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Afghanistan : les Français font leurs adieux
Mis à jour le 19/11/2012 à 23:16 | publié le 19/11/2012 à 18:37
Le général Hautecloque-Raysz
(au centre), le 30 septembre dernier dans le district de Tagab, peu avant la passation du contrôle de la base avancée aux forces afghanes.
La dernière réunion franco-afghane sur la sécurité dans la province de la Kapissa s'est tenue dimanche.Poignées de main et accolades à Mahmoud-e-Raqi. Dimanche, le général Hautecloque-Raysz retrouvait pour la dernière fois le gouverneur de la Kapissa dans ses bureaux. La réunion était le dernier briefing du commandant de la brigade française La Fayette sur la situation sécuritaire de la province avant le départ de ses troupes.
Conformément aux échéances posées par l'Élysée, les forces combattantes françaises se retireront très prochainement du théâtre afghan, à commencer par les 400 soldats toujours présents dans la Kapissa. Pour le gouverneur Mehrabuddin Safi, leur départ imminent est l'aboutissement de quatre ans de travail réussi «pour apporter la paix et la sécurité dans la province, ainsi que mener à bien des travaux de développement».
Si une grande partie de la Kapissa est désormais stable et sous contrôle des autorités locales, les zones d'affrontement sont les mêmes que depuis l'arrivée des Français dans la région. Le ­district de Tagab et la vallée d'Alasaï restent des repères pour les insurgés qui y voient un point de chute à moins de 60 kilomètres de la capitale.
Les talibans vont hibernerÀ en croire le responsable du poste de combat de Mahmoud-e-Raqi, la mission des Français serait pourtant «accomplie», et il n'hésite pas à citer des exemples. «Il y a trois ans, on ne pouvait pas aller de Mahmoud-e-Raqi à Tagab sans escorte, alors qu'aujourd'hui le gouverneur y va par la route», explique le lieutenant-colonel Yann. «À l'époque, les forces afghanes étaient composées de 600 militaires mal organisés, alors qu'ils sont désormais près de 3000 hommes entraînés.» Les résultats doivent être remis dans leur contexte, renchérit-il, «nous ne disons pas que la situation est parfaite, mais plutôt qu'ils sont capables de gérer de manière autonome leurs problèmes».
Le 30 septembre dernier, les soldats français rendaient le contrôle de Tagab et d'Alasaï aux forces afghanes ainsi qu'à 250 soldats d'infanterie américains. Ceux-ci continueront à fournir des appuis aériens et en artillerie lourde à l'armée afghane jusqu'à leur propre retrait en 2014. Puis les forces afghanes seront confrontées seules à une insurrection dont les armées les plus modernes n'ont pas réussi à venir à bout en dix ans de guerre.
Un défi auquel celles-ci peuvent répondre, selon le chef du centre de coordination des opérations de Kapissa (OCCP). «La victoire appartient à ceux qui sont prêts à faire des sacrifices», rappelle le brigadier général Mihrdil Kohisar. «Nous avons bien réussi à chasser les Soviétiques sans armement sophistiqué.»
Si les chefs militaires se disent confiants, la population serait au contraire inquiète pour l'avenir, selon un sondage publié ce mois-ci par la Asia Foundation. 49 % des résidents interrogés par le think-tank en Kapissa trouveraient que la situation du pays se détériore, ce qui en fait la deuxième province la plus pessimiste du pays.
Il faudra certainement attendre le printemps prochain pour mesurer véritablement les compétences des forces afghanes à assurer la sécurité. En période hivernale, les insurgés quittent habituellement les vallées, zones de combat, pour rejoindre leurs villages. Selon un représentant des services d'intelligence afghans (NDS) présent à la réunion, le nombre des insurgés opérant en Kapissa passerait de 500 à 250 en hiver.
Au centre de commandement de l'OCCP, le lieutenant-colonel Ghawsudin a bien noté une réduction du nombre d'attaques. «Il fait froid, et ils ne peuvent plus se cacher dans le feuillage. Tous les ans, leur activité se réduit à cette période. On ne verra donc qu'au printemps comment ils réagissent au retrait des Français, si leurs attaques augmentent ou, au contraire, sont réduites.»