WEB - GOOGLE - ACTUALITÉ > International
Près de 8000 Syriens ont fui dans la nuit en Turquie
Mis à jour le 09/11/2012 à 18:40 | publié le 09/11/2012 à 17:01
Plus de 120.000 Syriens se sont réfugiés en Turquie, après plus de vingt mois de guerre civile.
INFOGRAPHIE - Depuis mercredi soir, des combats opposent l'armée d'el-Assad aux rebelles pour le contrôle du poste frontière de Ras al-Ain.Quelque 8000 Syriens ont franchi la frontière turque dans la nuit de jeudi à vendredi, portant à plus de 120.000 le nombre total des réfugiés syriens en Turquie, après plus de vingt mois de guerre civile.
Ils fuient les combats qui opposent l'armée de Bachar el-Assad aux rebelles pour le contrôle du poste frontière de Ras al-Ain. Un enjeu crucial pour Damas: Ras al-Ain est, en effet, l'un des deux derniers points de passage encore aux mains des forces de sécurité syrienne, avec celui de Kesep au nord-ouest de la Syrie.
Les insurgés, qui se sont emparés de quatre autres postes postes frontières depuis juillet, veulent pousser leur avantage dans cette région. Grâce à l'appui d'Ankara qui leur offre une base arrière, les rebelles espèrent transformer le nord de la Syrie en une zone libérée. D'autant que la Turquie discute actuellement avec les États-Unis d'un déploiement de missiles Patriot le long de cette région frontalière. Ces pourparlers ont pour objectif d'établir une zone d'interdiction de survol de 60 km de profondeur en territoire syrien, offrant ainsi aux rebelles une protection face aux bombardements aériens du régime syrien. Selon la presse turque, Washington et Ankara y seraient favorables, à condition que les soldats américains et turcs n'interviennent pas directement en Syrie. Mais Bachar el-Assad, qui, dans une intervention à la télévision russe Russia Today, a martelé qu'il veut «vivre et mourir en Syrie», n'entend pas voir son territoire ainsi amputé.
Plusieurs dizaines d'officiers de l'armée syrienne font défectionDepuis mercredi soir, son armée se bat pour repousser les insurgés de Ras al-Ain vers la Turquie, où 5000 réfugiés ont déjà été conduits dans un camp de la ville d'Akçakale. Jeudi, les affrontements ont fait 26 morts, près de Ras al-Ain, 10 insurgés et 16 soldats, ainsi que de nombreux blessés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, basé à Londres. Les combats ont débordé en Turquie. Six civils résidant dans la ville voisine de Ceylapinar ont été blessés par des balles perdues, selon le ministère turc des Affaires étrangères. Ankara a pressé la population de s'éloigner de la zone frontalière et fermé les écoles pendant deux jours.
«Le régime syrien utilise ces milliers de réfugiés comme une menace à l'égard de la Turquie, mais aussi de la Jordanie, qui craignent un afflux non maîtrisé de Syriens chez eux», décrypte Fabrice Balanche, universitaire et spécialiste de la Syrie. La logique de Damas vise, selon lui, à «éliminer les insurgés, à moins qu'ils ne fuient à l'étranger, et les frontières sont ouvertes dans le sens des départs pour éviter que les combats ne se prolongent trop».
Ces dernières heures, plusieurs dizaines d'officiers de l'armée syrienne, dont deux généraux et onze colonels, ont également fait défection pour rejoindre la rébellion. Avec leurs familles, ils ont été conduits dans le camp turc d'Apaydin, dans la province de Hatay.