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La Constitution adoptée avec 64% des voix en Égypte
Publié le 23/12/2012 à 09:16
Le scrutin s'est déroulé en deux fois, les samedi 15 et 22 décembre. Les résultats définitifs seront proclamés dans deux jours.
Les résultats, annoncés via Twitter par les Frères musulmans, font état d'une participation de 32% seulement. Le principal parti d'opposition dénonce de nombreuses fraudes.Les islamistes au pouvoir en Égypte ont affirmé tôt dimanche que leur projet de Constitution, dénoncé par l'opposition, avait recueilli l'approbation de 64% des votants lors du référendum qui s'est tenu en deux phases, le 15 décembre et ce samedi. Le taux de participation global avoisine les 32% d'après les chiffres que la confrérie a posté sur son compte Twitter. Le comité électoral doit annoncer les résultats définitifs d'ici deux jours.
[tweet https://twitter.com/Ikhwanweb/status/282667115075485696
Comme la semaine dernière, le principal groupe d'opposition, le Front du salut national (FSN), a dénoncé des fraudes, affirmant dans un communiqué que certaines personnes s'étaient fait passer pour des juges pour superviser le vote. Avec des groupes de défense des droits de l'Homme, ils ont convoqué des conférences de presse dimanche pour faire connaître leurs observations sur le déroulement de cette deuxième phase du scrutin.
Les Frères musulmans, dont est issu le président Mohamed Morsi, et le journal officiel Al-Ahram disent faire leurs déclarations sur la base des procès-verbaux de presque tous les bureaux de vote ouverts samedi ainsi que des résultats de la première phase du scrutin. La division du pays en deux zones de vote a été décidée pour faire face au boycott de nombreux magistrats chargés de superviser le scrutin, en conflit avec le président Morsi qu'ils accusent de porter atteinte à l'indépendance de la justice.
Démission du vice-présidentLe référendum a été précédé par plusieurs semaines de manifestations qui ont parfois dégénéré en heurts entre adversaires et partisans de Mohamed Morsi et du puissant mouvement dont il est issu, les Frères musulmans. Des affrontements vendredi à Alexandrie, la deuxième ville du pays, ont fait plusieurs dizaines de blessés, et début décembre, huit personnes ont été tuées dans des affrontements au Caire. 250.000 policiers et soldats avaient été déployés pour assurer la sécurité durant le vote tandis que l'armée avait positionné des tanks autour du palais présidentiel depuis le début du mois.
Parallèlement au vote, le vice-président Mahmoud Mekki, un magistrat respecté, a annoncé en début de soirée sa démission, disant avoir «réalisé depuis un moment que la nature du travail politique ne convenait pas à (sa) formation professionnelle de juge». Dans le même temps, la télévision d'Etat a annoncé puis démenti la démission, sans en donner la raison, du gouverneur de la Banque centrale, après des rumeurs ces derniers jours sur son possible départ pour raisons de santé.
Les droits des minorités religieuses menacés«Je vais voter oui parce que l'Egypte a besoin d'une Constitution pour être stable», a déclaré Mohamed Hamza, un chauffeur de 49 ans qui patientait devant un bureau de vote de Guizeh. «Je voterai non, mille fois non. Je ne suis pas à l'aise avec les Frères musulmans et tout ce qu'ils font», a pour sa part affirmé Zarifa Abdel Aziz, une femme au foyer de 50 ans. Les groupes de défense des libertés affirment que la constitution menace les droits des minorités religieuses et des femmes tout en autorisant les militaires, qui conservent une influence considérable sur la politique, à juger les civils qu'ils estiment «nuisibles» à l'armée.
Pour le camp présidentiel, l'adoption d'une nouvelle Constitution doterait enfin le pays d'un cadre institutionnel stable, qui viendrait clore la transition tumultueuse que vit l'Egypte depuis la chute de Moubarak. Si la victoire du oui se confirme, la nouvelle constitution, rédigée par un conseil dominé par les islamistes et boycotté par les chrétiens et les libéraux, doit entrer en vigueur cette semaine. Elle accordera le pouvoir législatif au Sénat jusqu'à ce qu'un nouveau parlement soit élu pour remplacer l'assemblée qui avait été dissoute en juin. Mais selon des analystes, l'adoption d'une nouvelle Constitution ne devrait pas mettre fin à la crise, en raison de l'ampleur des divisions au sein de la société égyptienne.