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Mario Monti a restauré la crédibilité de l'Italie
Mis à jour le 11/12/2012 à 08:10 | publié le 10/12/2012 à 21:48
Mario Monti et le président de la BCE, Mario Draghi, à Bruxelles en mai dernier.
En moins d'un an, le technocrate a employé les grands moyens pour faire baisser des dépenses publiques.Un chiffre résume, à lui seul, le bilan économique de Mario Monti: le taux d'emprunt de l'Italie à 10 ans, qui est passé de 7,20 % en novembre 2011 à moins de 4,5 %, avant le retour de la crise politique. Cette chute vaut de l'or, surtout dans l'un des pays les plus endettés du monde. Il permet à l'État italien d'économiser des milliards chaque année sur le refinancement de sa dette qui s'élève toujours à 1900 milliards d'euros soit 126,5 % du PIB.
Pour obtenir ce résultat inédit en zone euro, en une si courte période, Mario Monti a employé les grands moyens: baisse drastique des dépenses publiques de 45 milliards d'euros, hausse de la pression fiscale de 50 milliards d'euros entre 2012 et 2013. En moins d'un an, «Il professore» a également fait voter deux réformes très impopulaires auprès des syndicats mais saluées par Bruxelles, Berlin et le FMI: le relèvement de l'âge de la retraite à 66 ans ; la libéralisation du marché du travail qui permet de licencier plus facilement, en créant l'équivalent italien de la rupture conventionnelle. La réforme du Code du travail fut la bataille la plus rude pour Mario Monti. Elle a sans doute précipité sa chute politique.
Sur les marchés, la recette Monti, mêlant réformes et austérité, a fait des miracles. En un an, elle a restauré l'image de l'Italie esquintée par les années Berlusconi. «En finance, la confiance, c'est la clé de tout», rappelle Cedric Thellier, chez Natixis.
Le premier ministre italien ne fut pas le seul «Super Mario». Il a été aidé dans sa tâche herculéenne par un influent compatriote, Mario Draghi, nommé à la présidence de la Banque centrale européenne à Francfort presque en même temps que lui au palais Chigi. Mario Monti était suffisamment crédible pour que la BCE annonce cet été son programme de rachat de dette, le fameux «OMT» qui a changé la donne sur les marchés, rappelle Cédric Thellier. Il n'empêche, du monde de la finance à l'économie réelle, il y a un fossé que l'électeur ne franchit pas aisément. L'austérité paye sur les marchés, mais elle est coûteuse en terme de croissance, et dans les sondages.
Redressements fiscauxL'Italie, troisième économie de la zone euro, traverse une sévère récession. Le produit intérieur brut (PIB) de la péninsule devrait chuter de 2,3 % en 2012, et de 0,5 % en 2013 d'après Bruxelles. La chute de croissance est plus forte qu'en Espagne. Le taux chômage est en forte hausse: 10,6 % en 2012, et 11,5 % en 2013. Le taux de chômage des jeunes frôle les 30 %, l'un des plus élevés d'Europe.
La lutte contre la fraude fiscale n'a pas aidé à la popularité de Mario Monti. Les Italiens ne peuvent plus échapper aux fourches Caudines de la Garda di Finanza qui procède à des redressements fiscaux très impopulaires. Avec un résultat probant: l'Italie sera le seul pays de la zone euro à respecter son objectif de déficit à moins de 3 % du PIB en 2012. Un exploit que seule l'Allemagne, l'Autriche, et la Finlande ont réussi à atteindre.