à jour le 24/12/2012 à 13:29 | publié le 24/12/2012 à 10:25
Jean-Louis Bruguière, à gauche, à Villeneuve-sur-Lot, lors de la campagne des législatives de 2007.
L'ex-juge antiterroriste confie avoir reçu des mains de Michel Gonelle une copie de la bande dans laquelle, selon Mediapart, Jérôme Cahuzac admet avoir un compte en Suisse. Il l'aurait immédiatement détruite.Vendredi, lorsque
Mediapart a révélé que Michel Gonelle était le détenteur de l'enregistrement qui contient, selon le site internet, la preuve que Jérôme Cahuzac détient un compte en Suisse, l'ancien maire de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) a évoqué une seconde copie de la bande. «J'ai sauvegardé ce message en faisant deux copies sur un support CD-ROM. Je n'ai pas utilisé ces copies pendant des années jusqu'à ce que je m'en ouvre à un haut magistrat. Je lui ai transmis l'une des deux copies, mais elle ne m'a jamais été restituée. Je présume que c'est cette copie qui a dû circuler», expliquait l'ancien adversaire politique du ministre délégué au Budget au Parisien.
Rapidement, le nom de Jean-Louis Bruguière, villeneuvois de souche, a circulé, notamment dans les colonnes du quotidien régional
Sud-Ouest. Dimanche soir, l'ex-juge anti-terroriste a reconnu dans un entretien à
Paris Match avoir reçu le fameux enregistrement. Candidat face à Jérôme Cahuzac dans le Lot-et-Garonne aux législatives de 2007, il affirme qu'au «début de la campagne», Michel Gonelle lui avait «notamment parlé d'un enregistrement qui concernerait Jérôme Cahuzac». «Il y avait un aspect fiscal mais il ne m'a pas donné plus de précisions», assure Jean-Louis Bruguière.
Gonelle se dit prêt à transmettre sa bande à un jugeSur la bande diffusée dans son intégralité par Mediapart, on entend un homme parler de son compte en banque en Suisse et dire: «Ca me fait chier d'avoir un compte ouvert là-bas, l'UBS c'est quand même pas forcément la plus planquée des banques». Cette bande est-elle la même que celle transmise par Gonelle à Bruguière? «Je pense aujourd'hui qu'il s'agit de l'enregistrement diffusé par Mediapart, mais je ne peux le certifier, car je n'ai jamais écouté le contenu», jure l'ex-héraut de la lutte antiterroriste.
Et pour cause: Jean-Louis Bruguière dit avoir détruit la copie de l'enregistrement dès qu'il est entré en sa possession. «Je ne l'ai ni utilisé, ni conservé, considérant ce type de procédé douteux, contestable, non éthique. (…) Je n'ai jamais transigé sur l'éthique et jamais je n'aurais voulu être élu avec des procédés à mon sens déloyaux», ajoute l'ancien magistrat, qui assure avoir exclu Michel Gonelle de son équipe de campagne pour les législatives.
De son côté, Michel Gonelle, qui a authentifié la voix de Jérôme Cahuzac sur la bande, se dit prêt à remettre à un juge «la seule copie de l'enregistrement qui (lui) reste». L'entourage du ministre a toujours démenti qu'il s'agissait de lui. Mediapart assure néanmoins avoir eu connaissance de courriels dans lesquels Jérôme Cahuzac «n'a jamais contesté l'authenticité de la bande, au contraire».
Lundi, Michel Gonelle a affirmé que le magistrat était «certainement pour quelque chose» dans la publication de l'enregistrement par Mediapart. Michel Gonelle, qui dans un premier temps n'avait pas dit le nom du «magistrat» auquel il aurait confié la bande, a «remercié» Bruguière «de l'avoir fait de lui-même» dans Paris-Match. «Comme ça, cela confirme que je dis la vérité», a-t-il ajouté.
Et Gonelle de régler ses comptes avec le magistrat: «Il prétend avoir détruit cet enregistrement, c'est une attitude singulière pour un magistrat et ce n'est pas crédible». Jean-Louis Bruguière «évoque son éthique, cela fait rire tous ceux qui le connaissaient et en particulier ceux qui ont participé à sa campagne électorale en 2007». «Il a fait campagne aux frais du contribuable avec sa voiture blindée et ses gardes du corps, il a fait peur à tout le monde, c'est un manipulateur qui n'a pas d'éthique», a-t-il dit. Selon Gonelle, Jean-Louis Bruguière ne l'a pas exclu de son équipe à l'époque. «C'est moi qui ai pris mes distances avec lui au cours de la campagne parce que son entourage n'était pas très recommandable, il y avait des repris de justice».