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L'ultimatum d'Israël aux chefs du Hamas
Mis à jour le 19/11/2012 à 23:56 | publié le 19/11/2012 à 21:14
Une Palestinienne blessée lors d'un raid de l'armée israëlienne.
Benyamin Nétanyahou menace d'engager l'offensive terrestre ce mardi si le déluge de roquettes se poursuit.Le compte à rebours pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est déclenché. Selon la radio militaire israélienne, Benyamin Nétanyahou aurait fixé un ultimatum pour mardi soir. Si les roquettes palestiniennes continuent de pleuvoir, l'armée israélienne mettra ses menaces d'invasion terrestre de la bande de Gaza à exécution. Youval Steinitz, le ministre des Finances, l'a confirmé à demi-mot en affirmant qu'il s'agit d'une «description juste de la situation» .
Selon ce proche du premier ministre, Israël pose deux conditions «essentielles» à la cessation des attaques aériennes dans la bande de Gaza: le gel du trafic d'armes destinées aux islamistes palestiniens qui passe par les tunnels reliant le sud de la bande de Gaza à l'Égypte et l'arrêt total des tirs de roquettes vers le sud d'Israël, qui ont continué lundi pour la sixième journée consécutive. Un arrêt qualifié de «nécessité» par Barack Obama, lundi soir, dans une conversation téléphonique avec son homologue égyptien Mohamed Morsi, qui cherche un compromis entre les deux parties, susceptible d'être entériné mercredi par Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU arrivé dans la région pour calmer le jeu.
De son côté, le Hamas exigerait un arrêt des attaques aériennes qui ont encore fait 14 morts au moins lundi ainsi que la cessation des liquidations ciblées. La levée du blocus maritime et terrestre imposé par Israël autour de la bande de Gaza est aussi un préalable - ce qui permettrait à cette région d'être à nouveau reliée à la Cisjordanie. Israël a jusqu'à présent rejeté cette dernière demande «pour des raisons de sécurité».
Mais la position de l'État hébreu pourrait évoluer. Selon les médias israéliens, une proposition égyptienne de trêve avec le Hamas était étudiée, lundi soir, par le cabinet de sécurité de Benyamin Nétanyahou. Israël souhaiterait qu'une trêve de 24 à 48 heures soit observée afin que les parties puissent élaborer les termes d'un cessez-le-feu. Israël pourrait envisager, dans ce cadre, d'alléger son blocus de la bande de Gaza.
En attendant, les ministres israéliens continuent à mener une double bataille médiatique. Sur le front extérieur, Benyamin Nétanyahou pose la même question à tous ses interlocuteurs: «Que feriez-vous si votre pays, y compris votre capitale, était attaqué par des roquettes ou des missiles?» À l'intérieur, les membres du gouvernement ne cessent de répéter que l'aviation israélienne a asséné des «coups très durs» aux dirigeants du Hamas en éliminant des responsables de la branche militaire. Le pilonnage aérien aurait également réduit «considérablement» les capacités militaires du Hamas. L'essentiel est de donner l'impression d'être sorti vainqueur de l'épreuve de force et d'avoir mis le Hamas «à genoux» avant qu'une accalmie intervienne.
Opération diviséeJusqu'à présent, ce message est bien passé. Selon un sondage publié lundi, 84 % des Israéliens soutiennent l'opération «Pilier de défense». Mais, détail important, la population garde la tête froide pour la suite des événements. Moins d'un tiers des Israéliens soutiennent une opération terrestre, 39% souhaitent que les opérations se limitent à des attaques aériennes, 19% jugent qu'il faut parvenir le plus vite possible à un cessez-le-feu.
Autrement dit, Benyamin Nétanyahou ne dispose pas d'un chèque en blanc. Un élément dont il va devoir tenir compte à deux mois des élections. Jusqu'à présent, Benyamin Nétanyahou et Ehoud Barak, le ministre de la Défense, profitent à plein d'un large consensus national et des «succès» remportés sur le Hamas. Leur cote de popularité a bondi. Si les législatives avaient lieu aujourd'hui, la majorité de droite actuelle l'emporterait facilement face à une opposition centriste profondément divisée par des querelles de personnes. Mais cet «état de grâce» est à la merci d'une opération militaire qui viendrait à mal tourner.