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Royaume-Uni : l'islamiste Abou Qatada sera libéré mardi
Publié le 12.11.2012 à 13h51 • Mis à jour le 12.11.2012 à 20h06
Abou Qatada arrive devant la SIAC, en avril.
L'islamiste Abou Qatada a remporté lundi 12 novembre à Londres un nouvel appel contre son extradition vers la Jordanie, qui le réclame pour la préparation présumée d'attentats, et a obtenu sa remise en liberté mardi sous conditions, dernier rebondissement d'un long marathon judiciaire.La justice britannique a donné raison au Jordanien de 51 ans, présenté un temps comme le chef spirituel d'Al-Qaida en Europe, en acceptant son appel. Des témoignages obtenus sous la torture pourraient être utilisés lors de son procès en Jordanie, empêchant un jugement équitable, a justifié la Commission spéciale des recours concernant l'immigration, une instance britannique chargée des dossiers sensibles liés à la sécurité nationale.
Quelques heures après avoir accepté son appel lundi, la justice britannique a aussi ordonné sa libération conditionnelle, dès mardi. Ces décisions représentent un énorme revers pour le gouvernement britannique, qui s'efforce d'extrader Abou Qatada depuis une décennie.
Londres a immédiatement fait part de son
"complet désaccord" avec l'acceptation de l'appel d'Abou Qatada et annoncé son intention d'obtenir
"le droit de faire appel".
"Le gouvernement jordanien a donné de nombreuses assurances au gouvernement britannique sur la bonne tenue du procès de Qatada" en Jordanie, a rappelé la ministre de l'intérieur britannique, Theresa May. La Jordanie souhaite le rejuger dans deux affaires liées à la préparation présumée d'attentats dans ce pays, qui lui ont valu d'être condamné par contumace à la prison à perpétuité assortie de travaux forcés en 1998, et à 15 ans de prison en 2000.
UNE DÉCENNIE DE PROCÉDUREAbou Qatada, qui a passé l'essentiel de ces dix dernières années en prison au Royaume-Uni où il n'a jamais été condamné, doit quitter mardi la prison de haute sécurité de Long Martin (centre de l'Angleterre), mais il sera soumis à des conditions très strictes. Il ne sera autorisé à quitter son domicile qu'entre 8 heures et 16 heures, il devra porter un bracelet électronique et sera interdit d'accès à l'Internet et de contacter certaines personnes. Ses avocats ont dénoncé ces derniers mois
"la plus longue période de détention administrative à (leur) connaissance dans l'histoire britannique moderne".
En demandant la libération de son client, Edward Fitzgerald avait déclaré :
"C'en est assez. Cela dure depuis de nombreuses années maintenant." "Il n'y a pas de perspective d'expulsion dans un temps raisonnable, en fait à ce jour, il n'y a pas de perspective d'expulsion." Le Royaume-Uni tente depuis dix ans de renvoyer Abou Qatada dans son pays, mais son extradition, de recours en appels, s'est transformée en un véritable marathon judiciaire.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait dans un premier temps bloqué son extradition, faisant déjà valoir que des preuves obtenues sous la torture pourraient être retenues contre lui lors de son procès en Jordanie. Mais le gouvernement jordanien a assuré qu'il aurait droit à un nouveau procès équitable s'il était extradé. Et la CEDH a finalement donné en mai son feu vert à l'extradition.