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Le Hamas ne fête pas seulement la trêve
Mis à jour le 22/11/2012 à 11:44 | publié le 22/11/2012 à 11:17
Des soldats du Hamas s'embrassent après l'annonce du cessez-le-feu entre Gaza et Israël.
Avec la trêve annoncée cette nuit, le Mouvement de la résistance islamique peut se féliciter de s'être vu tacitement reconnu par la communauté internationale comme gouvernement de la bande de Gaza.Tout le monde a gagné la guerre de Gaza. Quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu mercredi soir, les habitants terrés chez eux depuis une semaine de bombardement sont sortis dans les rues et se sont mis à fêter la trêve comme s'ils avaient gagné la Coupe du monde de football.
Sur l'avenue Omar el-Mokhtar, au centre de Gaza, un énorme cortège de voitures s'est formé, avec une nuée de drapeaux palestiniens, du Hamas ou du Djihad islamique. À la place des bombes a retenti un tintamarre de coups de klaxon, de kalachnikov et de chants patriotiques diffusés par toutes les radios. Des militants du Hamas, apparemment soulagés de pouvoir sortir de leurs cachettes souterraines, se mêlent à la foule en liesse. «C'est une victoire pour le Hamas et pour Gaza!» disent les gens.
L'atmosphère est complètement différente de celle qui avait suivi l'opération «Plomb durci» de 2009, où les habitants de Gaza avaient émergé, hagards et choqués par près de trois semaines de bombardements intenses et d'invasion terrestre israélienne.
Les destructions de l'opération «Pilier de défense» sont importantes, mais nettement moins que celles de «Plomb durci». Le bilan des pertes palestiniennes est aussi dix fois moindre, avec 160 morts. Mais surtout, le Hamas a, cette fois, obtenu quelque chose de sa campagne balistique contre Israël: sa reconnaissance internationale tacite comme gouvernement de la bande de Gaza.
Le rêve israélien de voir Gaza rattaché à l'ÉgypteL'accord de trêve se résume en un échange entre la fin des tirs de roquettes et celle des assassinats ciblés par Israël. Sont aussi prévus un assouplissement du blocus et l'accès facilité aux «zones tampons», ces vastes terrains interdits le long de la clôture israélienne qui entoure Gaza, mais ce sont des mesures secondaires.
D'un point de vue symbolique, le plus important dans le bizarre langage des représailles et contre-représailles dans lequel Israéliens et Palestiniens dialoguent, c'est que le Hamas sort aussi gagnant. Il a perdu une partie de son arsenal de roquettes, mais il a vengé son chef assassiné et atteint pour la première fois Tel-Aviv et Jérusalem. Il a aussi restauré son image de «mouvement de la résistance», sérieusement écornée ces dernières années.
Pour Israël, la victoire est moins évidente, mais pourtant réelle. En s'arrêtant avant une offensive terrestre et en veillant à minimiser le nombre de victimes civiles, Israël ne s'est pas mis à dos toute la communauté internationale avec une bavure sanglante comme cela arrivait régulièrement dans le passé. Mais surtout, les Israéliens obtiennent pour la première fois des garanties de l'Égypte que le Hamas cessera ses tirs de roquettes. Le rêve israélien de voir Gaza et ses habitants un jour rattaché à l'Égypte commence à se réaliser avec cette trêve, obtenue grâce aux efforts du Caire et garantie par lui.
L'Égypte du président Morsi, qui traversait sa première crise régionale majeure, émerge aussi en vainqueur, ayant restauré le rôle central du pays dans la région, cajolé par les Américains et respecté par ses pairs arabes.
Les seuls perdants sont finalement Mahmoud Abbas et l'Autorité palestinienne, que tout le monde a complètement oubliés et qui ne représentent plus qu'un pouvoir discrédité. Et sans doute aussi les 166 morts, israéliens et palestiniens, de cette semaine de conflit.