WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > Politique
Borloo se pose en leader de l'«opposition sereine»
Mis à jour le 22/11/2012 à 20:51 | publié le 22/11/2012 à 20:08
Jean-Louis Borloo estime que l'UMP «ne représente pas une véritable alternance, une opposition capable de gouverner».
Le président du nouveau parti centriste espère récupérer les déçus de l'UMP.«DÉSOLÉ», Jean-Louis Borloo? Derrière ses larmes de crocodile pour ses anciens amis, le député du Nord doit quand même bien s'amuser. Pour le patron de la jeune Union des démocrates et indépendants (UDI), créée il y a moins de deux mois seulement, la guerre de positions que se livre l'UMP est du pain bénit. Quelle qu'en soit désormais l'issue, la guerre Copé-Fillon laissera des traces à droite. Et notamment au centre droit.
Certes, jeudi matin, sur France Info, l'ancien ministre d'État de Nicolas Sarkozy a assuré que «ce qui se passe à l'UMP (le)désole», même s'il avait toujours pensé que c'était «prévisible». En fait, au-delà de la querelle de chiffres que se livrent les partisans de Jean-François Copé et ceux de François Fillon pour savoir lequel des deux serait le chef, Jean-Louis Borloo observe que le congrès de l'UMP a surtout révélé une chose: «Ce parti unique, unitaire, qui est de plus en plus à droite, ne représente pas une véritable alternance, une opposition capable de gouverner.»
Ce qui, à l'écouter, ne serait pas le cas à l'UDI, son parti! «Chez nous, c'est assez simple: le président est élu à l'unanimité et pas de manière coréenne…» persifle-t-il. Ses anciens camarades apprécieront. Bref, s'il se «désole», Jean-Louis Borloo n'en reste pas moins convaincu que l'UDI est aujourd'hui «la force sereine d'alternative et d'opposition». Aussi, répète-t-il,«tous ceux qui cherchent une force sereine comme celle-là» seront les bienvenus à l'UDI.
L'ancien ministre de l'Outre-Mer Yves Jégo ne dit pas autre chose. Vice-président de l'UDI, le député maire de Montereau-Fault-Yonne, y est même allé d'un petit tweet sur son compte personnel jeudi matin: «Vous pouvez adhérer en un clic à l'UDI: parti-udi-fr»… Toujours sur Twitter, l'ancien ministre Maurice Leroy, député du Loir-et-Cher, assure encore que l'UDI a «enregistré lundi 19 novembre 1 268 adhésions en ligne sur le site» du parti. Depuis, «nous en enregistrons plus de 1 000 par jour!» ajoute-t-il.
Signe que la bataille de l'UMP profiterait notamment à l'UDI, une cadre centriste de la fédération de Paris confie encore avoir «senti une forte accélération des demandes d'adhésion dans la nuit de dimanche à lundi». Selon elle, les petites mains du parti centriste seraient même débordées pour enregistrer les nouvelles adhésions. Mardi, un mois après l'ancienne ministre Chantal Jouanno, le sénateur Pierre Méhaignerie avait également franchi le Rubicon en quittant l'UMP pour l'UDI…
Pierre Méhaignerie expliquait ainsi son départ alors que la victoire de Copé et de sa ligne «droite décomplexée» semblait acquise: «Je suis aujourd'hui convaincu qu'il faut résister aux tentations du populisme, de la démagogie, et agir dans le cadre d'une force politique capable de porter des valeurs de paix civile, de concorde sociale, de rigueur intellectuelle et morale.»
«Clarification de la ligne»Sans totalement renier son passage à l'UMP, Yves Jégo justifiait dernièrement son ralliement à l'UDI ainsi: «Il y a dix ans, on créait l'UMP. Nous croyions tous que le parti unique nous permettrait de gagner toutes les élections et d'être plus puissants, mieux organisés et moins divisés. On s'aperçoit que, dix ans après, on a perdu toutes les élections et que ni l'unité ni l'organisation ne sont au rendez-vous…»
Toujours au centre, mais cette fois au MoDem, François Bayrou a estimé jeudi que la crise traversée par l'UMP était un symptôme de «la décomposition de la vie politique en France», qui lui ferait penser à «la fin de la IVe République». «On est devant une explosion, et une explosion sur le fond», a-t-il déclaré sur France 2. Selon l'ancien candidat centriste à la présidentielle, la situation à l'UMP se résumerait assez simplement: «Il y a d'un côté une sensibilité qui dit: “La mission de l'opposition, c'est de s'opposer pour faire tomber le gouvernement.” Et une autre sensibilité qui dit: “Nous devons aussi porter le rassemblement pour aider à l'avenir du pays.”» En d'autres termes, au-delà de la désignation de son président, l'UMP serait devant l'exigence suivante: effectuer «une clarification de la ligne à suivre». Ce qui, selon Bayrou, n'a pas été fait…