Listes électorales : plus que six jours pour s'inscrire

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Listes électorales : plus que six jours pour s’inscrire

Publié le 26.12.2011, 07h20


PARIS (XXe), MARDI. Dans le hall spécialement aménagé, les employés municipaux entrent les inscriptions sur les listes électorales. Comme tous les ans, et plus
particulièrement avant une échéance présidentielle, les derniers jours de décembre enregistrent la plus forte affluence.

Après la ruée de Noël dans les magasins, place aux embouteillages en mairie? Comme chaque année, c’est souvent pendant la dernière semaine de décembre qu’un grand nombre de Français se décident à filer s’inscrire sur les listes électorales. S’ils ne font pas d’ici à samedi, les retardataires ou les oublieux ne pourront pas participer aux deux rendez-vous majeurs qui attendent les électeurs en 2012 : la présidentielle les 22 avril et 6 mai, puis les législatives les 10 et 17 juin. De quoi logiquement doper l’afflux dans les hôtels de ville… Sauf que, cette année, l’heure ne semble pas vraiment à la ruée. Le nombre d’inscriptions est certes plus important qu’en 2010, mais cette hausse reste nettement plus timide que celle observée il y a cinq ans, avant la présidentielle de 2007. L’année 2006 avait en effet connu un boom spectaculaire — notamment chez les jeunes — avec 1,4 million de nouveaux venus sur les listes (contre 1 million en 2001).

Ainsi, à Trappes (Yvelines), le nombre d’inscrits avait plus que doublé entre 2001 et 2006. Une ruée citoyenne consécutive du « choc » ressenti après le premier tour (marqué par une forte abstention et l’élimination du candidat de gauche) de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002. « Cette année ne s’annonce vraiment pas spectaculaire », remarque le directeur de cabinet Grégory Mèche, qui table sur un nombre de nouveaux inscrits deux fois moins élevé en 2011 qu’en 2006. Même son de cloche à Roubaix (Nord), Metz (Moselle), Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) ou encore à Paris. Le Xe arrondissement, qui avait connu une des progressions les plus spectaculaires de la capitale en 2006, recensait à la mi-décembre deux fois moins de nouveaux inscrits.

Pour Anne Muxel, sociologue au Cevipof (centre de recherches politiques de l’Institut d’études politiques de Paris), cette moindre mobilisation s’explique par un « climat de défiance important envers les dirigeants politiques ». « La situation n’est pas du tout la même qu’en 2007, ajoute-t-elle. Il n’y a pas de vrai renouvellement des candidats, ni un personnage qui soit vraiment porteur. » Sur le terrain, l’association la Balle au centre, basée à Bobigny (Seine-Saint-Denis) et engagée dans l’« éducation citoyenne », fait sensiblement le même constat. « En 2007, il y avait des projets de société et un discours clivant, analyse Rachid Chatri, un des fondateurs. Aujourd’hui c’est différent, personne ne fait vibrer la population, les gens sont un peu désintéressés. »

Aurait-il fallu une campagne nationale de sensibilisation, comme il y a cinq ans? Samedi, Roger-Gérard Schwartzenberg, du Parti radical de gauche, a déploré l’absence d’initiative du gouvernement. L’ancien ministre se demande même si ce « mutisme » n’aurait pas pour objectif de « maintenir un phénomène de non-inscription sur les listes électorales qui concerne surtout des catégories sociodémographiques susceptibles de voter à gauche ».

Localement, en revanche, de nombreuses villes ont mis en place des dispositifs spéciaux en cette fin d’année pour rappeler les habitants à leurs droits et devoirs citoyens. Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) s’est par exemple dotée d’une antenne mobile : une camionnette, qui sillonne les rues, fera office cette semaine de bureau d’inscription.