WEB - GOOGLE - ACTUALITE > Politique
UMP : excédé, Nicolas Sarkozy maintient la pression
Mis à jour le 29/11/2012 à 07:34 | publié le 28/11/2012 à 20:55
Nicolas Sarkozy, mercredi au parc Monceau à Paris.
Mercredi, l'ex-président a continué à s'entretenir avec les acteurs du psychodrame.Plus difficile que le sauvetage des banques en octobre 2008? Plus périlleux que le conflit en Géorgie? Plus ardu qu'une avancée au G20 sur la régulation bancaire? Imposer la paix dans son propre camp. Amener les siens à faire un pas vers la réconciliation. Nicolas Sarkozy a découvert mercredi matin que son plan de paix avait tenu douze heures à peine! Une véritable gifle pour celui qui a été intronisé la veille par les médias véritable patron d'une droite qui a perdu la tête. Nicolas Sarkozy a été «excédé et stupéfait» de découvrir que, comme dans un film d'horreur, le pire était encore possible même après l'heureux dénouement qui devait inscrire le mot «fin».
Dès l'aube, au micro d'Europe 1, Jean-François Copé annonçait qu'il considérait que tout était caduc, car François Fillon n'avait pas, de son côté, renoncé à la création du RUMP, le groupe dissident créé la veille à l'Assemblée nationale. Un point sur lequel François Fillon ne veut pas céder alors qu'il a déjà accepté dans la matinée de reverser l'argent de ses députés à l'UMP.
Nicolas Sarkozy a aussitôt appelé Jean-François Copé pour lui demander de revenir à des sentiments plus raisonnables. Il est tombé sur «un homme à bout de nerfs», selon un proche de Sarkozy. Copé lui a notamment reproché de le laisser tomber. «Les proches de Copé ont le sentiment que Sarkozy lui a trop tordu le bras», confie un ex-conseiller de l'ancien président, également à la manœuvre.
Puis il a eu au téléphone François Fillon, pour l'encourager à abandonner son groupe. «Ce serait du désarmement unilatéral», a fait observer Fillon à Sarkozy, en soulignant qu'il n'avait pas d'autres moyens de pression pour s'assurer d'un «revote». Avec les efforts conjugués de Luc Chatel, il a obtenu de Jean-François Copé qu'il laisse encore la porte entre-ouverte lors d'un point presse, rue de Vaugirard. L'ex-président a également joint quelques non-alignés, comme Nathalie Kosciusko-Morizet. Son ancienne porte-parole pendant la campagne présidentielle a pris la tête d'une croisade en faveur d'un nouveau vote rapide et immédiat. Une initiative que Sarkozy encourage fortement depuis le début.
Au fil des heures, Nicolas Sarkozy s'est voulu légèrement plus confiant. Il s'est réjoui de l'initiative de Christian Jacob et de l'appel des non-alignés, «autant de signes qui vont dans la bonne direction», a commenté un proche. Pourtant, au même moment, les uns et les autres ne cessaient d'ajouter des conditions aux conditions. «Je pense que les entourages jouent un rôle très néfaste», glisse un ami du président. Mais, dans la soirée, l'incertitude dominait toujours. «Le problème de Jean-François, c'est que, quand il est au bout du rouleau, il ne lâche rien et se barricade encore plus», note un ami de Sarkozy et Copé.
Ce retour si rapide à l'état de guerre de tous contre tous est-il un camouflet pour le pacificateur de la droite? «Il faudrait qu'il soit tout le temps derrière eux. Qu'il les enferme dans son bureau, mais ça, il ne le veut pas», répond un de ses ex-conseillers. Car le négociateur surdoué qu'il est, sait bien qu'on obtient des résultats, même modestes, qu'en déployant un maximum d'énergie en un minimum de temps. Or il est hors de question pour l'ancien chef de l'État de replonger dans la fournaise. Pour plusieurs raisons.
Cultiver la distanceIl n'oublie pas qu'il est membre du Conseil constitutionnel, et tenu à ce titre au devoir de réserve. Un communiqué ou une prise de parole de sa part compromettraient son statut de Sage. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a d'ailleurs été obligée de reconnaître que l'intervention de Nicolas Sarkozy dans la crise de l'UMP «n'a pas été une intervention publique». «Il s'agit de propos rapportés», a-t-elle concédé.
Ce devoir de réserve conforte en réalité l'ancien chef de la droite dans l'état d'esprit très distancié qu'il cultive depuis quelque temps. «Les gens n'ont pas compris qu'il n'avait plus le même intérêt dans l'interventionnisme permanent qu'on lui connaissait avant», note un collaborateur. «L'avez-vous vu se jeter sur les caméras pour faire une déclaration après son audition de douze heures par le juge Gentil?», interroge ce dernier.
Son ami et porte-parole officieux, Brice Hortefeux, explique souvent qu'un retour dans la vie politique ne pourrait se faire que grâce à une subtile combinaison «d'envie, de devoir et de circonstances». «Sur les circonstances, on progresse, sur le devoir aussi, mais sur l'envie, on est loin du compte…», confie l'ancien ministre de l'Intérieur.
Preuve en est, l'ex-président a tenu à suivre le cours d'une journée normale. Il a reçu pour le déjeuner quatre prêtres, dont certains avaient été invités à l'Élysée le 24 décembre 2011. Il s'est entretenu avec eux longuement de la question du mariage homosexuel et il a regretté que le débat ne prenne pas plus en compte les objections formulées par les grandes familles religieuses. Il a noté que la mobilisation contre une telle proposition était laissée en jachère. «La manifestation de janvier prochain, ça se prépare», a-t-il observé. Mais il a aussi reçu une fédération patronale et le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. «On était à un autre niveau que ces guignols de l'UMP», soupire un proche.