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UMP : le camp Fillon claque la porte de la Commission des recours
Publié le 25.11.2012 à 08h09 • Mis à jour le 25.11.2012 à 12h22
Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon, a claqué la porte de la Commission des recours, dimanche 25 novembre.
L'UMP joue son avenir, dimanche 25 novembre, avec une réunion de sa Commission des recours suivie d'une rencontre, la première depuis le début de la crise, des deux rivaux François Fillon et Jean-François Copé sous l'égide d'Alain Juppé. Après une journée de trêve médiatique samedi, le feuilleton né il y a une semaine du vote des militants pour désigner un nouveau président à leur formation connaît de nouveaux rebondissements.
Le camp Fillon quitte la Commission des recoursCoup de théâtre à la Commission des recours, qui se réunissait depuis 9 h 30 au siège du parti : le directeur de campagne de François Fillon Eric Ciotti tourne le dos à cette instance.
"Après avoir posé plusieurs questions au président (Yanick) Paternotte, après avoir constaté l'absence d'Alain Juppé ou de ses représentants, après avoir constaté que les membres de la commission qui avaient préalablement soutenu un candidat pendant le processus électoral continuaient à siéger (...), nous avons décidé de nous retirer au niveau des représentants de François Fillon, Eric Berdoati et moi, et de suspendre et d'attendre la démarche de médiation qu'a engagée Alain Juppé[/i], a déclaré M. Ciotti en quittant le siège de l'UMP.
Nous disons aujourd'hui très clairement que la seule démarche que nous reconnaissons est celle conduite par Alain Juppé." Cette décision a été aussitôt qualifiée de
"désertion" par M
e Francis Szpiner, pro-Copé, confiant lui, dans l'issue des travaux de cette commission.
La Commission des recours, censée dire le droit en cas de contentieux électoral, est au cœur de la bagarre entre fillonistes et copéistes. Les partisans de l'ancien premier ministre jugent qu'elle est aux mains de leurs adversaires et ne veulent pas prendre ses décisions pour argent comptant, préférant s'en remettre à Alain Juppé pour arbitrer. Les amis de Jean-François Copé jouent au contraire le légalisme à fond : de leur point de vue cette commission est la seule valable au vu des statuts du parti et son jugement sera souverain.
Alain Juppé évoque un possible retrait
Alain Juppé arrive au siège d'Europe 1, dimanche matin 25 novembre.
Sur Europe 1, l'ancien maire de Bordeaux a estimé qu'il avait
"très peu de chances" de réussir sa médiation et a indiqué que si François Fillon et Jean-François Copé n'acceptent pas ses conditions, il se
"retirera" :
"ce n'est pas un drame, ils se débrouilleront", a-t-il insisté.
"S'ils n'acceptent pas, je n'ai aucun pouvoir pour imposer quoi que ce soit. Je me place dans l'espoir de réussir même si j'ai très peu de chance, a déclaré l'ancien premier ministre, invité du "Grand rendez-vous" Europe 1/Le Parisien/iTELE.
Je fais quand même confiance à ma force de conviction. C'est l'intérêt des deux protagonistes."La rencontre tripartite en fin de journée tiendra-t-elle ?
Jean-François Copé, François Fillon et Alain Juppé, lors d'un meeting à Bordeaux en mai 2012 avant l'élection présidentielle.
Une partie des conditions édictées par l'ancien premier ministre pour mettre en place un arbitrage – que la commission ne se réunisse pas dimanche matin et que ses membres ayant soutenu l'un ou l'autre candidat se déportent – sont déjà tombées à l'eau.
Si le scénario tient jusque là, à 19 heures, Alain Juppé réunira ensuite les deux belligérants. Pour le moment l'endroit est tenu secret.
"Ce pourrait être à l'Assemblée nationale, ou dans un lieu totalement neutre comme un grand hôtel", rapporte un responsable du parti. C'est seulement à ce moment-là que pourraient alors être approuvées les modalités de constitution d'une commission de médiation, qui, sous quinze jours, et avec l'aide de personnalités indépendantes, rendrait ses conclusions pour tenter de sortir de l'impasse.
Pour le moment toujours président du parti, Jean-François Copé semble déterminé à ne rien lâcher. Interrogé samedi, son entourage veut croire qu'Alain Juppé prendra en compte les travaux de la commission des recours, point final.
Nicolas Sarkozy "suit l'affaire de près"Derrière les deux prétendants pour 2017, l'ancien président Nicolas Sarkozy
"suit l'affaire de très près", selon un proche de l'ancien chef de l'Etat. Soucieux de se ménager la possibilité de revenir sur le devant de la scène, ce dernier
"n'acceptera jamais qu'Alain Juppé s'empare des rênes des l'UMP", selon le même. Un scénario de remise en selle du maire de Bordeaux qui en inquiète plus d'un dans le parti. Dimanche matin, sur Europe 1, Alain Juppé a estimé que Nicolas Sarkozy n'avait
"pas intérêt" à intervenir dans le dossier.
L'option d'un nouveau vote plébiscitée par l'opinion publiqueEn attendant, les dégâts dans l'opinion semblent importants: dans un sondage publié par le
Journal du dimanche, 71 % des Français et 67 % des sympathisants UMP estiment que ce serait
"une bonne chose" de refaire l'élection. Les deux adversaires perdent également pas mal de points dans leur rangs : la cote de popularité de François Fillon parmi les sympathisants UMP est passée de 90 % avant l'élection à 86 % après, les chiffres pour Jean-François Copé passant de 76 % avant l'élection à 55 % après.