Jamel Administrateur
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| Sujet: Jérôme Cahuzac organise sa défense, Mediapart persiste Jeu 6 Déc - 9:08 | |
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Jérôme Cahuzac organise sa défense, Mediapart persiste
Mis à jour le 06/12/2012 à 00:03 | publié le 05/12/2012 à 20:05
Jérôme Cahuzac, ministre délégué auprès du ministre de l'Économie et des Finances chargé du Budget, en conversation avec Jean Glavany (à gauche), mercredi, à l'Assemblée nationale. Soupçonné d'avoir détenu un compte en Suisse, le ministre du Budget dépose plainte et joue la transparence. Le site d'informations publie un enregistrement compromettant. Jérôme Cahuzac savait qu'il serait interrogé par les députés. Mercredi, au Palais Bourbon, la première question au gouvernement a été pour lui. Face à l'UMP Daniel Fasquelle, qui l'interrogeait sur ce compte suisse transféré à Singapour dont Mediapart, enregistrements à l'appui, assure détenir les preuves, le ministre délégué au Budget est resté serein. «Votre question est légitime, et il est normal que j'y réponde», a-t-il indiqué avec le plus grand calme. «Je démens catégoriquement les allégations contenues sur le site Mediapart. Je n'ai pas, je n'ai jamais eu de compte à l'étranger. Ni maintenant ni avant», a-t-il ajouté. Au moment où le ministre rejoignait le banc, Jean-Marc Ayrault lui a rapidement mais ostensiblement serré la main. «Très bien», lui a glissé le premier ministre, en prenant soin de bien articuler ces quelques mots afin qu'ils soient compréhensibles de tous. À l'issue du Conseil des ministres, François Hollande et Jean-Marc Ayrault s'étaient entretenus avec Jérôme Cahuzac. «Pour ce qui est du gouvernement, du premier ministre et du président de la République, chacun a affiché sa solidarité à l'égard de Jérôme Cahuzac, qui traverse un épisode particulièrement désagréable», a affirmé Najat Vallaud-Belkacem, lors du compte rendu du Conseil. Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, les appuis étaient tout aussi nombreux vis-à-vis de celui qui, à gauche comme à droite, est considéré comme un des maillons forts de l'équipe Ayrault. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, lui a envoyé «un petit SMS d'amitié». Le PS est monté au créneau dans l'après-midi par le biais d'un communiqué d'Harlem Désir: «Le combat politique n'autorise pas tout. Le Parti socialiste condamne fortement les attaques et les calomnies sans fondement à l'encontre de Cahuzac.» Dépôt d'une plainteDe façon plus inattendue, un soutien de poids est venu de l'opposition: celui d'Éric Woerth, ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, en fonction au moment où aurait été évoquée, à Bercy, l'existence du compte secret supposé de l'ancien député par Rémy Garnier, un «vérificateur» fiscal du Sud-Ouest. Deux jours avant que Mediapart ne publie l'article visant le ministre du budget, en s'appuyant «sur de nombreux témoignages», selon le média, Jérôme Cahuzac, qui a été contacté par les journalistes, appelle son prédécesseur en urgence. «Tu étais au courant de quelque chose?» interroge-t-il. La réponse de son adversaire politique est ferme: «Rien, ni mon directeur de cabinet ni moi n'avons jamais entendu parler d'un tel compte.» «Je ne vais pas crier avec les loups», confirme Éric Woerth. Par ailleurs, la liste des 3000 noms de clients d'UBS - banque dans laquelle Jérôme Cahuzac aurait hébergé son compte - n'est parvenue à l'administration fiscale qu'après la rédaction du mémoire de Rémy Garnier. Toutefois, «apporter la preuve de quelque chose qui n'existe pas», selon l'affirmation de l'entourage du ministre, n'est pas chose aisée. Jérôme Cahuzac a tenté de contre-attaquer dès le matin en annonçant le dépôt d'une plainte. Son avocat, Gilles Auguste, un grand nom des cabinets d'affaires parisiens, devait finaliser dans la soirée une plainte en diffamation contre Mediapart. Même si le geste marque son volontarisme, il ne permet pas d'établir immédiatement l'absence de compte en Suisse.
L'argent, un tabou en politiqueLe ministre a apporté la contradiction à ses adversaires en publiant sur son blog le détail du financement de son appartement, acquis en 1994, pour un montant de 6 millions de francs dont une partie - 4 millions - est qualifiée de «douteuse» par l'agent fiscal. Soucieux de s'expliquer, Cahuzac fait état d'«un prêt personnel des parents de Monsieur» pour 1,5 million de francs, du «remploi de fonds propre de Madame» pour 570.000 francs, de la «revente de l'appartement précédent» pour 975.000 francs et d'un «apport personnel versé par chèque de BNP Paribas Paris» provenant de «comptes d'épargne» pour 955 000 francs. «Mon notaire m'a transmis les éléments suivants auxquels l'administration a tout à fait accès», écrit le ministre. Un exercice risqué, tant l'argent reste un tabou en politique. La défense de Cahuzac, en tout cas, ne sera pas aisée, du fait de son portefeuille ministériel. «Il a autorité sur l'administration fiscale. Dans ce contexte, il sera très compliqué pour lui de diligenter une enquête auprès de cette administration afin de faire la lumière sur cette affaire», avertit l'un de ses prédécesseurs. | |
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